FRASER, JAMES DANIEL BAIN, pharmacien, homme de science et entrepreneur, né à Pictou, Nouvelle-Écosse, le 11 février 1807, fils de Daniel Fraser, marchand, et de Catherine McKay ; il épousa, le 20 décembre 1831, Christiana MacKay, qui donna naissance à sept enfants au moins ; décédé à Pictou le 4 mai 1869 « d’une maladie de foie chronique ».
La mère de James Daniel Bain Fraser était la fille du forgeron Roderick McKay, l’un des derniers survivants du groupe d’immigrants écossais qui arrivèrent à Pictou sur le navire Hector en 1773. Il est probable que Fraser ait reçu une partie de sa première éducation à la Pictou Academy, sous la direction de Thomas McCulloch*. Apparemment, sa famille déménagea à Halifax avant 1812, retourna à Pictou en 1818 ; elle partit pour Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, vers 1820, et se retrouva de nouveau à Pictou en 1824. C’est à cet endroit que Fraser ouvrit une pharmacie, en juin de la même année. Deux de ses frères, Robert Grant et Thomas Roderick, exerçèrent la même profession ; un troisième, John, fut plongeur professionnel en Europe.
Fraser ne tarda pas à s’occuper de différents intérêts commerciaux. Il fut agent local de l’Eastern Stage Coach Company qui inaugura, le 18 juin 1828, un service de transport entre Halifax et Pictou qui allait durer 13 ans. En dépit de contrats et de subsides gouvernementaux, la compagnie ne connut qu’un succès relatif. En 1840, il ouvrit une carrière de pierre à West River, Nouvelle-Écosse, d’où l’on acheminait des meules de moulin vers Boston. De plus, il loua un attirail de plongée en vue de récupérer les canons du hms Malabar qui s’était échoué au large de l’Île-du-Prince-Édouard en 1838. Il se plaignit amèrement par la suite de la maigre rétribution qu’il reçut des autorités de la marine. Il avait fait œuvre de pionnier dans la récupération sous-marine sur la côte des Maritimes. Tout au long de cette période, il continua de développer son commerce pharmaceutique, desservant l’est de la Nouvelle-Écosse et des endroits aussi éloignés crue Halifax et Charlottetown, Île-du-Prince-Edouard. En 1841, il possédait trois établissements à Pictou.
Fraser restait à l’avant-garde du progrès dans son domaine ; il avait pris connaissance de notes concernant l’utilisation du chloroforme lors d’un accouchement effectué en Angleterre par sir James Young Simpson. Le 9 février 1848, à l’hospice pour indigents de Halifax, le docteur William Johnson Almon* amputa le pouce d’un patient à qui l’on avait administré du chloroforme. Un nombre considérable de médecins, parmi lesquels se trouvait Daniel McNeill Parker*, assistèrent à l’opération. À la mi-mars, Almon utilisa à nouveau du chloroforme pour l’amputation d’une jambe au-dessus du genou. Selon la Royal Gazette : « Le chloroforme utilisé à cette occasion (dont l’efficacité dépend du degré de pureté) avait été fabriqué par monsieur J. D. B. Fraser, chimiste, de Pictou. »
Probablement stimulé par ces deux réussites dans l’utilisation du chloroforme, Fraser s’en servit pour sa femme lorsqu’elle donna naissance à leur septième enfant, Robert Peden Fraser, né le 22 mars 1848 ; il devenait ainsi le premier pharmacien du pays à manufacturer et à utiliser le chloroforme lors d’un accouchement. Des critiques furent immédiatement soulevées par ses confrères presbytériens qui n’acceptaient pas encore, à cette époque, l’utilisation de calmants durant un accouchement. On a insinué que l’initiative de Fraser aurait été blâmée par le consistoire de l’église Prince Street (Pictou), mais on n’en possède aucune preuve. Cependant, il est probable qu’il quitta cette église, car ni la naissance de son septième enfant ni son propre décès ne figurent dans les registres paroissiaux.
Fraser occupa plusieurs postes dans les affaires municipales : commissaire de la voirie (1837–1841), membre du Bureau de santé (1845–1848) et garde-feu (1852–1862). Le 31 décembre 1841, il fut nommé juge de paix du comté de Pictou. En 1845, lors d’une élection partielle, on le persuada de se porter candidat libéral contre le tory Martin Isaac Wilkins*, futur procureur général de la Nouvelle-Écosse. L’élection se déroula dans la plus grande agitation. Même une clôture de dix pieds de haut, érigée le long de la rue principale de Pictou, ne réussit pas à séparer les partisans, et une émeute s’ensuivit. L’élection fut annulée, mais Fraser ne se porta pas candidat à la seconde élection partielle. Lors des élections provinciales de 1863, il se présenta sans succès sous la bannière du parti libéral dans Pictou-Ouest. Dans la controverse qui entoura le projet de confédération, il appuya son vieil ami Joseph Howe*.
Fraser avait des intérêts diversifiés. Il devint, en 1834, l’un des premiers membres de la Pictou Literary and Scientific Society, devant laquelle il présenta un grand nombre des plus récentes découvertes scientifiques ; il adhéra également à l’Agricultural Society, fondée en 1837. Il devint en outre membre fondateur de l’Oriental Division, Sons of Temperance, en 1841, et s’éleva au rang de grand patriarche émérite de cette puissante organisation, en 1861.
Durant les années 1850, Fraser commença à s’intéresser aux mines de charbon du comté de Pictou. En 1859, il fit la découverte du gisement de charbon Stellar. Celui-ci contenait un charbon argileux de haute teneur dont on extrayait de l’huile de charbon de première qualité ; cependant, en 1864, l’entreprise dut être abandonnée à la suite du forage du premier puits d’huile aux États-Unis. De concert avec sir Hugh Allan* et un syndicat d’affaires de New York, Fraser mit sur pied, durant cette même année, l’Acadia Coal Company, en vue d’exploiter le gisement MacGregor (ainsi nommé en l’honneur de James Drummond MacGregor*). En plus de ces entreprises minières, il fut un des administrateurs (1857–1861) et le président (1862–1869) de la Pictou Gas Light Company. Il fit partie du conseil d’administration (1865–1868) de la Pictou Home Marine Association.
Durant les dernières années de sa vie, Fraser semble avoir ralenti le rythme trépidant de ses années de jeunesse. Son entourage le considérait comme « un intrépide Écossais, honnête, intègre, avec un grand sens civique ». Il mourut à la suite d’une longue maladie, laissant des biens évalués à $14 000. Le Colonial Standard de Pictou fit ainsi son éloge : « Sa bonté et sa générosité envers les pauvres et les déshérités étaient proverbiales, et ses efforts pour la cause de la tempérance le plaçaient au premier rang des partisans de cette réforme sociale. »
Dalhousie University Library (Halifax), Pictou Literary and Scientific Society, minutes, 1834–1855.— PANS, MG 1, 319–327 (Fraser family papers) ; Vertical
Allan C. Dunlop, « FRASER, JAMES DANIEL BAIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fraser_james_daniel_bain_9F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
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