EYRE (Ayres, Eyres), WILLIAM (il signait Eyre), officier, ingénieur, décédé en 1765.
On ne sait rien des premières années de la vie et de la carrière de William Eyre sinon qu’il avait acquis une riche expérience militaire en Europe avant de passer en Amérique du Nord. En 1744, il exerçait la profession d’ingénieur et il combattit en Écosse dans les rangs des forces gouvernementales lors du soulèvement des Jacobites en 1745. En 1747 il travailla à la défense de Bergen op Zoom, Pays-Bas, comme ingénieur ordinaire et, l’année suivante, il reçut le grade de sous-ingénieur.
Eyre arriva en Virginie avec le maréchal de camp Edward Braddock, au début de 1755, en qualité de captitaine dans le 44e régiment, mais il fut envoyé dans la colonie de New York avant que Braddock ne lance sa malheureuse expédition contre le fort Duquesne (Pittsburgh, Penn.). La même année, Eyre occupa les fonctions d’ingénieur et de quartier-maître lors de l’expédition de William Johnson* contre le fort Saint-Frédéric (Crown Point, N.Y.). Il construisit le fort de palissades Edward (N.Y.) puis rejoignit le gros des troupes de Johnson à temps pour fortifier le campement à la tête du lac Saint-Sacrement (lac George) avant que l’armée de Dieskau n’attaque. Le succès que remporta Eyre comme commandant de l’artillerie, au cours de l’engagement qui suivit, lui valut les éloges de son supérieur, la reconnaissance des gouvernements des colonies et la promotion au grade de major. L’influence qu’il exerçait par sa compétence professionnelle sur les officiers coloniaux est évidente à la lecture des instructions qu’il donnait aux commandants de ses forts. Ces instructions étaient une initiation à la guerre de siège et une description des « honneurs de la guerre » que les officiers devaient exiger en cas de reddition.
En 1756, Eyre traça les plans et surveilla la construction du fort William Henry (également connu sous le nom de fort George) à la tête du lac Saint-Sacrement. Il commanda avec succès, en mars 1757, la garnison de 500 hommes lors d’un engagement contre des assaillants trois fois plus nombreux sous les ordres de François-Pierre de Rigaud* de Vaudreuil. Le gouverneur, Pierre de Rigaud* de Vaudreuil, dit, en parlant d’Eyre, qu’il était « un officier expérimenté & consommé dans l’art de la Guerre ».
Eyre reçut une commission de lieutenant-colonel le 17 juillet 1758, neuf jours après avoir été blessé au fort Carillon (Ticonderoga, N.Y.), où il avait le commandement du 44e régiment. L’année suivante, on le nomma ingénieur en chef intérimaire et il entreprit l’érection du nouveau fort Ticonderoga. À l’automne, le général Jeffery Amherst* muta Eyre au fort Niagara (près de Youngstown, N. Y.) car, disait-il, « je croyais que c’était la meilleure chose à faire pour renforcer efficacement la défense de la place ». Au cours de l’été de 1760, Eyre rejoignit les forces d’Amherst à temps pour participer à la prise du fort Lévis (à l’est de Prescott, Ont.) et à l’expédition sur Montréal où il passa l’hiver.
Au moment où le centre des opérations militaires se déplaçait vers l’ouest, Eyre retourna au fort Niagara en juillet 1761 et il y participa à une conférence avec Wabbicommicot et d’autres Mississagues. Au cours de l’hiver de 1761–1762, il inspecta les dommages que les inondations avaient causés au fort Pitt, érigé sur l’emplacement du fort Duquesne. Au moment où il se disposait à se rendre de nouveau à Niagara, à l’automne de 1763, Eyre avoua : « Je suis las de la guerre dans ce pays. » Malgré ses huit années de service ininterrompu, il ne put obtenir de congé. On le lui accorda finalement à l’automne de 1764 mais en rentrant dans son pays, Eyre se noya près de la côte anglaise, en 1765.
Malgré le caractère européen de sa formation, Eyre fut conscient des réalités coloniales de l’Ouest. Il fut l’un des rares officiers anglais à critiquer la ligne de conduite d’Amherst à l’endroit des Indiens ; il la définissait ainsi : « Les punir s’ils se conduisent mal », une façon d’agir « si manifestement romanesque et contraire au sens commun ». Eyre suggéra l’évacuation des postes à l’ouest de Niagara afin de réduire la provocation, et aussi en vue de permettre aux autres postes de se porter mutuellement secours en cas d’alerte et diminuer les risques d’attaques par les Indiens en allongeant les trajets. Il soutint que de petits groupes de trafiquants, sous la direction d’hommes que se seraient engagés sur l’honneur à commercer équitablement, traiteraient avec les Indiens de façon beaucoup plus juste que ne le faisaient les forts, et s’il advenait que des trafiquants soient victimes des agissements des Indiens, on pourrait riposter par un embargo à l’endroit de la tribu coupable. Toutefois, Eyre apporta sa véritable contribution comme membre de cette élite militaire professionnelle qui finit par émerger dans les deux armées en présence et, par la suite, dans la lutte dont le Canada était l’enjeu.
PRO, WO 34/76, 34/85.— Correspondence of William Shirley (Lincoln).— Johnson papers (Sullivan et al.).— Knox, Historical journal (Doughty).— Military affairs in North America, 1748–1765 : selected documents from the Cumberland papers in Windsor Castle, S. M. Pargellis, édit. (New York, Londres, 1936).— NYCD (O’Callaghan et Fernow), X.
I. K. Steele, « EYRE (Ayres, Eyres), WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/eyre_william_3F.html.
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Auteur de l'article: | I. K. Steele |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |