EDMUNDSON, WILLIAM GRAHAM, fermier, homme d’affaires et rédacteur en chef, né vers 1815, fils de James Edmundson et de Margaret Graham ; décédé le 19 octobre 1852 près de Nauvoo, Illinois.

En 1841, William Graham Edmundson, jeune fermier du district de Home, dans le Haut-Canada, envisagea de lancer un journal agricole à Toronto, mais la parution cette année-là du Canadian Farmer and Mechanic, à Kingston, lui fit remettre son projet, et il donna son appui à la nouvelle publication. Celle-ci ne tarda pas à connaître des difficultés financières, et le rédacteur en chef, A. B. E. F. Garfield, quitta Kingston à l’automne de 1841 pour aller fonder un autre journal à Syracuse, dans l’état de New York. Son associé, un dénommé Good, céda la liste des abonnés et des journaux échangés, la correspondance et des factures impayées (£100) à Edmundson et à John Eastwood, qui firent paraître le British American Cultivator à Toronto dès le mois de janvier 1842. Le premier rédacteur en chef, William Evans, effectua sa tâche à partir de Montréal jusqu’au moment où, en avril 1843, des restrictions financières, ainsi que les inconvénients et les dépenses entraînés par l’envoi des textes depuis Montréal, obligèrent Edmundson à assurer lui-même le travail de rédaction. Son journal mensuel domina le journalisme agricole dans la province jusqu’en décembre 1847 et constitua un modèle qui, plus tard, fut repris avec succès par des publications plus stables.

Le British American Cultivator avait un en-tête décoré et exhibait cette devise altière : « L’agriculture apporte non seulement la richesse à une nation, mais encore la seule richesse que celle-ci peut considérer comme sienne. » Certains numéros comportaient des illustrations détaillées de gravures sur bois réalisées par Frederick C. Lowe, qui représentaient du bétail et des instruments aratoires. Les articles, dont un grand nombre étaient empruntés à des journaux américains, étaient souvent théoriques et de compréhension difficile. Ils traitaient, par exemple, de l’amélioration des troupeaux par le croisement avec des bêtes de race importées, des nouvelles méthodes de culture du sol et des variétés de semences plus résistantes. Le journal préconisait le développement de l’enseignement agricole au moyen de clubs de fermiers, de bibliothèques, de fermes modèles, de cours d’agriculture dans les écoles publiques et d’une chaire d’agriculture au King’s College. En outre, il appuyait sans réserve le travail des sociétés d’agriculture locales et publiait les comptes rendus de leurs réunions et des foires agricoles de la région. Edmundson préconisa à maintes reprises la création d’une association à l’échelle de la province en vue de coordonner les activités des diverses sociétés locales et d’organiser une exposition provinciale. Ses efforts portèrent fruit lorsque fut fondée, en août 1846, la Provincial Agricultural Association (rebaptisée Agricultural Association of Upper Canada en 1847). Edmundson fut nommé au comité directeur de l’association, et le British American Cultivator en devint le journal officiel. Les lettres adressées au rédacteur en chef, notamment celles d’Adam Fergusson*, révèlent que la diffusion du journal était surtout limitée aux régions « plus anciennes » de la province et que la plupart des abonnés étaient des fermiers bien établis et souvent prospères. En plus de refléter les progrès de l’agriculture et du journalisme agricole dans les années 1840, les efforts d’Edmundson permettent de connaître les risques liés à ce genre d’entreprise.

Pendant la seconde moitié de la décennie, les problèmes d’Edmundson devinrent plus nombreux et plus graves. Il avait toujours éprouvé des difficultés financières qui étaient dues, selon lui, au peu d’empressement que de nombreux lecteurs montraient à payer leur abonnement et à un tirage décevant qui n’atteignait, au mieux, qu’environ 5 000 exemplaires. En novembre 1845, il se plaignit de ce qu’il n’avait reçu depuis quatre ans aucun salaire et que, pour comble de malheur, il avait subi une perte de £500 en argent liquide. Pour essayer de joindre les deux bouts, il s’était établi en mai 1843, avec sa femme et son fils, dans une ferme du canton de Whitchurch, à 27 milles de Toronto. À cause de la distance, cette entreprise non seulement n’augmenta pas son revenu d’une manière satisfaisante, mais se révéla néfaste à son travail de rédacteur. C’est pourquoi, en 1846, il ouvrit à Toronto la Provincial Agricultural Warehouse, où il vendit des instruments aratoires et dirigea une agence de propriétés foncières et de brevets. La population rurale, de toute évidence, n’était pas encore prête à utiliser le matériel perfectionné qu’il offrait en vente. À la fin de 1847, il se retrouva une fois de plus avec une entreprise déficitaire et abandonna cette affaire. Cette année-là, Edmundson et son corédacteur en chef, George Buckland*, publièrent également le Provincial Advertiser, « journal mensuel consacré aux fabricants canadiens, à l’émigration, aux progrès du pays, aux affaires et au commerce ». Le journal avait pour but de fournir des renseignements sur des sujets autres que l’agriculture, peut-être afin de satisfaire les lecteurs du British American Cultivator qui demandaient un plus large éventail de nouvelles.

Il est possible que le tempérament d’Edmundson ait eu beaucoup à voir dans les difficultés qu’il connut au cours de sa carrière. Son incapacité de former des liens durables est attestée par le fait que pas moins de quatre imprimeurs firent paraître le British American Cultivator durant la courte existence du journal de 1842 à 1847. Ses relations tumultueuses avec William McDougall*, qui fut le représentant itinérant du British American Cultivator en 1842, puis qui fonda un journal concurrent, le Canada Farmer, en société avec Charles Lindsey*, témoignent également de ce trait de personnalité. Au cours de 1847, lorsque les deux journaux coexistèrent, Edmundson et McDougall se décochèrent mutuellement des pointes dans leurs éditoriaux, chacun accusant l’autre de provoquer les attaques. En avril, McDougall accusa Edmundson d’utiliser les fonds de la société d’agriculture pour acheter des annonces publicitaires dans le Provincial Advertiser. Le 22 mai, il affirma, très injustement, qu’Edmundson ne pouvait pas « écrire une seule phrase correctement en anglais » et que son journal, « sauf quelques passages, serait un déshonneur pour la littérature de n’importe quel pays ». En dépit de cette dénonciation, les deux propriétaires fusionnèrent leurs journaux afin de fonder l’Agriculturist & Canadian Journal, qui parut en janvier 1848. Leur association dura seulement jusqu’en août et prit fin dans l’amertume, McDougall accusant Edmundson de ne pas accomplir sa part du travail et de toucher de l’argent qu’il n’inscrivait pas dans les livres de comptes ou bien qu’il n’utilisait pas pour payer les dépenses. Le shérif saisit et vendit les intérêts qu’Edmundson possédait dans le journal afin de régler ses dettes personnelles et, là-dessus, Edmundson partit avec les listes d’abonnés, qu’il conserva jusqu’au moment où une injonction de la Cour de la chancellerie le força à les retourner.

Le travail accompli par Edmundson de 1846 à 1848, en qualité de secrétaire-trésorier de la société d’agriculture qu’il avait contribué à mettre sur pied, s’avéra également une expérience malheureuse. Se montrant imprudent dans la gestion des fonds de la société, il acheta des livres qu’il porta au compte de l’organisme, vraisemblablement sans autorisation, car les autres dirigeants lui firent un procès afin d’obtenir un règlement. Les rapports financiers de l’Agricultural Association of Upper Canada montrent que l’organisme reçut en mars 1850 un montant de £120 qui fut inscrit sous l’appellation de « caution d’Edmundson ».

À l’automne de 1848, après qu’Edmundson eut rompu avec McDougall, un journal appelé Farmer and Mechanic, où l’on retrouvait la façon de travailler d’Edmundson, fut publié à Toronto durant une courte période. Le dernier numéro de ce j ournal parut en avril 1849 et, après cette date, on ne trouva plus d’articles rédigés par Edmundson dans les journaux canadiens. Au cours de cette année-là, semble-t-il, ayant perdu la confiance de tous, il quitta le Canada et se rendit aux États-Unis. Le Cultivator de janvier 1852, publié à Albany, dans l’état de New York, contenait un texte signé W. G. E. qui traitait de la culture du blé dans le Haut-Mississippi. Il pourrait bien s’agir de la dernière contribution d’Edmundson au journalisme agricole avant sa mort.

L’échec de William Graham Edmundson apparaît nettement dans la façon dont les journaux canadiens traitèrent la nouvelle de sa mort. Le Canadian Agriculturist, journal officiel de l’Agricultural Association of Upper Canada à cette époque, donnait habituellement les avis de décès des personnes en vue dans le domaine de l’agriculture, mais il ne fit pas mention de la disparition d’Edmundson. Une courte notice, qui parut dans le Globe du 25 novembre 1852, rapporte qu’Edmundson mourut d’une inflammation du cerveau après seulement neuf jours de maladie. On n’y fait pas allusion à sa famille, mais uniquement à un « large cercle d’amis et de connaissances ».

Ann MacKenzie

C’est presque exclusivement dans les revues d’agriculture du Haut-Canada des années 1840 que l’on semble faire mention de William Graham Edmundson. La plus vaste collection de ces revues se trouve à la UWOL. Elle est l’œuvre du regretté professeur Fred Landon, dont l’étude, « Agricultural journals of Upper Canada », Agricultural Hist. (Chicago), 9 (1935) : 167–175, mit en lumière la carrière d’Edmundson. En plus de nombreuses revues américaines, la collection contient les publications canadiennes suivantes qui se rapportent directement à Edmundson : Canadian Farmer and Mechanic, publiée à Kingston, Ontario, 1841 ; et British American Cultivator, 1842–1847, Canada Farmer, 29 janv.–4 déc. 1847, Agriculturist & Canadian Journal, janv.–nov. 1848, Farmer and Mechanic, 1848–1849, et Canadian Agriculturist, 1 (1849)–15 (1863), ces dernières publiées à Toronto. Le prospectus du Canadian Farmer and Mechanic, daté du 16 nov. 1841, et contenant au verso une lettre de la main d’Edmundson, se trouve dans les papiers David Barker Stevenson, AO, MU 2884.  [a. mack.]

AO, MU 2128, 1906, no 13 (V. M. Roberts, « The Canadian National Exhibition, 1768–1906 », copie dactylographiée) ; MU 2884, W. G. Edmundson à D. B. Stevenson, 4 sept. 1841 ; MU 2885, Edmundson à Stevenson, 8 juin 1842 ; John Eastwood à Stevenson, 31 janv. 1846.— APC, RG 31, A1, 1842, Toronto, St Andrew’s ward.— MTL, Robert Baldwin papers, L-5, A43, nos 71–79 (Baldwin corr., févr. 1843-mars 1849).— York North Land Registry Office (Newmarket, Ontario), Deeds, Whitchurch Township, 3, no 37646 (mfm aux AO, GS 6424).— Cultivator (Albany, N. Y.), nouv. sér., 9 (1852).— H.-C., Board of Agriculture, Journal and Trans. (Toronto), 1 (1851–1856).— Provincial Advertiser (Toronto), 1847.— Globe, 25 nov. 1852.— Toronto directory, 1843–1847.— R. L. Jones, History of agriculture in Ontario, 1613–1880 (Toronto, 1946 ; réimpr., Toronto et Buffalo, N. Y., 1977).— Ann MacKenzie, « Animal husbandry in the 1840s as reflected in the agricultural journals of Canada West », OH, 66 (1974) : 114–128.— J. J. Talman, « Agricultural societies of Upper Canada », OH, 27 (1931) : 545–552.

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Ann MacKenzie, « EDMUNDSON, WILLIAM GRAHAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/edmundson_william_graham_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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