FOREMAN, JAMES, homme d’affaires, juge, juge de paix, homme politique et philanthrope, né le 21 décembre 1763 à Coldstream, Écosse, fils de John Foreman ; en 1791, il épousa Mary Gardner, et ils eurent sept filles et six fils ; décédé à Halifax le 25 octobre 1854.

La carrière de James Foreman eut comme point de départ l’étroite liaison commerciale qui existait entre Londres et la Nouvelle-Écosse à la fin du xviiie siècle. Tout ce que l’on sait de la famille de Foreman, c’est que son père était marchand à Coldstream ; le commerce apparut sans doute à James comme la voie à suivre pour se créer un avenir. Il put, apparemment, faire appel à certaines relations, puisque dès son arrivée à Londres il trouva un emploi dans l’une des plus importantes maisons qui commerçaient avec les colonies, la firme de Brook Watson*. Ce dernier, qui dominait alors le commerce d’exportation avec la Nouvelle-Écosse, était le créancier et le confident de la plupart des marchands de Halifax et avait l’oreille du gouvernement impérial pour les affaires concernant l’Amérique du Nord britannique. Afin de consolider sa situation dans les échanges commerciaux avec la Nouvelle-Écosse, Watson envoya Foreman et un autre jeune Écossais, George Grassie, à Halifax en 1789. Ceux-ci fondèrent dans cette ville la firme Foreman and Grassie qui était, en fait, une succursale de la firme de Watson. Elle recevait des marchandises expédiées de Grande-Bretagne, en surveillait la distribution dans l’arrière-pays de Halifax et se livrait à l’exportation de différentes matières premières de la colonie. En outre, au cours des hostilités qui s’éternisèrent avec la France, la Foreman and Grassie agit à différentes reprises comme représentante de plusieurs équipages de la marine royale lors de la vente de navires pris à l’ennemi ou à des pays neutres. Dans la première décennie du xixe siècle, la compagnie Foreman and Grassie s’était imposée comme le deuxième importateur en importance sur les quais de Halifax, n’étant surpassée que par la firme de William Forsyth*. Les associés affirmèrent leur importance en souscrivant généreusement à des campagnes de charité locales. En 1801, Foreman se joignit à plusieurs autres notables dans une ultime mais vaine tentative pour établir ce qui aurait pu être la première banque privilégiée de l’Amérique du Nord britannique.

L’association de Foreman avec Grassie (et, apparemment, avec les associés de Watson qui survécurent à ce dernier) prit fin en 1812. Foreman continua à s’adonner au commerce, prenant son ami Thomas Leonard comme associé. Au cours des quelques années qui suivirent, la Foreman and Company compta parmi les plus importantes maisons d’affaires de Halifax. En 1814, par exemple, elle importa de Grande-Bretagne des marchandises sèches pour une valeur de £26 312, ainsi que 61 246 gallons de vin et de spiritueux. Les locaux de la compagnie situés à Long Wharf, rue Walter, avaient une valeur imposable de £4 500 en 1819, ce qui était de beaucoup supérieur à celle qui était attribuée à la George Grassie and Company. Bref, Foreman réussit tellement bien en affaires qu’il put prendre sa retraite l’année suivante, sa sécurité financière étant assurée par un revenu annuel se situant entre £400 et £500 et provenant de propriétés foncières situées à Halifax et en Écosse. La participation de Foreman à l’essor des institutions économiques de Halifax ne fut que marginale. Il fut membre du conseil d’administration de la Halifax Fire Insurance Company et, en 1819, se joignit à Michael Wallace* et à d’autres concitoyens pour s’opposer à ce que l’on donne une constitution juridique à une banque de la ville. Ce comportement, qui venait en contradiction avec son attitude antérieure favorable à l’établissement d’une banque, résultait des rivalités qui divisaient les membres de la communauté d’affaires de Halifax. Même si tous les marchands appuyaient le principe d’une banque reconnue juridiquement, ils n’arrivaient pas à s’entendre dès qu’il était question de mettre sur pied un monopole doté d’une charte. Ce désaccord, combiné avec la méfiance des ruraux à l’égard des capitalistes des villes, eut pour résultat que la première banque privilégiée de la Nouvelle-Écosse n’ouvrit ses portes qu’en 1832.

Foreman consacra une bonne partie de son temps aux affaires de la communauté. En 1790, il avait adhéré à la North British Society, dont il fut le président à trois reprises. Il fit preuve de philanthropie en faisant partie de la Halifax Humane Society, en aidant Walter Bromley* à assurer l’instruction aux pauvres et en occupant la fonction d’administrateur de la Nova Scotia Bible Society. En 1810, il reçut une commission de juge de paix et de juge de la Cour inférieure des plaids communs du comté de Halifax. En 1820, il se porta candidat à la chambre d’Assemblée pour représenter la circonscription de Halifax, mais il retira sa candidature afin d’appuyer celle de Simon Bradstreet Robie. Exception faite de cette démarche, toute l’activité politique de Foreman se déroula à l’échelon municipal. Il remplit plusieurs fonctions au sein de l’administration de la ville de Halifax, notamment celle de président du conseil des juges de paix de 1828 à 1835. Peu avant de résigner ses fonctions de juge de paix, Foreman se joignit à Richard Tremain afin de faire passer en jugement Joseph Howe* que l’on accusait d’être l’auteur d’un libelle attaquant les autorités municipales. À la suite de cet affrontement, Halifax se vit octroyer le statut de cité en 1841, réforme à laquelle s’opposèrent énergiquement Foreman et la plupart de ses collègues marchands.

Une fois à la retraite, Foreman se fit une réputation d’homme excentrique, mais fut respecté de ses concitoyens. Il lisait beaucoup, surtout des romans français et espagnols, et passait des journées à résoudre des problèmes de mathématiques. Déjà avancé en âge, il se baignait chaque jour dans les eaux du port, même si pour ce faire il lui fallait pratiquer un trou dans la glace. Foreman attirait aussi l’attention en changeant de tenue deux ou trois fois par jour et en se nourrissant de pain et d’eau pendant des semaines d’affilée. Il aimait la compagnie et savait recevoir. À peine quelques heures avant sa mort, il fredonnait une ballade écossaise.

James Foreman laissa une fortune considérable ; à elles seules, ses propriétés de Halifax étaient évaluées à £10 000. Il fit des legs à ses deux frères survivants qui demeuraient en Écosse, ainsi qu’à sa femme et à ses huit enfants et petits-enfants. Cependant, c’est son fils aîné, James, le premier à occuper le poste de caissier (directeur général) de la Banque de Nouvelle-Écosse, qui fut son principal héritier.

David A. Sutherland

GRO (Édimbourg), Coldstream, Reg. of births and baptisms, 4 janv. 1764.— Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, nº 560 (mfm aux PANS).— PANS, RG 1, 140 : f° 319 ; 173 : fº 169 ; 175 : fo 13 ; 252, nº 3 ; 314, nº 26 ; RG 31–104, 9, 1814.— Glimpses of Nova Scotia, 1807–24, as seen through the eyes of two Halifax merchants, a Wilmot clergyman and the clerk of the assembly of Nova Scotia, C. B. Fergusson, édit. (Halifax, 1957), ii.— Journal (Halifax), 15 mai, 25 déc. 1820.— Novascotian, 5 janv. 1832, 6 nov. 1854.— Nova-Scotia Royal Gazette, 21 mai 1806, 1er sept. 1807, 6 janv., 11 août 1813, 12 oct. 1814.— Royal Gazette and the Nova-Scotia Advertiser (Halifax), 5 mai, 29 sept. 1795.— Annals, North British Society, Halifax, Nova Scotia, with portraits and biographical notes, 1768–1903, J. S. Macdonald, compil. ([3e éd.], Halifax, 1905), 14, 150.— Belcher’s farmer’s almanack, 1824–1854.— Halifax almanack, 1819.— Beamish Murdoch, A history of Nova-Scotia, or Acadie (3 vol., Halifax, 1865–1867), 3 : 205.

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David A. Sutherland, « FOREMAN, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/foreman_james_8F.html.

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Année de la publication:    1985
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