EGUSHWA (Agashawa, Augooshaway, Negushwa), chef de guerre outaouais, né vers 1730, probablement dans la région de la rivière Détroit, décédé vers 1800 dans le sud-est du Michigan.
Egushwa, qui avait la réputation de s’être battu dans sa jeunesse du côté des Français contre les Anglais, perça parmi les Indiens de la rivière Détroit dans les années 1770 comme un des successeurs de Pondiac* auquel il était, semble-t-il, apparenté. Bien qu’il fit d’abord sa marque comme chef de guerre et fût inscrit comme tel à un conseil tenu à Détroit en juin 1778, il allait devenir l’un des orateurs les plus en vue sur toutes les questions touchant la cause des Outaouais, des Sauteux, des Potéouatamis et, parfois, des Wyandots des alentours. En 1778, il était le principal chef indien au sein de l’expédition de Henry Hamilton contre Vincennes (Indiana), dont les habitants s’étaient déclarés en faveur des rebelles. Il conseilla Hamilton, servit d’agent de liaison entre ce dernier et les autres chefs et conduisit des détachements d’éclaireurs dans le pays environnant. Plus tard au cours de la Révolution américaine, il accompagna probablement le capitaine Henry Bird dans une expédition au Kentucky, en 1780.
Vers la fin des années 1780, le pouvoir et l’influence d’Egushwa s’étendaient dans toute la région de la rivière Détroit, dans le sud du Michigan et dans le territoire situé au sud du lac Érié. Il était en rapport avec des Indiens de l’Ohio, convertis par les frères moraves. Pendant la révolution, ces Indiens avaient d’abord été arrachés de force à leurs villages par les Britanniques et, par la suite, les Américains leur étaient tombés dessus [V. Glikhikan]. Il les assura qu’ils se trouvaient en sécurité dans leur nouveau village de New Salem (12 milles environ au sud de Sandusky, Ohio). Le missionnaire David Zeisberger* souligna qu’Egushwa détenait l’autorité dans la région et que les questions les plus importantes lui étaient réservées. À Détroit, en 1790, le chef était l’un des signataires à un traité par lequel les Outaouais, les Sauteux, les Potéouatamis et les Wyandots cédaient aux Britanniques des terres dans la région qui forme à présent le sud-ouest de l’Ontario.
Bien qu’à la fin de la Révolution américaine la Grande-Bretagne ait accepté de se retirer du pays situé au sud des Grands Lacs, elle n’en avait rien fait, espérant qu’avec son encouragement les Indiens de l’Ohio seraient capables de s’opposer à la progression du peuplement américain. Les Américains, cependant, étaient déterminés à imposer leur autorité sur la région. Egushwa contribua à organiser la résistance indienne à l’avance américaine vers l’autre rive de la rivière Ohio. Il était particulièrement actif à l’époque de l’expédition du major général Anthony Wayne, en 1793 et en 1794, adressant des messages aux Sauteux, aux Potéouatamis et aux Outaouais les encourageant à s’assembler sur la rivière des Miamis (Maumee) pour aider à contenir les forces américaines. Parlant et agissant au nom de ces tribus, il fut l’un des chefs les plus en vue parmi ceux qui s’assemblèrent, avec leurs guerriers, pour bloquer l’avance de Wayne. Il se battit contre les Américains à la bataille de Fallen Timbers (près de Waterville, Ohio) en août 1794, où les Indiens, laissés à eux-mêmes par les Britanniques des environs, furent défaits. Le lieutenant-gouverneur Simcoe*, du Haut-Canada, parla de lui comme de « ce grand chef et solide ami des Britanniques ».
Egushwa se rétablit d’une grave blessure à la tête reçue pendant la bataille et, dans le milieu des années 1790, il vivait dans la région de la rivière Raisin (Michigan). Tard au printemps de 1795, il se rendit à Greenville (Ohio) pour y négocier avec Wayne. Il prit la parole au conseil et signa le traité de Greenville, qui remettait aux Américains la plus grande partie de l’Ohio actuel. À son retour à la rivière Raisin, il envoya à l’agent britannique des Affaires indiennes, Alexander McKee, la copie du traité et la grosse médaille de la paix que lui avait donnée Wayne.
Egushwa mourut dans le sud-est du Michigan vers 1800. Selon le trafiquant Pierre Navarre, son frère Nodowance était lui aussi chef de guerre, et un autre de ses frères, Flat Button, était un guerrier.
Correspondence of Lieut. Governor Simcoe (Cruikshank), II : 8, 126–129, 189, 195, 224, 233, 345, 396 ; III : 19, 274, 292, 325 ; IV : 26, 71, 92s., 304 ; V: 130.— [L. C. Draper], Biographical field notes of Dr. Lyman C. Draper : Toledo and vicinity, 1836–1866, Hist. Soc. of Northwestern Ohio, Quarterly Bull. (Toledo), 5 (1933), no 4 : items 82, 142, 151.— É.-U., Congress, American state papers : documents, legislative and executive, of the Congress of the United States [...] (38 vol., Washington, 1832–1861), class ii, vol. [1]: 566.— Frontier defense on the upper Ohio, 1777–1778 [...], R. G. Thwaites et L. P. Kellogg, édit. (Madison, Wis., 1912 ; réimpr., Millwood, N.Y., 1973).— Henry Hamilton and George Rogers Clark in the American revolution, with the unpublished journal of Lieut. Gov. Henry Hamilton, J. D. Barnhart, édit. (Crawfordsville, Ind., 1951).— Indian affairs : laws and treaties, C. J. Kappler, compil. (5 vol., Washington, 1904–1941 ; réimpr., New York, 1971), II : 44.— Michigan Pioneer Coll., IX (1886) : 442, 483 ; X (1886) : 394 ; XX (1892) : 350.— [David Zeisberger], Diary of David Zeisberger, a Moravian missionary among the Indians of Ohio, E. F. Bliss, trad. et édit. (2 vol., Cincinnati, Ohio, 1885), I : 437s. ; II : 26s., 39s., 83s., 154.— R. F. Bauman, Pontiac’s successor : the Ottawa Au-goosh-away (E Gouch-e-ouay), Northwest Ohio Quarterly (Toledo), XXVI (1954) : 8–38.
Reginald Horsman, « EGUSHWA (Agashawa, Augooshaway, Negushwa) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/egushwa_4F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
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