FONTE, BARTHOLOMÉE DE, qui est censé avoir atteint la côte nord-ouest de l’Amérique au cours d’un voyage qui aurait permis de découvrir un passage entre les océans Atlantique et Pacifique ; circa 1640.

Le récit de ce voyage, d’abord paru dans les Monthly Miscellany or Memoirs for the Curious, en avril et juin 1708, prit la forme d’une lettre de de Fonte dans laquelle il se disait « alors amiral de la Nouvelle-Espagne ainsi que du Pérou, et maintenant Prince du Chili ». On attribue maintenant ce récit apocryphe à l’éditeur ou propriétaire de cette revue londonienne, James Petiver. Aucune preuve digne de foi ne permet d’affirmer que de Fonte ait existé ou que le voyage ait eu lieu. La publication de cette relation hautement fantaisiste a conduit à une vive controverse au milieu du xviii^e siècle ; Arthur Dobbs, champion irlandais de l’exclusivité des droits accordés par charte à la Hudson’s Bay Company, affirmait que de Fonte avait découvert le passage du Nord-Ouest ; il eut l’appui d’Henry Ellis et de Theodorus Swaine Drage pour défendre l’authenticité de récit. Il est encore d’un plus grand intérêt de constater jusqu’à quel point deux éminents géographes français, Joseph-Nicolas Delisle et Philippe Buache, voulurent interpréter la géographie imaginaire de de Fonte dans des cartes, notamment la « Carte générale des Découvertes de l’Amiral de Fonte et Autres Navigateurs Espagnols, Anglois et Russes, pour la recherche du Passage à la Mer du Sud », publiée en novembre 1752 (V. : J.-N. Delisle, Nouvelles cartes des découvertes de l’Amiral de Fonte (Paris, 1753).

Willard E. Ireland

Dodge, Northwest by sea, 182–184, 197.— HBRS. XXI (Rich) : 556–586.— H. R. Wagner, Apocryphal voyages to the northwest coast of America, Amer. Antiquarian Soc. Proc., new ser., XLI (1931) : 179–234.— Glyndwr Williams, The British search for the northwest passage in the eighteenth century (« Royal Commonwealth Soc. Imperial Studies », XXIV ; 1962).