EYNARD, MARIE-GERMAIN-ÉMILE, prêtre, oblat de Marie-Immaculée, missionnaire, né à Gênes, en Italie, le 28 mai 1824, fils de Jacques Eynard et de Marie-Anne-Agathe Lévêque, originaires d’Embrun (Hautes-Alpes), décédé à Fort Chipewyan, T.-N.-O. (Alberta), le 6 août 1873.

Germain Eynard commence ses études classiques au petit séminaire d’Embrun et les termine au collège de l’université où il obtient son baccalauréat ès lettres et son baccalauréat ès mathématiques. Après avoir étudié à l’école Polytechnique, il entre dans le service des Ponts et Chaussées.

En 1847, Eynard est à Longuyon (Moselle) en qualité de suppléant du garde général des eaux et forêts. Quittant bientôt sa situation, il entre au grand séminaire de Metz, d’où il passe au noviciat des oblats à Notre-Dame de l’Osier (Isère) et fait profession le 1er novembre 1854. Ses études théologiques terminées au scolasticat de Montolivet, près de Marseille, il y est ordonné prêtre, le 24 mars 1855 ; par Mgr Charles-Joseph-Eugène de Mazenod.

On le retrouve l’année suivante au sanctuaire de Notre-Dame de Cléry (Loiret), où, à cause de sa santé fragile et de sa timidité naturelle, il exerce peu le ministère sacerdotal et sert de répétiteur au fils du marquis de Poterat. De là, il se rend à Dublin pour étudier l’anglais durant quelques mois, avant son départ pour les missions du Nord-Ouest canadien.

Arrivé à Saint-Boniface (Manitoba) en 1857, il travaille comme vicaire à Saint-Norbert pendant l’hiver de 1857–1858, après quoi il part pour les missions de l’Athabasca-Mackenzie, en compagnie de l’archidiacre James Hunter*, de l’Église d’Angleterre. On le destine à la très pauvre, mais importante mission de Saint-Joseph, au fort Resolution, sur les bords du Grand lac des Esclaves. Le missionnaire est souvent exposé au jeûne et à l’isolement, sans compter que les employés de la mission lui suscitent des tracas incessants. En plus de prendre soin de ses ouailles, Eynard étudie la langue montagnaise et enseigne le français et le catéchisme aux enfants du poste de la Hudson’s Bay Company. Malgré une santé débile et une vue très faible, il visite et dessert les postes du fort Rae et du fort Providence. Ses voyages nombreux et pénibles feront dire à son évêque, Mgr Henri Faraud*, qu’il passait « la plus grande partie de ses hivers la raquette aux pieds et couchant sur la neige ».

De 1863 jusqu’à sa mort en 1873, il œuvre sur les bords du lac Athabasca, à la mission de La Nativité (Fort Chipewyan, T.-N.-O.) et à la desserte de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs (Fond-du-Lac). De là, il rayonne dans la région et chaque année le retrouve dans différents forts : Providence, Resolution, ainsi qu’à la rivière au Sel (Sait River). Le 15 août 1867, résidant au fort Chipewyan, il est l’un des deux prêtres assistants lors de l’ humble cérémonie du sacre de Mgr Isidore Clut*.

Timide et peu loquace, Eynard éprouva toujours beaucoup de difficulté à apprendre et à parler la langue montagnaise, qu’il qualifiait de « rebelle » ; il n’en continua pas moins l’étude jusqu’à la fin de sa vie. Les Indiens à qui il s’adressait le considéraient comme un « brave homme », ce qui faisait dire à l’un d’eux : « Avec le P. Eynard, on parle moins, mais on prie avec plus de ferveur. » Son influence spirituelle fut prépondérante ; mais, à cause de sa distraction, on le jugea toujours inapte à assumer la direction matérielle d’une mission. Cependant ses supérieurs et ses confrères recherchaient sa compagnie et le tenaient en haute estime. Homme pondéré et avisé, il devint membre du conseil vicarial du Mackenzie. De plus, son esprit pacifique lui permit d’être un agent de paix entre les missions catholiques et les officiers de la Hudson’s Bay Company. Il entretint des relations de véritable amitié avec Lawrence Clarke, bourgeois du fort Rae, et avec Roderick MacFarlane, du fort Chipewyan. Selon la mentalité de l’époque, Eynard regretta l’entrée des ministres protestants dans le district et il était prêt à tous les sacrifices pour défendre ses ouailles.

Le père Eynard est mort en se baignant dans le lac Athabasca. Son corps fut retrouvé grâce à l’aide de son ami MacFarlane. Selon le désir qu’il avait exprimé peu avant sa mort, Eynard fut inhumé dans le vieux cimetière indien de la mission de La Nativité. On affirme qu’il fut vivement regretté de tous, protestants comme catholiques.

Gaston Carrière

Archives de l’archevêché de Grouard-McLennan (McLennan, Alta), Mémoires de Mgr Isidore Clut.— Archives de l’archevêché de Saint-Boniface (Man.), Germain Eynard, Histoire de la mission de Saint-Joseph du Grand lac des Esclaves.— Archives générales O.M.I. (Rome), Dossier Germain Eynard ; Histoire de la mission de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs établie au fond du lac Athabasca (copies aux AHO).— Notices nécrologiques des O.M.I, II : 423–429.— [P.-J.-B.] Duchaussois, Aux glaces polaires ; Indiens et Esquimaux (1re éd., Lyon, [1921]), 230–233.— Morice, Hist. de l’Église catholique, II : passim.— Henri Faraud, Nécrologie, Les missions catholiques (Lyon), VI (1874) : 21–23.

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Gaston Carrière, « EYNARD, MARIE-GERMAIN-ÉMILE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/eynard_marie_germain_emile_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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