FONSECA, WILLIAM GOMEZ (connu jusque vers 1840 sous le nom de don Derigo Nojada Gomez da Silva Fonseca ; dans sa vieillesse, il signait parfois da Fonseca), homme d’affaires et homme politique, né le 26 août 1823 à Sainte-Croix, Antilles danoises (îles Vierges, États-Unis) ; le 20 novembre 1861, il épousa Margaret Ann Logan, et ils eurent cinq fils et cinq filles ; décédé le 22 avril 1905 à Winnipeg.

À l’âge de 17 ans, don Derigo Nojada Gomez da Silva Fonseca abréga son nom pour en faire William Gomez Fonseca, et quitta les Antilles danoises pour New York, où il s’initia aux affaires dans une maison de commerce. Quelques années plus tard, il entreprit les études menant au sacerdoce à Nashotah House, collège épiscopalien de Nashotah, au Wisconsin, mais au bout de trois ans, la faiblesse de sa vue l’obligea à renoncer à sa vocation. Il enseigna ensuite durant deux ans. En 1850, il se rendit à Saint Paul (Minnesota), que l’on croyait alors promis à devenir l’entrepôt commercial de tout le Nord-Ouest américain et britannique. Il y lança une affaire de marchandises sèches en gros ; quelques années après, elle entretenait un commerce florissant avec les détaillants des petites localités dont les prairies commençaient à être parsemées.

Désireux de trouver de nouveaux débouchés, Fonseca quitta Saint Paul avec plusieurs chars à bœufs pleins de marchandises de traite et atteignit la colonie de la Rivière-Rouge au printemps de 1860. À peine avait-il ouvert, à deux milles au nord de l’établissement principal, un magasin de marchandises sèches dans un bâtiment appartenant à William Inkster que tout son stock était écoulé. Après avoir étudié la situation, Fonseca décida de rapprocher son commerce de la zone commerciale de ce qui allait devenir Winnipeg. Avant la fin de l’année, il ouvrit un magasin dans un bâtiment appartenant à Thomas Logan, son futur beau-père, nouant ainsi des liens permanents avec cette famille pionnière. Au cours des quelques années suivantes, il acheta, dans le nord de Winnipeg, une parcelle de terre qui prendrait beaucoup de valeur par la suite. Durant la même période, il se fit une réputation encore meilleure auprès de ses concitoyens en donnant des conférences sur les Antilles, en important des fruits tropicaux et en agissant comme exécuteur testamentaire lorsqu’il y avait des décès dans les familles de pionniers. On l’estimait tant que, à la veille de l’entrée du Manitoba dans la Confédération, le Nor’Wester proposa qu’on le nomme consul des États-Unis. Fonseca était encore citoyen américain, mais il ne fut pas choisi ; le poste alla plutôt à Oscar Malmros. En décembre 1869, lors de la résistance que suscita le transfert de la colonie, Fonseca fut fait prisonnier par le gouvernement provisoire de Louis Riel*. On le libéra deux jours plus tard, contre la remise de ses papiers de citoyenneté américaine.

En 1870, Fonseca exerçait ses talents d’entrepreneur dans plusieurs domaines. Entre autres, il construisait des immeubles de location sur diverses portions de sa propriété du nord de Winnipeg. C’est dans l’un de ces bâtiments, appelé Fonseca’s Hall ou l’hôtel Wolseley House, que logea par la suite le collège de Manitoba. Fonseca exploitait l’hôtel et tenait toujours son commerce de marchandises sèches. Il vendait aussi de la quincaillerie, des vins et spiritueux, des cigares, des produits d’épicerie et de l’immobilier. En outre, il manifestait son civisme de plusieurs façons. En 1871, sa maison de rondins servit d’école. Deux ans plus tard, il participa au creusage d’un puits commun. En 1875, il appartint au conseil d’administration de l’Hôpital général de Winnipeg et, avec d’autres, il acheta et donna un terrain pour le marché municipal. Il espérait que le centre des affaires s’étendrait vers le nord à partir de l’hôtel de ville et du marché, ce qui ferait monter en flèche la valeur de son terrain, mais la zone commerciale ne s’étendit pas au-delà du marché. La valeur des terrains ne grimpa qu’avec l’arrivée des chemins de fer, au début des années 1880, et même alors, le secteur où se trouvait celui de Fonseca ne devint qu’un district commercial d’importance secondaire, entouré par des habitations sans prestige.

Élu en 1873 au conseil municipal de Winnipeg, Fonseca fut échevin du quartier nord durant six mandats. Dans les derniers mois de 1880, des amis le convainquirent de se présenter à la mairie, mais il fut battu par Elias George Conklin. Il continua de s’occuper de ses intérêts commerciaux et immobiliers pendant la hausse soudaine de valeurs foncières que déclencha l’arrivée du chemin de fer canadien du Pacifique. Cette période de prospérité prit brusquement fin en 1882, ce qui amena bon nombre de gens à douter que Winnipeg puisse être un centre de commerce. Fonseca demeurait cependant confiant en l’avenir de sa ville d’adoption puisqu’il publia, en 1884, une grande et jolie vue de Winnipeg à vol d’oiseau. Ce plan est intéressant pour deux raisons. D’abord, l’observateur se trouve au-dessus de l’extrémité de la pointe Douglas et regarde vers l’ouest ; or c’est dans ce coude de la rivière que se trouvaient les principales propriétés de Fonseca. Ensuite, il offre probablement la plus fidèle représentation de la croissance de Winnipeg que l’on puisse espérer trouver dans une publication de ce genre, où la tendance est d’embellir les choses.

Tout au long des années 1880 et 1890, Fonseca demeura le porte-parole des intérêts de sa ville en général, et de North Winnipeg en particulier. En même temps, en démontrant que le sol et le climat de la région convenaient à divers types de fruit, il se fit connaître comme un spécialiste de l’horticulture. Il fut le premier à prévenir ses concitoyens contre les dangers de la chenille arpenteuse et de la mouche à scie de l’épinette, qui ont dévasté périodiquement les arbres de la vallée de la rivière Rouge, et il donnait, sans restrictions, ses remèdes contre ces insectes. C’est aussi à cette époque qu’il acquit la réputation d’historien de la région. À un moment donné, il entreprit la rédaction de ses mémoires, mais une servante brûla malencontreusement ses papiers, qu’elle avait pris pour des rebuts, ce qui le découragea.

Malgré son âge, William Gomez Fonseca demeurait un homme d’affaires actif. Une de ses sociétés, la W. G. Fonseca Limited, vendait de la toiture de mica, produit dont il fit une démonstration à la Winnipeg Industrial Exhibition de juillet 1894. Une fois à la retraite, il dirigea ses enfants, qui exploitaient ses diverses entreprises. En 1903, il se blessa à la tête en glissant sur la glace. Dès lors, sa santé ne cessa de se détériorer. il mourut deux ans après cet accident et fut inhumé au cimetière de la cathédrale St John, où il avait été membre du conseil paroissial durant plus de 30 ans. Tout au long de sa vie, Fonseca avait appliqué ces règles simples : « Appliquez-vous à vous occuper chacun de vos affaires » et « Domptez ce petit membre qui se vante de si grands effets : la langue ». Après sa mort, Frank Howard Schofield, historien du Manitoba, écrivit : « il a marqué, de son empreinte, la ville et son histoire ». De tous les citoyens pionniers de Winnipeg, il était celui à qui s’appliquait le mieux l’expression « vénérable vieillard ».

Randy R. Rostecki

William Gomez Fonseca est l’auteur de On the St. Paul trail in the sixties (Winnipeg, 1900).

PAM, P3756, file 4.— Daily Nor’Wester (Winnipeg), 24 févr., 5, 24 mai 1894.— Nor’Wester, 15 nov. 1860, 15 avril, 14 sept. 1861, 7 nov. 1868, 1er mai 1869.— Nor’Wester (Winnipeg), 16 août 1875.— Weekly Manitoban and Herald of Rupert’s Land and North-Western Territory (Winnipeg), 22 juill. 1871, 29 juin 1872.— Winnipeg Free Press, 13 juin 1894, 24, 26 avril 1905, 6 juin 1949.— Winnipeg Tribune, 13 juin 1893, 19 juin, 25 juill., 11 août 1894.— Bryce, Hist. of Manitoba.— A. G. Fonseca, From palms to maples : the story of William Gomez Fonseca, one of Winnipeg’s earliest pioneers (Winnipeg, 1988).— In the Supreme Court of Canada [...] between William Gomez Fonseca & John Christian Schultz [...] and her majesty’s attorney-general for Canada [...] appellants’ factum [...] (Winnipeg, 1888).— In the Supreme Court of Canada [...] between William Gomez Fonseca and John Christian Schultz [...] and her majesty’s attorney-general for Canada [...] the case [...] (Winnipeg, 1888).— In the Supreme Court of Canada, between William Gomez Fonseca and John Christian Schultz [...] and her majesty’s attorney-general for Canada [...] respondent’s factum [...] (Winnipeg, 1888).— F. H. Schofield, The story of Manitoba (3 vol., Winnipeg, 1913).

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Randy R. Rostecki, « FONSECA, WILLIAM GOMEZ (don Derigo Nojada Gomez da Silva Fonseca, da Fonseca) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fonseca_william_gomez_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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