FLÉCHÉ, JESSÉ (aussi appelé Jossé Flesche (Biard), Josué Fleche (Champlain), Fleuchy et Fleuche), prêtre, missionnaire en Acadie, originaire de Lantages, au diocèse de Langres (France), décédé en France en 1611 ( ?).

En 1607, Henri IV avait permis à Jean de Biencourt de Poutrincourt de maintenir son entreprise de colonisation en Acadie, mais à la condition d’y conduire quelques jésuites pour l’évangélisation des Indiens. Ne souhaitant pas la présence des Jésuites, Poutrincourt, lorsqu’il appareilla enfin à Dieppe, le 25 février 1610, n’emmenait avec lui qu’un seul prêtre, l’abbé Fléché. Ce dernier, au dire de Lescarbot, aurait reçu ses pouvoirs du nonce Robert Ubaldini. Rochemonteix, toutefois, met cette affirmation en doute, « car le nonce, dit-il, n’ignorait pas que le roi avait nommé deux jésuites pour la mission canadienne », les pères Biard et Massé.

Fléché aborda à Port-Royal à la fin de mai ou au début de juin 1610. Or, le 24 juin, moins d’un mois après son arrivée, il conférait le baptême au chef micmac Membertou et à 20 membres de sa famille. On se surprend à bon droit d’une telle précipitation, même si Lescarbot nous avertit que, lors du premier séjour de Poutrincourt : en Acadie, en 1606 et 1607, ces Indiens avaient reçu quelque instruction. Fléché ignorant la langue indienne, c’est Charles de Biencourt, le fils de Poutrincourt, qui, à la demande de son père, s’était chargé de catéchiser les Indiens.

En hâtant les choses, Fléché avait cédé, semble-t-il, aux pressions de Poutrincourt, qui voulait, en manifestant son zèle pour l’évangélisation, conserver la faveur royale, obtenir l’appui financier de personnes pieuses et riches et, par la même occasion, prouver à la cour que le ministère des Jésuites n’était pas, somme toute, essentiel en Acadie. Champlain fournit peut-être l’explication de cette précipitation quand il écrit que, peu après la cérémonie, le gouverneur envoya son fils Biencourt en France « pour apporter la bonne nouvelle du baptême des Indiens ». Il paraît certain que Poutrincourt, animé d’un désir sincère de gagner les Indiens à la foi, avait néanmoins de bonnes raisons – peut-être d’ordre pécuniaire – de déployer un zèle apostolique aussi empresse.

Lescarbot nous apprend que plus d’une centaine d’Indiens furent ainsi baptisés en 1610 et 1611. Quand arrivèrent enfin les jésuites Biard et Massé (1611), ils furent stupéfaits de constater que les Indiens baptisés ignoraient jusqu’au premier mot des préceptes de la religion. L’évangélisation était à reprendre. Les Docteurs de la Sorbonne désapprouvèrent, du reste, cette hâte à conférer le baptême. Les Jésuites firent leur profit de cette expérience, ne baptisant désormais les adultes en santé qu’après une longue probation.

Jessé Fléché, que les Indiens avaient surnommé le Patriarche, s’embarqua pour la France au mois de juin 1611. Il serait, d’après certains historiens, décédé en France la même année.

André Vachon

Champlain, Œuvres (Laverdière).— JR (Thwaites).— Lescarbot, Histoire (Tross).— Huguet, Poutrincourt.— Rochemonteix, Les Jésuites et la Nouvelle-France au XVIIe siècle.

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André Vachon, « FLÉCHÉ (Flesche, Fleche, Fleuchy, Fleuche), JESSÉ (Jossé, Josué) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fleche_jesse_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
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