FAUVEL, WILLIAM LE BOUTILLIER, commerçant, homme politique et fonctionnaire, né le 5 janvier 1850 à Percé, Bas-Canada, fils de John Fauvel et d’Henriette-Marie Le Boutillier ; le 11 avril 1881, il épousa Emma Du Heaume ; décédé le 8 février 1897 à Paspébiac, Québec.
William Le Boutillier Fauvel est issu d’une famille de marchands engagés dans le commerce de la morue. Son père, d’abord gérant de la Charles Robin and Company [V. Charles Robin*] à Percé, de 1833 à 1850, s’établit ensuite à Pointe-Saint-Pierre où il fonde sa propre entreprise commerciale, la John Fauvel and Company, en 1854. Même s’il n’est pas certain que sa mère soit la sœur de John Le Boutillier*, il reste que ces deux familles de marchands sont de plus en plus étroitement associées économiquement au moins, par suite du mariage en 1855 d’un fils de Le Boutillier avec une fille de John Fauvel.
Élevé dans un milieu propice à la fois à l’apprentissage du commerce et au développement d’un intérêt pour l’action politique, Fauvel travaille, dès son adolescence, pour son père, mais il n’assume pas de fonction importante à ce moment. La John Fauvel and Company est dirigée exclusivement par son fondateur ; relativement modeste, elle ne possède que deux petits établissements de pêche, à Pointe-Saint-Pierre et à Saint-Georges-de-la-Malbaie (Saint-Georges-de-Malbaie), et un troisième, sur la Côte-Nord cette fois, mis sur pied vers 1865 à Longue-Pointe-de-Mingan.
John Fauvel se retire en 1879 à Saint-Hélier, dans son île natale de Jersey, et vend l’actif de son entreprise en trois parts indivises à ses fils John Bertram, George Philip et William. Tandis que les deux aînés dirigent la compagnie à partir de Pointe-Saint-Pierre, William demeure à Paspébiac. En 1885, grâce au rachat de la part de John Bertram, William et son autre frère deviennent propriétaires de la compagnie à parts égales.
Toutefois, en 1886, William Fauvel est nommé procureur des créanciers de la Le Boutillier Brothers [V. David Le Boutillier*], compagnie en liquidation par suite de son association avec la Jersey Banking Company, de Saint-Hélier, laquelle a déclaré faillite. Amené à gérer l’entreprise pendant la période de transition entre les anciens et les nouveaux propriétaires, Fauvel ne tarde pas à en découvrir l’ampleur et la solidité. À l’été de 1888, il visite les établissements et les stations de pêche de la compagnie le long de la côte du Labrador et de la baie des Chaleurs, et il décide de s’associer à un groupe de financiers de Québec pour la racheter. Résidant à Paspébiac, où se trouve le siège social de ce qui est devenu la Le Boutillier Brothers Limited, Fauvel en est le premier gérant général. En 1889, comme il a perdu tout intérêt à la John Fauvel and Company, il se dessaisit de sa part au profit de son frère George Philip.
Les intérêts de Fauvel le portent cependant davantage vers la politique. Déjà, il a été élu maire de New Carlisle, il a effectué plusieurs séjours à l’étranger, notamment en Norvège, à titre d’expert dans le domaine des pêches, et il a été nommé vice-consul du Portugal à Paspébiac. En 1891, élu député libéral de Bonaventure au Parlement fédéral, il l’a emporté contre le représentant de cette circonscription depuis 1882, Louis-Joseph Riopel, gérant de la Compagnie du chemin de fer de la baie des Chaleurs [V. Honoré Mercier ; Théodore Robitaille]. Il a bénéficié de l’appui du premier ministre Mercier, qui est aussi le député provincial de Bonaventure. L’année suivante, ce dernier prie Fauvel, à l’occasion des élections provinciales, de tenter de contrer les projets de ses adversaires conservateurs dans la région et de rétablir la confiance dans l’intégrité de son gouvernement. Mercier est réélu, mais le gouvernement est défait. Homme de confiance de Mercier, Fauvel est aussi l’organisateur de François-Xavier Lemieux*, qui brigue les suffrages à l’élection provinciale partielle tenue dans Bonaventure en 1894 par suite de la mort de Mercier ; il semble avoir été le principal artisan de cette victoire libérale. En 1896, Fauvel est à son tour réélu dans sa circonscription sous la bannière libérale.
À partir de 1895, la santé de William Le Boutillier Fauvel a commencé à donner des signes d’inquiétude. Il songe à effectuer un long séjour de repos à l’étranger, mais ses nombreuses tâches l’accaparent. Il meurt le 8 février 1897 à Paspébiac, en laissant vacant son siège à la chambre des Communes. Il est inhumé le 10 février par le ministre de l’Église d’Angleterre de New Carlisle et de Paspébiac. À l’été suivant, on érige un monument à la mémoire de Fauvel à New Carlisle.
AC, Bonaventure (New Carlisle), État civil, Anglicans, New Carlisle, 8 févr. 1897.— AN, MG 27, 1, E3.— ANQ-Q, P1000-37-701.— BE, Gaspé (Percé), reg. B, 11, no 123 : 110 ; 13, no 301 : 264 ; 14, no 4 : 4 ; 15, no 126 : 106 ; 19, no 884 : 850.— J.-P. Le Garignon, « la Famille Le Bouthillier (quelques documents généalogiques) », Gaspésie (Gaspé, Québec), 17 (1979) : 163–173.— Canadian directory of parl. (Johnson).— J. Desjardins, Guide parl.— P.-G. Roy, « les Monuments commémoratifs de la province de Québec », BRH, 30 (1924) : 36.— Jules Bélanger et al., Histoire de la Gaspésie (Montréal, 1981).— Pierre Rastoul et Chantal Soucy, « le Site de Pointe-Saint-Pierre, municipalité de Percé, comté de Gaspé-Est [...] » (copie dactylographiée, Gaspé, 1981), 75–85.— Rumilly, Mercier et son temps, 2.
André Lepage, « FAUVEL, WILLIAM LE BOUTILLIER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fauvel_william_le_boutillier_12F.html.
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Auteur de l'article: | André Lepage |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |