FORESTIER, ANTOINE, chirurgien de l’Hôtel-Dieu de Ville-Marie, expert médico-légal, né en 1646, fils de Jean Forestier et de Françoise Ricard, tous deux de Sévérac-le-Château, en Rouergue, inhumé à Montréal le 7 novembre 1717.

Considéré, selon Ahern, comme « un des médecins les plus en vue à Montréal », Antoine Forestier se lia, par contrat signé devant le notaire Claude Maugue*, avec l’Hôtel-Dieu de Ville-Marie, le 20 août 1681, en même temps que le chirurgien Jean Martinet de Fonblanche. L’engagement stipulait, entre autres, que les deux chirurgiens, à tour de rôle, tous les trois mois et au salaire annuel de 75#, devaient soigner les malades de l’hôpital. Antoine Forestier, souvent de concert avec Jean Martinet, remplit, pendant sa longue carrière – il est mort dans sa soixante-douzième année – le rôle d’expert médico-légal. Aussi retrouve-t-on sa signature au bas de plusieurs documents et certificats divers.

À cette époque, malgré ou peut-être à cause de la faible densité de la population de la Nouvelle-France, les querelles étaient nombreuses et très souvent finissaient par se régler devant le Conseil souverain. L’expert médico-légal était donc fréquemment appelé à faire l’examen physique et médical des personnes qui se plaignaient d’avoir été frappées et battues. Les Jugements et délibérations du Conseil souverain rapportent, notamment, une série de procès survenus à la suite d’accusations portées par des femmes entre elles. Une des pires insultes que l’on pouvait faire à une femme était de l’accuser de porter les marques du fouet et de la fleur de lys. Forestier dut, à maintes reprises, à la demande du tribunal, procéder à des examens pour vérifier s’il y avait eu calomnie. Par ailleurs, sa signature apparaît au bas d’une expertise médico-légale faite à la suite d’un accident de voiture ; ce serait la première du genre, croit-on.

Les chirurgiens devaient alors traiter gratuitement les officiers des troupes, mais, le 24 avril 1711, Forestier abolit cette coutume en faisant décréter par les tribunaux que, sauf pendant leur séjour dans un hôpital, les officiers devraient payer des honoraires comme tout le monde.

Antoine Forestier avait épousé à Montréal, le 25 novembre 1670, Marie-Madeleine Le Cavelier, âgée de 14 ans, fille de Robert Le Cavelier dit Deslauriers, armurier, et d’Adrienne Duvivier, tous deux de Montréal. Ils eurent 18 enfants dont Antoine-Bertrand* qui, à son tour, fut « le principal chirurgien de son temps à Montréal ».

Charles-M. Boissonnault

AJM, Greffe de Bénigne Basset, 3 nov. 1670 ; Greffe de Claude Maugue, 20 août 1681.— Jug. et délib., III : 567s. ; IV : 830, 893, 900.— A. Roy, Inv. greffes not., IX : 15, 30.— É.-Z. Massicotte, Les chirurgiens, médecins, etc., de Montréal, sous le régime français, RAPQ, 1922–23 : 135, 148, 149s.— Abbott, History of Medicine, 19s.— Ahern, Notes pour servir à l’histoire de la médecine, 226–230.— É.-Z. Massicotte, Les chirurgiens de Montréal au xviie siècle, BRH, XX (1914) : 255 ; XXVII (1921) : 42.

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Charles-M. Boissonnault, « FORESTIER, ANTOINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/forestier_antoine_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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