FORGUES, MICHEL, prêtre catholique et professeur, né à Saint-Michel, Bas-Canada, le 13 février 1811, fils de Michel Forgues et de Marie-Anne Denis, décédé à Saint-Laurent, île d’Orléans, Québec, le 28 novembre 1882.
Entré comme pensionnaire au petit séminaire de Québec en 1826, Michel Forgues termine son cours classique en 1834, après avoir mérité les notes les plus élogieuses. En tant que séminariste puis prêtre, il enseigne dans les classes de lettres, de 1834 à 1840. Ordonné prêtre le 23 septembre 1837, il laisse le séminaire de Québec en 1840 et se consacre au ministère à Sainte-Marguerite-de-Dorchester, puis, de 1845 à 1847, il œuvre à Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce (Sainte-Marie). À ce dernier endroit, il préside à l’érection civile de la paroisse, en 1846, et met en branle la construction d’un nouveau presbytère. À l’été de 1847, il se dévoue, avec plusieurs autres prêtres, pour secourir les malades atteints de typhus à la station de quarantaine de la Grosse Île [V. George Mellis Douglas*] et doit passer lui-même par l’Hôpital Général de Québec pour se rétablir. Il revient à la fin de cette année au séminaire comme assistant-procureur, ce qui ne l’empêche pas de faire à l’occasion du ministère de suppléance. C’est peut-être pour mieux le retenir au séminaire qu’on l’agrège à la maison et qu’on l’introduit dans le conseil comme procureur en titre, poste qu’il occupe de 1849 à 1859. Cependant, en 1859, il accepte une nouvelle cure à Saint-Germain-de-Rimouski (Rimouski) puis, en 1861, il part se reposer quatre ans à la maison paternelle de Saint-Michel et vient finir en 1865 sa carrière voyageuse à Saint-Laurent, île d’Orléans, où il construit l’église actuelle et un couvent. C’est à cet endroit qu’il compile une « Généalogie des familles de l’île d’Orléans », publiée dans le Rapport des Archives publiques du Canada en 1905.
En qualité de procureur du séminaire, Forgues opère, dès son arrivée, une double réforme dans la comptabilité : aux livres, sols et deniers, que le séminaire gardait encore par habitude dans ses comptes, il substitue la monnaie britannique, pour être au diapason de toute l’économie canadienne ; aux comptes primitifs qu’étaient le « Brouillard » et le « Journal du séminaire », il ajoute une version plus rationnelle du « Grand Livre » avec index, qui permet de retrouver rapidement des détails. Sa contribution la plus importante se situe toutefois au niveau des finances de l’institution qu’il stimule de façon remarquable, en supprimant les déficits annuels de quelques fermes et moulins, en vendant opportunément des terrains, en faisant entrer les créances et les arrérages de droits seigneuriaux, cela en toute justice et fermeté. Grâce à son habile gestion, le séminaire, avec une avance de £6 600 et un crédit enviable, peut, en 1852, assumer à son compte la fondation de l’université Laval et les frais de construction de ses trois premiers pavillons [V. Louis-Jacques Casault*]. Forgues est l’un des neuf directeurs du séminaire à signer la demande d’une charte universitaire à la reine Victoria. Les années de construction, de 1854 à 1857, font dans la caisse une saignée d’environ £50 000, qui nécessite un emprunt. Mais, dès 1857, on peut entreprendre le remboursement de la dette avec un léger surplus financier. L’abolition de la tenure seigneuriale en 1854, combattue par le séminaire comme par bien d’autres seigneurs – Forgues rédige d’ailleurs un mémoire à ce propos –, apporte tout de même au bout de quelques années des versements substantiels qui permettent au séminaire de prêter à son tour de fortes sommes.
Après son départ du séminaire en 1859, Forgues reste en très bons termes avec cette institution, traite d’affaires, vend beaucoup de pommes de terre – il en recevait sous forme de dîme dans sa paroisse –, protège certains élèves qui sont ses paroissiens. Enfin, à sa mort, le « Journal du séminaire » écrit : « ancien procureur du Séminaire, qui lui doit le bel ordre qui règne maintenant à la Procure. Il est de plus un bienfaiteur du Séminaire, à qui il lègue $8,000. pour pensions d’élèves [de Saint-Laurent, sa dernière paroisse]. »
Michel Forgues a compilé une « Généalogie des familles de l’île d’Orléans », parue dans le Rapport des APC, 1905, II, iie partie.
AAQ, 210 A, XXI : 603 ; 61 CD, Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce.— ASQ, mss, 12 : f.88 ; 13, 27 nov. 1874 ; 34, I, 5 juill. 1849 ; Séminaire, 34, nos 11–14.— Le Courrier du Canada, 2 déc. 1882.— Annuaire de l’université Laval pour l’année académique 1883–84 (Québec, 1883), 92s.— Dominion annual register, 1882 : 342.— Wallace, Macmillan dict.— David Gosselin, Figures d’hier et d’aujourd’hui à travers Saint-Laurent, I.O. (3 vol., Québec, 1919), I : 25–36.— J.-E. Roy, Souvenirs d’une classe au séminaire de Québec, 1867–1877 (2 vol., Lévis, Québec, 1905–1907).
Honorius Provost, « FORGUES, MICHEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/forgues_michel_11F.html.
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Auteur de l'article: | Honorius Provost |
Titre de l'article: | FORGUES, MICHEL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
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