FISHER, RICHARD, chroniqueur d’une expédition anglaise aux îles de la Madeleine et au Cap-Breton ; circa 1593.
On ne sait rien de lui sinon qu’il était le domestique d’un armateur des bords de la Tamise, Peter Hill de Rotherhithe, et qu’il tenait le journal de bord en sa qualité de commissaire et de subrécarque sur le Marigold (capitaine : Richard Strong de Topsham). Ce vaisseau de 70 tonneaux, appartenant à Hill, fit voile en 1593 avec dix chasseurs, bouchers et tonneliers, pour se rendre aux îles de la Madeleine afin de faire la chasse au morse dans le golfe du Saint-Laurent. La seule indication que nous possédions sur la famille de Richard Fisher, c’est qu’un certain Robert Fisher de Rotherhithe, dont la sœur épousa en secondes noces Peter Hill entre 1595 et 1602, semble avoir eu avec lui un lien de parenté et a pu être son père ou son oncle (V. testament en date du 28 mars 1602, Somerset House, London, P. C. C. Montague 25 ; Surrey Arch. Coll. X : 306).
En 1591, Lord Burghley avait reçu des renseignements secrets à l’effet que la vallée du Saint-Laurent abondait en morses, baleines et animaux à fourrure. Un vaisseau breton, le Bonaventure, appartenant à La Court de Pré-Ravillon, fut amené à Bristol avec un chargement de défenses et de peaux de 1500 morses et de 80 barriques d’huile, le tout capturé par son équipage et celui de sa conserve. William James de Bristol obtint d’un membre anonyme de l’équipage, probablement le capitaine du Bonaventure, des renseignements sur les ports de Ramée (îles de la Madeleine) et en fit rapport le 19 septembre à Lord Burghley. Un mois plus tard à peine, Edward Palmer écrivit de Saint-Jean-de-Luz à Lord Burghley pour l’informer qu’un vaisseau basque en provenance du Canada, avec une cargaison d’huile et de magnifiques fourrures, avait été amené à Weymouth et qu’il devrait faire enquête sur la cargaison et sa provenance (PRO, S.P. 94/4, ff.64–66).
Ce fut peut-être Burghley qui persuada Hill d’envoyer le Marigold vers le Sud-Ouest pour prendre part à une expédition anglaise de chasse au morse. La même année, un pilote basque, Stevan de Bocall, qui connaissait bien le golfe, se rendit à Bristol et embarqua à bord d’un navire qui allait faire la pêche dans le Saint-Laurent [V. Wyet]. Il est possible qu’il se soit engagé à piloter George Drake de Topsham, qui devait se porter à la rencontre du Marigold en avril.
Les deux vaisseaux ne quittèrent Falmouth que le 1er juin. Fisher nous apprend qu’ils se séparèrent en haute mer. Le vaisseau de Drake arriva le premier à Terre-Neuve et réussit à se rendre aux îles de la Madeleine (sans doute parce qu’il avait à son bord un pilote expérimenté). Il trouva Havre-aux-Basques et Havre-aux-Maisons ou Grand Entrée occupés par des Basques et des Bretons, mais, dans l’un des deux ports, il n’y avait qu’un seul vaisseau breton (probablement celui de La Court de Pré-Ravillon) qui s’apprêtait à mettre à la voile. Pris de panique parce qu’il provenait d’un port de la Ligue catholique et craignait d’être attaqué par les Anglais, ce vaisseau disparut à la faveur de la nuit, permettant ainsi à George Drake de capturer trois de ses embarcations qui étaient alors à la chasse avec 23 hommes à bord. Il captura en même temps, semble-t-il, bon nombre de carcasses de morse. Après avoir fait la chasse pendant quelque temps, Drake fit voile vers l’Angleterre sans attendre le Marigold.
Fisher nous apprend que le Marigold, après avoir franchi le détroit de Cabot, dépassa les îles de la Madeleine sans les voir et s’en aperçut après. Le Marigold mit des hommes à terre au Cap-Breton puis fit environ 50 ou 60 lieues vers l’Ouest et le Sud-Ouest, en longeant les rives du Cap-Breton et de la Nouvelle-Ecosse, peut-être jusqu’à l’endroit où se trouve aujourd’hui le port de Halifax. Jusqu’à la fin de septembre, il louvoya le long des côtes d’Arambec (nom de la Nouvelle-Écosse en micmac). Fisher n’explique pas cette indécision. Il avait pris des notes sur les arbres et les fruits qu’il avait vus ainsi que sur les Indiens qu’il avait rencontrés lors de ses nombreuses escales au Cap-Breton. Il fut ainsi le premier Anglais à y mettre pied, mais il ne rapporte pas avoir fait aussi escale sur la côte de la Nouvelle-Écosse, bien qu’il signale avoir vu des phoques, des marsouins et des baleines au large de la côte. Il semblerait que le Marigold ait attendu le vaisseau de Drake pour faire route en sa compagnie.
Finalement, le capitaine persuada l’équipage de se diriger vers les Açores dans l’espérance d’y faire une prise. Le seul vaisseau portugais qu’ils y rencontrèrent était si bien armé qu’ils n’osèrent l’attaquer. Le Marigold arriva en vue des Downs le 22 décembre, mais ne put atteindre la Tamise avant Noël. Ce voyage fut un échec complet et on ne semble pas avoir tenté l’expérience de nouveau.
La relation de Fisher, bien que fort honnête, n’a guère de remarquable que certains aperçus sur les Micmacs, qui lui confèrent une certaine valeur en raison de leur nouveauté.
[Pour la suite des excursions vers les îles de la Madeleine, V. Charles Leigh.]
Hakluyt, Principal Navigations (1903–05), VIII : 150–162.— Biggar, Early trading companies.— S. E. Dawson, The St. Lawrence Basin (London, 1905).— R. Douglas, La Nomenclature géographique des Isles Madeleine, Province de Québec, BSGQ, XIX (1925) : 228–240, 301–305.
David B. Quinn, « FISHER, RICHARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fisher_richard_1F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |