FLOWERDEW, GORDON MURIEL, milicien et officier, né le 2 janvier 1885 à Billingford, près de Diss, Angleterre, huitième fils d’Arthur John Blomfield Flowerdew, fermier, et de Hannah Symonds ; décédé le 31 mars 1918 près de Moreuil, France.

Issu d’une famille de 14 enfants, Gordon Muriel Flowerdew étudia de 1894 à 1899 au Framlingham College, dans le Suffolk, où il se distingua davantage sur les terrains de jeu qu’en classe. En 1903, il immigra au Canada. Sa bonne étoile le mena à l’établissement du lac aux Canards (Duck Lake, Saskatchewan), puis en Colombie-Britannique, à Queens Bay sur le lac Kootenay et enfin à Walhachin, où il trouva un emploi dans un magasin général avec bureau de poste. Apparemment, il s’adonna à beaucoup d’autres occupations, dont la direction d’une boucherie, la pomiculture et l’élevage. Pendant l’été de 1911, il s’enrôla dans le Regiment of Cavalry (31st Regiment, British Columbia Horse) ; en 1912, au camp annuel de la milice, il battit des records dans des concours de tir et des courses d’obstacles pour chevaux. Déjà, en octobre 1911, on l’avait acclamé à Walhachin parce qu’il avait aidé à arrêter deux voleurs à la suite d’une cavalcade. Le fait que, dès le début de la guerre, il se soit porté volontaire pour servir outre-mer ne surprit donc personne. Il fut nommé caporal suppléant dans le Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians), sous le commandement d’Archibald Cameron Macdonell*.

En mai 1915, après s’être entraîné en Angleterre, le Lord Strathcona’s Horse, intégré à la brigade de cavalerie canadienne, s’embarqua pour la France. Comme la guerre des tranchées paralysait le front de l’ouest à peu près depuis la fin de 1914, la cavalerie n’avait guère l’occasion d’exercer sa mission propre. Les cavaliers furent donc employés comme fantassins jusqu’à la reconstitution de la brigade, en 1916. Formée du Lord Strathcona’s Horse, du Royal Canadian Dragoons et du Fort Garry Horse, la brigade devait profiter d’une percée dans la région de la Somme, mais l’échec total des opérations à cet endroit la condamna à l’oisiveté. Ce n’est qu’au moment de la retraite allemande au printemps de 1917 que la cavalerie put jouer l’un de ses rôles traditionnels, la poursuite. À cette occasion, le lieutenant Frederick Maurice Watson Harvey, du Lord Strathcona’s Horse, remporta la croix de Victoria. En novembre 1917, on envoya la brigade à Cambrai pour qu’elle exploite le succès de l’offensive des chars d’assaut, mais une contre-attaque bien montée gâcha l’opération. Puis l’hiver fit persister l’impasse sur le front de l’ouest.

Une offensive allemande, lancée le 21 mars 1918, menaçait d’écraser la 5e armée britannique, mais avec la reprise des mouvements sur le front, la cavalerie retrouva son utilité : capable de se déplacer aisément, elle pouvait aller renforcer des unités d’infanterie aux abois. Le 27 mars, la brigade de cavalerie canadienne fut assignée à la 2e division de cavalerie britannique. Trois jours plus tard, elle reçut l’ordre de reprendre le bois de Moreuil, tombé depuis peu sous l’avance allemande. Selon le plan, le Royal Canadian Dragoons attaquerait avec le soutien du Lord Strathcona’s Horse tandis que le Fort Garry Horse resterait en réserve. Bientôt, le Royal Canadian Dragoons fut engagé dans un violent combat.

C’est alors que le C Squadron du Lord Strathcona’s Horse, commandé par Flowerdew – qui avait été promu sergent en 1915 et lieutenant provisoire en 1916 – entreprit de faire le tour du bois afin de prendre l’ennemi au piège. L’escadron faisait face à deux lignes d’Allemands, « chacune d’environ soixante hommes, avec des mitrailleuses au centre et sur les flancs ». Forcé de choisir entre la retraite et l’attaque, deux solutions aussi risquées l’une que l’autre, Flowerdew choisit la seconde. Au cours d’une charge de cavalerie qui rappelait Waterloo ou Balaklava, le C Squadron infligea de lourdes pertes à l’ennemi et força les survivants à quitter les lieux, mais perdit 70 % de ses hommes. Blessé aux deux cuisses, Flowerdew mourut le lendemain. On lui décerna la croix de Victoria, décoration faite avec le bronze de canons saisis pendant la guerre de Crimée à l’occasion d’une charge de cavalerie aussi courageuse et catastrophique.

Gordon Muriel Flowerdew mérite attention à cause de la façon dont il vécut et mourut. Comme beaucoup d’autres jeunes Britanniques, il était venu au Canada à l’aube du siècle pour chercher fortune sans se couper de ses racines et s’était porté volontaire pour défendre l’Empire en 1914. Malheureusement, comme tant d’autres aussi, il périt en maintenant une tradition militaire vieille de plusieurs siècles dans une guerre dont l’industrialisation avait bouleversé les règles.

William Rawling

AN, RG 150, Acc. 1992–93/166.— General Register Office (Londres), Reg. of births, Diss (Norfolk), 2 janv. 1885.(. E. Connolly, « The action of the Canadian Cavalry Brigade at More[ui]l Wood and Rifle Wood, 1918 », Rev. canadienne de défense (Ottawa), 3 (1925–1926) : 8–18.— Framlingham College register, John Booth, édit. ([3e éd., Framlingham, Angleterre ?], 1949).— W. B. Fraser, Always a Strathcona (Calgary, 1976).— Edward Green, « The last great cavalry charge », Cavalier (Greenwich, Conn.), févr. 1961 : 21–23, 70–75.— J. M. McAvity, Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians) : a record of achievement ([Toronto], 1947).— Nicholson, CEC.— J. E. B. Seely, Adventure (Londres, 1930).— Joan Weir, Walhachin, catastrophe or Camelot ? (Surrey, C.-B., et Blaine, Wash., 1984).

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William Rawling, « FLOWERDEW, GORDON MURIEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/flowerdew_gordon_muriel_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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