FERGUSON, ROBERT, homme d’affaires, juge de paix, juge, fonctionnaire et officier de milice, né le 17 avril 1768 à Logierait (région de Tayside, Écosse), fils d’Adam Ferguson et de Marjory Connacher ; le 11 décembre 1806, il épousa Mary Adams, premier enfant né de parents anglophones sur les rives de la rivière Restigouche, Nouveau-Brunswick, et ils eurent huit fils et trois filles ; décédé le 10 août 1851 à Campbellton, Nouveau-Brunswick.
Robert Ferguson vint dans la région de la Restigouche en 1796 pour devenir commis principal dans l’entreprise commerciale que son frère Alexander avait mise sur pied en 1794 à Martin’s Point (Campbellton). À la mort de ce dernier, en 1803, Robert prit charge de l’entreprise. Deux ans plus tard, il était le plus gros marchand et exportateur de poisson de la Restigouche, et il expédiait environ 1 400 barils de saumon par année. Plus tard, ce secteur de ses affaires déclinera légèrement, mais il sera encore rentable et, durant les années 1840, Ferguson continuera d’expédier environ 1 200 barils par année. En 1812, il acheta de la veuve de son ancien rival, Samuel Lee*, plus de 2 000 acres de terrain, une scierie et plusieurs emplacements de pêche, ce qui fit de lui le plus important propriétaire foncier de la région. L’entreprise de Ferguson exploitait sur la rivière le seul moulin servant à produire la farine et à scier le bois, et, dès les années 1820, elle achetait et exportait du bois équarri.
Vers 1812, dans le village qui porte maintenant le nom d’Atholville, Ferguson avait entrepris de construire ses propres bateaux afin de transporter son poisson et son bois vers les marchés et, bien que son activité dans ce domaine ait laissé peu de traces, on sait qu’il construisit au moins trois navires de type trois-mâts barque, un brick et deux schooners. Pendant la guerre de 1812, deux de ses navires furent capturés par des corsaires américains, et Ferguson, qui se trouvait à bord de l’un d’eux comme passager, demeura quelque temps prisonnier à Salem, au Massachusetts. Peu après son retour, il fit construire une impressionnante résidence, nommée Athol House, et un magasin qui devint le centre commercial de cette partie de la Restigouche.
En 1813, Ferguson fut nommé juge de paix du comté de Northumberland et, en 1827, sur la recommandation du juge principal, Hugh Munro*, on le nomma juge de paix et juge de la Cour inférieure des plaids communs du nouveau comté de Gloucester. Il allait conserver ces postes jusqu’à sa mort. En 1826, il avait mis en vente des lots urbains qui devaient devenir plus tard partie intégrante de Campbellton. L’un des fondateurs de la Gloucester Agricultural and Emigrant Society en 1828 et de la Restigouche Agricultural Society en 1840, il fut président de ces deux organismes durant de nombreuses années. En 1831, Ferguson fut l’un des commissaires chargés de tracer la première route reliant le Nouveau-Brunswick et le Bas-Canada. Il fut colonel du 1er bataillon du régiment de Restigouche dans les années 1840 et membre du premier bureau de santé du comté, bureau qui fut créé en 1840. Homme aux convictions religieuses profondes, il donna le terrain sur lequel fut construite la première église presbytérienne sur les rives de la Restigouche.
Ferguson était un ami de Hugh Munro et les deux hommes appartenaient à la vieille garde du nord du Nouveau-Brunswick. Ce groupe était composé de loyalistes et de colons écossais établis depuis longtemps, qui avaient la haute main sur les métiers et lé commerce de la région ; ils avaient pratiquement dominé les Acadiens durant la période de 1790–1830 et ils étaient également impopulaires parmi les nouveaux immigrants, Irlandais pour la plupart, qui avaient commencé à arriver après les guerres napoléoniennes. Leur autorité fut sérieusement contestée pour la première fois lorsque William End* devint greffier du comté en 1827. End se fit le défenseur des Irlandais et des Acadiens, et Ferguson et Munro tentèrent d’obtenir son renvoi. À l’élection tenue en 1830 dans le comté de Gloucester, End se présenta au poste de greffier du comté contre Munro et il remporta la victoire. Toutefois, lorsque End convoqua une réunion de la Cour des sessions trimestrielles l’année suivante, Ferguson, qui avait été qualifié de « vieux scélérat et [de] parjure » par End, et les autres magistrats refusèrent de se présenter. End nomma alors d’autres juges, mais Ferguson, Munro et leurs collègues persuadèrent le gouvernement de le relever de ses fonctions, sous prétexte qu’il n’était pas un résident du comté. Leur victoire fut de courte durée car, le 1er juillet 1831, lord Goderich, secrétaire d’État aux Colonies, ordonna sa réintégration. Goderich enjoignit aussi à End de quitter Newcastle pour Bathurst et d’offrir des excuses à Ferguson et aux autres juges pour avoir outrepassé ses pouvoirs en les remplaçant.
Au cours des années 1830, la situation dans la région du nord du Nouveau-Brunswick se modifia et la prépondérance des gens tels que Robert Ferguson et Munro diminua à mesure que les immigrants se faisaient plus nombreux. Luttant contre ce déclin, Ferguson se mit à organiser des réunions en 1836 afin de réclamer la création d’un nouveau comté, dans lequel il serait capable de conserver son prestige. En 1837, le comté de Gloucester fut divisé, et on créa le nouveau comté de Restigouche. Ferguson continua d’avoir beaucoup d’influence à cet endroit et, durant les années 1840, il passait pour « le fondateur et le père [du comté] de Restigouche ». Depuis sa maison, il exploitait l’une des plus grosses fermes de la région, et tous les dignitaires en visite, y compris le lieutenant-gouverneur, sir William MacBean George Colebrooke*, furent reçus chez lui. De la première décennie du xixe siècle jusqu’à sa mort en 1851, Ferguson fut le principal homme d’affaires de la Restigouche ; après lui, ses fils occupèrent également des postes de premier plan dans la région.
APNB, RG 10, RS 108, James Butters et al., 1817 ; Robert Ferguson Jr., 1817.— Musée du N.-B., F64, n° 36 ; Ferguson family, cb doc.— Northumberland Land Registry Office (Newcastle, N.-B.), Registry books, 10 : 90–95 (mfm aux APNB).— Robert Cooney, A compendious history of the northern part of the province of New Brunswick, and of the district of Gaspé, in Lower Canada (Halifax, 1832 ; réimpr., Chatham, N.-B., 1896).— N.-B., House of Assembly, Journal, 1850, app. : clix-x.— Gleaner (Chatham), 25 oct. 1831, 19 janv. 1836, 28 janv. 1840, 26 janv. 1841, 18 oct. 1842, 3 janv. 1844, 25 août 1851.— Mercury (Miramichi, N.-B.), 12 déc. 1826, 29 mai 1827, 19 févr. 1828.— G. B. MacBeath, The story of the Restigouche : covering the Indian, French, and English periods of the Restigouche area (Saint-Jean, N.-B., 1954).— MacNutt, New Brunswick.— J. C. Henderson, « Sketches in Restigouche history », Daily Sun (Saint-Jean), 7 févr. 1883.
William A. Spray, « FERGUSON, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ferguson_robert_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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