DUPUIS, NATHAN FELLOWES, professeur et scientifique, né le 13 avril 1836 dans le canton de Portland, Haut-Canada, troisième fils de Joseph Wells (Dupuis) et d’Eleanor Baker ; en 1860, il épousa Amelia Ann McGinnis (décédée en 1905), de Watertown, New York, et ils eurent quatre enfants parmi lesquels deux garçons et une fille parvinrent à l’âge adulte, puis le 2 mai 1906, à Kingston, Ontario, Mae Gordon Thompson, avec qui il n’eut pas d’enfants ; décédé le 20 juillet 1917 à Long Beach, Californie.
Né au Bas-Canada, le père de Nathan Fellowes Dupuis servit pendant la guerre de 1812, puis acheta une ferme dans le canton de Portland. Il prit le nom de Wells, mais son fils Nathan Fellowes reprendrait le nom de Dupuis. Très tôt, ce dernier manifesta une disposition à pratiquer le raisonnement déductif tout en faisant un usage habile de ses mains. À l’âge de 14 ans, après avoir fabriqué une horloge avec des matériaux trouvés à la ferme familiale, il fut mis en apprentissage chez un horloger de Kingston, William Smith. Trois ou quatre ans plus tard, il commença à enseigner. Il se prit également d’un goût pour les mathématiques et entra en 1863 au Queen’s College de Kingston. Il obtint une licence ès arts en 1866, soit à un moment où il avait dix ans de plus que la moyenne des étudiants, et fut nommé bibliothécaire du collège. En 1867, il reçut une maîtrise ès arts. L’année suivante, on le nomma professeur de chimie et d’histoire naturelle ; à ce titre, il enseignait toutes les sciences, sauf la physique théorique. En 1880, il devint aussi professeur de mathématiques, sa matière préférée. Déchargé de l’enseignement de l’histoire naturelle en 1880, puis de l’enseignement de la chimie et de la physique en 1883, il put se spécialiser dans son domaine de prédilection. Il avait publié en 1868 un manuel de mathématiques de niveau collégial, The elements of geometrical optics ; de 1889 à 1911, il composerait six autres manuels sur diverses branches des mathématiques et de l’astronomie. Il se servit de ces volumes jusqu’à ce qu’il quitte l’enseignement en 1911. En outre, il construisit la plupart des appareils utilisés dans ses classes, et il conçut et fabriqua l’horloge de la tour du Grant Hall.
Promoteur infatigable de l’enseignement des sciences appliquées au Queen’s College, Dupuis soutint les efforts déployés par Sandford Fleming et George Monro Grant* pour que s’ouvre à Kingston la School of Mining and Agriculture. Sur l’insistance du premier ministre Oliver Mowat*, on fit de l’école, ouverte en 1893, un établissement autonome, affilié au Queen’s College seulement pour la forme, afin d’éviter que le gouvernement se fasse reprocher de subventionner un établissement confessionnel. Dupuis promut la création d’une faculté de sciences appliquées à l’école. Le conseil universitaire approuva sa proposition en 1894 et le nomma doyen. À ce titre, Dupuis représentait la faculté au sein de l’école, mais il n’avait aucun pouvoir. La faculté n’était guère qu’une ébauche, les départements de sciences étant dans les faits sous l’autorité du directeur de l’école, William Lawton Goodwin. En tant que professeur de mécanisme, Dupuis enseignait les mathématiques et la mécanique appliquée.
Dupuis était surtout compétent en tant que professeur : sa méthode d’exposition était claire et il savait faire des démonstrations par des méthodes manuelles. Cependant, il enseignait des mathématiques anciennes, fondées sur Euclide et Newton, et ne prisait guère le courant de recherche qui, en Allemagne et ailleurs, faisait alors progresser les mathématiques, la physique et le génie électrique. Au temps où les écoles de génie adoptèrent de nouveaux programmes (la School of Mining devint une école de génie au début du xxe siècle), son conservatisme eut tendance à freiner la mise en place de cours appropriés au Queen’s College.
Nathan Fellowes Dupuis est réputé davantage pour avoir bâti des institutions que pour son apport aux mathématiques ou à la science. Il aida le Queen’s College à devenir une université moderne où l’enseignement des sciences et du génie occupe une place de choix. Il participa à la fondation de la Société royale du Canada en 1882 et fut président de sa section en 1896. Il publia beaucoup, notamment un grand nombre d’articles dans le Queen’s Quarterly à compter du lancement de ce périodique en 1893, mais il ne se distingua pas par sa contribution aux nombreuses matières qui l’intéressaient. En fait, il fut dépassé par la spécialisation qu’il avait contribué à faire advenir. Le Dupuis Hall, pavillon du génie chimique et de l’informatique à la Queen’s University, a été baptisé en son honneur.
Queen’s College Journal (Kingston, Ontario), 1873–1893, publié par la suite sous le titre Queen’s University Journal, 1893–1911.— J. Matheson, « Nathan Fellowes Dupuis », Some great men of Queen’s [...], R. C. Wallace, édit. (Toronto et Halifax, 1941), 51–70.— Norman Miller, « Nathan Fellowes Dupuis », Queen’s Rev. (Kingston), 43 (1969), no 1 : 2–8.— H. [M.] Neatby et F. W. Gibson, Queen’s University, F. W. Gibson et Roger Graham, édit. (2 vol., Kingston et Montréal, 1978–1983), 1.— Queen’s College and Univ., Calendar (Kingston), 1868–1911.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 1.— Jane et Costas Varkaris, Nathan Fellowes Dupuis : professor and clockmaker of Queen’s University, and his family (Toronto, 1980).
Mario Creet, « DUPUIS, NATHAN FELLOWES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dupuis_nathan_fellowes_14F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
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