FRASSE DE PLAINVAL, LOUIS (connu aussi sous le nom de Louis Nathal), soldat, chef de police, chanteur, acteur et impresario, né en 1841 ou 1842 dans les Ardennes, en France, décédé le 2 janvier 1890 à New York.
On ne connaît rien de précis sur la famille, les études et les débuts de Louis Frasse de Plainval, mais il semble avoir été de bonne famille et avoir reçu une certaine formation militaire avant son arrivée au Canada. Le titre de « vicomte » paraît lui avoir été attribué après sa mort.
Notre connaissance de la carrière canadienne de Plainval commence le 27 mai 1870, lors de son enrôlement, à titre de sergent, dans la compagnie de Jacques-O. La Branche, du 2e bataillon des Québec Rifles, recrutée pour participer à une expédition militaire à la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) sous les ordres du colonel Gamet Joseph Wolseley* ; de juillet à décembre 1870, Plainval servit comme sergent-fourrier de cette unité. Arrivé au Manitoba en août 1870, il se tailla rapidement une réputation dans les concerts et les pièces de théâtre aussi bien que dans le domaine proprement militaire. Plainval était marié à l’époque de son enrôlement, et sa femme, May Susee Van Nostrand, qui le rejoignit à Upper Fort Garry (Winnipeg) en février 1871, ouvrit peu après une maison de pension à Saint-Boniface. Officiellement licencié des rangs de la milice le 1er mai 1871, il reçut une concession de terre dans la nouvelle province.
Avant son licenciement, Plainval avait pris part à la création de la troupe provinciale de police du Manitoba et, en juin 1871, il en fut nommé chef adjoint. Le 5 août 1872, il était promu à la tête de la police après que le premier chef, le capitaine Frank Villiers, eut été démis pour « de grandes irrégularités expliquées de façon insatisfaisante ». Le service le plus marquant que Plainval rendit, en sa qualité de chef, fut de diriger la tentative de répression des émeutes lors des élections fédérales de septembre 1872, émeutes au cours desquelles on détruisit les registres du scrutin et on saccagea les bureaux et les presses tant du Weekly Manitoban (Winnipeg) que du Métis (Saint-Boniface). Le chef du soulèvement, Francis Evans Cornish*, qui deviendra par la suite le premier maire de Winnipeg, traita Plainval, au plus fort de la violence, de « communiste rampant qui devrait être banni ». Ces prétendues sympathies communistes paraissent invraisemblables à la lumière de rapports voulant que l’un des frères de Plainval eût perdu la vie, en avril 1871, en combattant des insurgés communistes à Versailles.
En mars 1873, le gouvernement du Manitoba, par mesure d’économie, réduisit de 15 à 7 hommes les effectifs de la police provinciale, et Plainval, dans un geste de protestation, démissionna le 1er avril. On dit qu’avant sa démission il avait soumis à sir John Alexander Macdonald* le projet d’un corps de police à cheval qui eût desservi les territoires du Nord-Ouest, prototype en quelque sorte de ce qui deviendrait la Police à cheval du Nord-Ouest.
Immédiatement après sa démission, avec une hâte mystérieuse, Plainval quitta le Manitoba. Il loua deux chevaux et un traîneau, prétendument pour se rendre à Pointe-de-Chêne (Sainte-Anne-des-Chênes, Manitoba), mais se dirigea plutôt en droite ligne vers la frontière des États-Unis. La rumeur voulut que des difficultés financières et la crainte de tomber sous le coup d’un mandat d’arrêt aient causé son départ pour aller retrouver sa femme à St Paul, Minnesota.
Les faits et gestes et les déplacements de Plainval pendant les sept années qui suivirent restent inconnus, mais il semble qu’il ait entrepris une carrière théâtrale aux États-Unis. Sous le nom de Louis Nathal, il fit un bref mais triomphal retour au Manitoba en 1880. Du 4 au 23 octobre, la Nathal Comic Opera Company donna des représentations au City Hall Theatre de Winnipeg, au cours desquelles Nathal et sa principale partenaire, Louise Lester, tinrent les premiers rôles dans The chimres of Normandy et dans Giroflé-Girofla, dans un opéra de von Suppé, Fatimitza, dans un programme double de Gilbert et Sullivan, Cox and Box et H.M.S. Pinafore, et dans la Grande-Duchesse de Gérolstein, d’Offenbach. La compagnie reçut un accueil chaleureux. Le lieutenant-gouverneur Joseph-Édouard Cauchon assista à quelques représentations, et les bénéfices provenant de quelques autres revinrent à Nathal et à Mlle Lester. Le 18 octobre, Andrew Graham Ballenden Bannatyne lut une adresse élogieuse après le dernier rappel et remit à Plainval une belle montre en or. Le 22 octobre, on présenta à Mlle Lester une magnifique paire de mocassins remplis de pièces d’or, présent qui, « de toute évidence, fut agréé tout autant de l’auditoire que de la récipiendaire ».
On ne croit pas qu’après ce triomphe Plainval soit revenu au Canada. Il vécut surtout à New York, consacrant ses talents à l’adaptation de pièces françaises à la scène américaine – ses plus grands succès ayant été Monbars, The suspect et A prisoner for life. Il mourut à l’hôpital français de New York au début de janvier 1890, de la grippe alors à l’état épidémique.
APC, RG 9, II, B4, 16 : f.20.— PAM, RG 2, A1, 11 mars, 5 août 1872.— Manitoba Daily Free Press, 6–25 oct. 1880.— Manitoba Gazette (Winnipeg), 2 avril 1873.— Le Métis (Saint-Boniface, Manitoba), 15 juin 1871.— New York Times, 4 janv. 1890.— Weekly Manitoban (Winnipeg), 11 févr., 17 juin 1871, 21 sept. 1872.— Alexander Begg, History of the North-West (3 vol., Toronto, 1894–1895), II : 161.— Frances Ebbs-Canavan, « He planned the R. N. W. M. P. », Maclean’s (Toronto), 47 (1934), no 6 : 50s.
John A. Bovey, « FRASSE DE PLAINVAL, LOUIS (Louis Nathal) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/frasse_de_plainval_louis_11F.html.
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Auteur de l'article: | John A. Bovey |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
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