FOX, RIVKA (Rebecca) (Landsberg), bénévole de la communauté juive et philanthrope, née le 21 décembre 1863 à Bobrouisk (Babrouisk, Biélorussie), fille de Leib Wolf Fox et d’une dénommée Rosenberg ; vers 1880, elle épousa en Russie Abraham Landsberg, et ils eurent six filles et trois fils ; décédée le 20 février 1917 à Toronto.

Rivka Fox Landsberg est le type même de la maîtresse de maison juive qui, par son travail bénévole, rendit de grands services dans le milieu urbain où elle vivait. Après avoir quitté la Russie, elle-même et sa famille passèrent quelque temps en Angleterre, où deux des enfants naquirent au début des années 1890. Les Landsberg arrivèrent à Toronto en 1893 ou en 1894. Abraham trouva du travail comme tailleur. Bientôt, voyant qu’il n’y avait aucune œuvre de charité pour les Juifs originaires d’Europe de l’Est, dont un bon nombre s’installaient dans le quartier St John, Rivka s’employa à améliorer les conditions de vie de cette communauté en formation. En 1899, elle participa à la fondation de la Toronto Hebrew Ladies’ Aid Society, premier organisme de bienfaisance destiné aux Juifs est-européens. Elle fut également inspectrice principale du comité d’enquête formé par la société après 1903 en vue d’identifier les familles nécessiteuses.

À la société féminine d’aide aux Juifs anglais de Toronto [V. Solomon Jacobs] et dans les organismes du même genre qui n’œuvraient pas auprès de la communauté juive, les enquêteurs et enquêteuses avaient pour règle de venir en aide uniquement aux « pauvres méritants ». Mme Landsberg appliquait plutôt des principes talmudiques sans doute acquis en Russie. Ces principes dictaient de ne poser aucune question et d’assurer, aux familles tombées dans la gêne, le niveau de vie qu’elles avaient auparavant. Mme Landsberg estimait donc que sa tâche était de veiller à ce que les pauvres demandent ce dont ils avaient vraiment besoin, et elle faisait en sorte que nourriture et combustible soient livrés sous le couvert de l’anonymat. En outre, elle signalait à la société les femmes « en couches » qui pouvaient avoir besoin de bénévoles pour les aider à prendre soin de leurs enfants, à tenir leur maison ou à faire leurs courses, rendait des visites hebdomadaires aux bénéficiaires et participait aux collectes de fonds que la société faisait de porte en porte. Comme son mari avait assez bien réussi dans la confection de manteaux et qu’elle-même avait fait de judicieux investissements immobiliers dans le quartier, elle était en mesure d’ajouter des donations personnelles à ces fonds. De plus, elle dirigea la campagne à l’issue de laquelle fut acheté le premier corbillard utilisé exclusivement par la société juive d’inhumation de Toronto (Chesed Shel Emes).

Mme Landsberg participa en 1909 à la fondation de la Jewish Day Nursery, annexe de la garderie ouverte la même année par la Hebrew Ladies’ Aid Society pour éviter que les enfants de mères au travail soient placés dans des établissements chrétiens. Par la suite, la pouponnière fut installée dans une maison où étaient regroupés des organismes juifs de bienfaisance. Toujours en 1909, Mme Landsberg contribua à l’ouverture d’un orphelinat dans la rue Simcoe, le Jewish Children’s Home. Elle s’y rendait chaque jour et jouait avec les jeunes enfants ; elle en serait la vice-présidente jusqu’à la fin de sa vie.

Rivka Fox Landsberg n’était pas bien connue hors de son milieu. En 1917, lorsqu’elle mourut subitement d’une tumeur cérébrale, à l’âge de 53 ans, la presse de langue anglaise, occupée par les nouvelles de la guerre, en parla peu. Le Yiddisher Zhurnal/Daily Hebrew Journal de Toronto, par contre, annonça son décès à la une. L’élite de la communauté juive et nombre de gens ordinaires assistèrent à ses obsèques. Après avoir traversé le quartier juif, le cortège s’arrêta à la synagogue McCaul Street (Beth Hamidrash Hagodol Chevra Tehillim). On plaça la dépouille dans le sanctuaire, honneur réservé dans la pratique orthodoxe aux grands érudits et aux personnes d’une droiture exceptionnelle. Le rabbin Jacob Gordon rendit un vibrant hommage à la défunte. Sa disparition, dit-il, était une perte pour toute la communauté. Mère exemplaire, elle avait élevé un orphelin en plus de ses propres enfants ; femme aimée de tous, elle avait aidé riches et pauvres. Elle fut inhumée au cimetière juif dans ce qui est maintenant l’avenue St Clair Est.

Stephen A. Speisman

À partir d’un texte polycopié en sa possession, Michele Landsberg, petite-fille du sujet domiciliée à Toronto, a gracieusement transcrit pour nous un hommage à Rivka Fox Landsberg, « I remember Mama », écrit par la fille de cette dernière en 1972.

AN, RG 31, C1, 1901, Toronto, Ward 3, div.14 : 7 (mfm aux AO).— AO, RG 22-305, n33758 ; RG 80-3-2-73, n901833 ; RG 80-8-0-613, n2082.— Arch. privées, S. A. Speisman (Thornhill, Ontario), entrevue avec Ida Lewis Siegel, 20 janv. 1972.— Canadian Jewish Times (Montréal), 1er août, 19 déc. 1913.— Globe, 23 févr. 1917.— Yiddisher Zhurnal/Daily Hebrew Journal (Toronto), 21 févr. 1917.— The Jew in Canada : a complete record of Canadian Jewry from the days of the French régime to the present time, A. D. Hart, édit. (Toronto et Montréal, 1926).— S. A. Speisman, The Jews of Toronto : a history to 1937 (Toronto, 1979).

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Stephen A. Speisman, « FOX, RIVKA (Rebecca) (Landsberg) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fox_rivka_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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