FLETCHER, ROBERT, imprimeur et marchand, circa 1766–1785.

Les premières années de la vie de Robert Fletcher sont restées obscures. Il naquit vraisemblablement à Londres où il exerça probablement lé métier d’imprimeur avant sa venue à Halifax au début de l’été de 1766. Il apportait avec lui une presse à imprimer neuve, de même qu’un important approvisionnement de livres et de papeterie, ce qui lui permit d’ouvrir immédiatement boutique. Jusqu’à cette époque. Anthony Henry avait détenu le monopole des travaux d’imprimerie du gouvernement, mais il avait encouru la disgrâce des autorités pour avoir critiqué la loi du Timbre de 1765. Il est bien possible que Fletcher ait été invité et encouragé par les fonctionnaires locaux à immigrer en Nouvelle-Écosse, avec la perspective alléchante de la clientèle du gouvernement. Le 15 août 1766, il publia le premier numéro de son journal, la Nova-Scotia Gazette, un hebdomadaire semi-officiel de quatre pages (une seule feuille pliée) qui succéda immédiatement à la Halifax Gazette de Henry.

Vers la fin de 1766, Fletcher imprima sa première édition du Journal and notes of the House of Assembly for the province of Nova Scotia, pour laquelle il demanda au gouvernement £ 18 16 shillings 4 pence. Entre temps, il avait obtenu le contrat d’impression de la première édition révisée des lois de la province, l’entente prévoyant qu’il fournirait 200 exemplaires pour le prix de £180. The perpetual acts of the General Assemblies of His Majesty’s province of Nova Scotia, que l’on connaît aujourd’hui sous le nom d’édition Belcher, à cause des annotations qu’y porta le juge en chef Jonathan Belcher, furent compilés par John Duport et publiés par Fletcher le 13 mai 1767.

Fletcher démontrait une aptitude certaine pour l’imprimerie, mais, malheureusement, son activité paraît avoir été restreinte aux seuls contrats gouvernementaux, bien qu’il annonçât des travaux de tout genre « exécutés de la manière la plus rapide, la plus soignée et la plus correcte ». Sa composition et sa disposition typographiques régulières contrastent nettement avec la manière imparfaite et plutôt flamboyante d’Anthony Henry. En 1770, néanmoins, soit pour des raisons financières ou parce qu’il y avait perdu tout intérêt, il consentit, semble-t-il, à abandonner le domaine de l’imprimerie à Henry, qui avait commencé de publier en 1769 un journal concurrent. Le dernier numéro de la Nova-Scotia Gazette ayant paru le 30 août 1770, Fletcher vendit sa presse à John Boyle, de Boston, et dès lors se consacra exclusivement à sa librairie, l’une des premières au Canada. Cependant, il semble n’avoir pas gardé rancune à Henry puisque, pendant les quelques années qui suivirent, il annonça abondamment sa marchandise dans les colonnes de la Nova-Scotia and the Weekly Chronicle de ce dernier. En 1772, Fletcher étendit son commerce de manière à y inclure une grande variété d’approvisionnements, et, selon toute apparence, il traversa de fréquentes crises financières. En 1780, il forma le projet de quitter la province, mais n’y donna pas suite. En janvier 1782, il fit faillite : son stock et ses biens personnels furent vendus aux enchères publiques. Pendant trois autres années, néanmoins, il continua de tenir boutique, mais on ne trouve plus trace de lui après l’automne de 1785.

Même si l’on connaît peu de chose de la vie personnelle de Fletcher, il parait avoir joui d’une certaine considération dans la communauté, ayant été marguillier de l’église anglicane St Paul en 1775 et agent des propriétaires fonciers absentéistes. Comme imprimeur, sa compétence est indiscutable, et c’est dommage qu’il ait abandonné son métier pour une activité moins créatrice. Sa première édition révisée des lois de la Nouvelle-Écosse, volume de quelque 200 pages, peut être considérée aujourd’hui comme la première publication gouvernementale d’un format respectable au Canada.

Shirley B. Elliott

En autant qu’on puisse en être assuré, il n’existe pas au Canada aujourd’hui de copies originales de la Nova-Scotia Gazette de Fletcher. La Mass. Hist. Soc. et la New York Public Library possèdent de petites collections de séries interrompues, mais la majeure partie du journal a disparu.  [s. b. e.]

PANS, RG 1, 212, p.213.— N.-É., House of Assembly, Journal, oct.–nov. 1766, 47, 77.— Nova-Scotia Gazette (Halifax), 26 nov. 1767.— Nova-Scotia Gazette and the Weekly Chronicle, 7 mai 1771, 1er sept., 10 nov. 1772, 26 janv., 22 juin, 28 déc. 1773, 24 oct. 1775, 23 mai, 21 nov. 1780, 8 mai 1781, 22 janv., 19 févr., 9 juill. 1782, 24 févr., 27 mai 1783, 25 mai 1784, 25 janv., 4 oct. 1785.— Tremaine, Bibliography of Canadian imprints.— R. V Harris, The Church of Saint Paul in Halifax, Nova Scotia : 1749–1949 (Toronto, 1949).— Isaiah Thomas, The history of printing in America, with a biography of printers, and an account of newspapers [...] (2e éd., 2 vol., Albany, N.Y., 1874 ; réimpr., New York, 1972).— J. J. Stewart, Early journalism in Nova Scotia, N.S. Hist. Soc., Coll., VI (1888) : 91–122.

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Shirley B. Elliott, « FLETCHER, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fletcher_robert_4F.html.

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Année de la publication:    1980
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