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FITZGERALD, FRANCIS JOSEPH, officier de la Gendarmerie royale à cheval du Nord-Ouest et soldat, né le 12 avril 1869 à Halifax, deuxième fils de John Fitzgerald, employé d’une compagnie de télégraphe, et d’Elizabeth Pickles ; décédé le ou vers le 14 février 1911 en bordure de la rivière Peel, au sud du fort McPherson (Fort McPherson, Territoires du Nord-Ouest).
La jeunesse de Francis Joseph Fitzgerald reste obscure. Il servit dans la milice à Halifax avant de quitter son emploi de commis de magasin pour s’inscrire à la Police à cheval du Nord-Ouest, comme constable, le 19 novembre 1888. Pendant neuf ans, il passa la majeure partie de son temps dans le district de Maple Creek (Saskatchewan). La routine militaire du poste de police ennuyait cet homme épris d’aventure. Durant cette période, il ne se distingua d’aucune façon.
Enfin, en 1897, la chance sourit à Fitzgerald. On l’affecta, sous le commandement de l’inspecteur John Douglas Moodie, à une petite équipe dont la mission était de dessiner le tracé d’une voie terrestre partant d’Edmonton et allant jusqu’aux régions aurifères du Yukon en passant par le nord de la Colombie-Britannique et la rivière Pelly, région assez peu connue des Blancs. Partie d’Edmonton en septembre 1897, l’équipe parvint à sa destination, le fort Selkirk (Selkirk) sur le fleuve Yukon, en octobre 1898, après avoir parcouru un millier de milles à cheval, en traîneau à chiens et en canot et avoir affronté des obstacles quasi insurmontables. Au cours de cette odyssée, Fitzgerald fit preuve de débrouillardise et de résistance physique et mentale, qualités nécessaires pour survivre dans le Nord et qui allaient garantir son avancement dans la police. Moodie ayant fait son éloge dans son rapport à ses supérieurs, il fut promu caporal en 1899.
L’année suivante, comme d’autres membres de la Police à cheval du Nord-Ouest, Fitzgerald obtint un congé pour se joindre au lst Canadian Mounted Rifles, une des unités du contingent qui allait participer à la guerre des Boers sous le commandement de Lawrence William Herchmer. Encore une fois, un rapport favorable fut communiqué à son sujet au commissaire Aylesworth Bowen Perry, à Regina. Après son retour au Canada, il fut promu sergent. En 1902, il alla assister au couronnement d’Édouard VII en Angleterre avec le contingent de la Police à cheval du Nord-Ouest.
Au cours de l’été de 1903, Fitzgerald et un constable furent envoyés à l’île Herschel, dans l’ouest de l’Arctique. Ils devaient ouvrir un poste de police dans ce lieu isolé, car on avait rapporté que les équipages des baleinières qui passaient l’hiver à cet endroit semaient le désarroi dans la population autochtone. De tous les postes de la police (rebaptisée en 1904 Gendarmerie royale à cheval du Nord-Ouest), celui de l’île Herschel était le plus loin au nord. Fitzgerald y resterait six ans et acquerrait une grande expérience du voyage en région nordique. Avec diplomatie, il mit fin à la traite du whisky et perçut les droits de douane, affirmant ainsi la souveraineté du Canada dans des conditions difficiles et à l’entière satisfaction de ses supérieurs. Ses seuls liens avec le monde extérieur étaient les baleinières qui s’arrêtaient à l’île de temps à autre et les policiers venant du fort McPherson, dans le delta du Mackenzie, soit dans leurs baleiniers, soit en traîneaux à chiens. Libéré à l’été de 1909, Fitzgerald se rendit à Regina, mais il retourna au fort McPherson en juillet 1910.
À l’île Herschel, Fitzgerald avait noué une relation maritale à la manière autochtone, comme beaucoup d’autres hommes blancs dans le Nord. Sa compagne, une Inuk nommée Lena Onalina, donna naissance à une fille pendant l’été de 1909. Fitzgerald avait voulu épouser Lena devant le missionnaire anglican Charles Edward Whittaker, mais le commandant du district du Mackenzie, Arthur Murray Jarvis, l’en avait dissuadé. Ignorants de cette situation, les supérieurs de Fitzgerald à Regina avaient obtenu entre-temps qu’il soit nommé inspecteur le 1er décembre 1909. C’était une promotion bien méritée, justifiée par un travail exceptionnel et non pas due au favoritisme, comme c’était souvent le cas à l’époque. Toutefois, aux yeux de la société blanche, il était inacceptable qu’un officier de la Gendarmerie royale ait une liaison, légitime ou non, avec une autochtone. Si les supérieurs de Fitzgerald avaient été informés de sa situation, ils n’auraient jamais recommandé sa promotion. Après l’avoir découverte, ils auraient probablement exigé sa démission. Sa mort lui épargnerait une disgrâce quasi certaine et empêcherait son secret de se répandre avant plusieurs années.
À la fin de 1910, on convint que Fitzgerald ferait partie du contingent qui irait assister au couronnement de George V. Pour qu’il puisse quitter le Nord à temps, on lui confia le commandement de la patrouille qui, cet hiver-là comme tous les ans, devait franchir les quelque 470 milles séparant le fort McPherson de Dawson. Étant donné la rivalité qui régnait dans la gendarmerie, Fitzgerald dut voir sans aucun doute, dans ce voyage, une occasion de battre le record de vitesse établi par une patrouille antérieure. Il résolut donc d’alléger la charge de ses traîneaux en réduisant les provisions et l’équipement, sûr que les quantités normalement utilisées ne seraient pas nécessaires.
Le 21 décembre 1910, Fitzgerald quitta le fort McPherson avec les constables George Francis Kinney et Richard O’Hara Taylor. Samuel Carter, ex-constable qui allait leur servir de guide, les accompagnait. Cependant, Carter n’avait fait le trajet qu’une seule fois, dans le sens contraire, quatre ans auparavant. Dès le début, d’abondantes chutes de neige et des températures atteignant parfois -62 °F ralentirent la patrouille. Comble de malheur, Carter ne trouvait pas la piste qui traversait les monts Richardson. Les quatre hommes cherchèrent ce chemin en vain durant neuf jours. Finalement, comme les provisions s’épuisaient, Fitzgerald se résigna à ordonner le retour au fort McPherson. Une lutte désespérée commença. À court de vivres, les hommes se mirent à manger leurs chiens. La dernière fois qu’il écrivit dans son journal, le 5 février, Fitzgerald nota qu’il en restait cinq et que ses compagnons et lui-même étaient trop faibles pour parcourir de longues distances. En l’espace de quelques jours, les quatre hommes moururent : trois succombèrent au froid et à la faim, et un, Taylor, se suicida. On découvrit leurs corps émaciés au mois de mars, à quelques milles à peine du fort McPherson, où ils furent inhumés.
Francis Joseph Fitzgerald, signala-t-on avec raison, avait commis plusieurs fautes : il avait été trop confiant, n’avait pas engagé un guide autochtone, avait réduit les rations et n’avait pas rebroussé chemin dès qu’il avait vu que Carter ne trouvait pas la piste. Mais le temps a estompé les erreurs de la « Patrouille égarée » ; ce qui reste de Fitzgerald et de ses hommes, c’est surtout le souvenir de leur combat héroïque pour survivre. Après la tragédie, le commissaire Perry ordonna que des caches de provisions soient aménagées pour les cas d’urgence le long du trajet de Dawson au fort McPherson et que toutes les patrouilles de la gendarmerie se fassent accompagner par des guides chevronnés quand elles empruntaient des trajets qu’elles ne connaissaient pas.
Les originaux du journal personnel et du testament de Francis Joseph Fitzgerald sont conservés au Musée de la Gendarmerie royale du Canada, à Regina ; ils ont été reproduits aux pages 310–314 de « Reports and other papers relating to the McPherson–Dawson police patrol – winter 1910–11 [...] », dans le rapport de 1911 de la Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest (Canada, Parl., Doc. de la session, 1912, no 28, partie v).
AN, RG 18, 3448, dossier 0-156.— Regina Leader, avril 1911.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1898–1911, rapports de la Gendarmerie royale à cheval du Nord-Ouest, 1897–1910.— W. R. Morrison, Showing the flag : the mounted police and Canadian sovereignty in the north, 1894–1925 (Vancouver, 1985).— Dick North, The Lost Patrol (Anchorage, Alaska, 1978).
S. W. Horrall, « FITZGERALD, FRANCIS JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fitzgerald_francis_joseph_14F.html.
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Auteur de l'article: | S. W. Horrall |
Titre de l'article: | FITZGERALD, FRANCIS JOSEPH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
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