DUMARESQ, JAMES CHARLES PHILIP, architecte, né le 18 décembre 1844 à Sydney, Nouvelle-Écosse, deuxième fils de Charles Whitikin Frederic Augustus Dumaresq et de Christianna McDonald ; le 27 juin 1873, il épousa à Halifax Maudline Matilda McDonald, et ils eurent deux fils et quatre filles ; décédé dans cette ville le 20 décembre 1906.

James Charles Philip Dumaresq était issu d’une importante famille jersiaise. Son grand-père Philippe (Philip) avait été receveur des douanes au Cap-Breton et son oncle Perry* avait fait partie des premiers colons du nord-est du Nouveau-Brunswick. Dumaresq fit ses études à Sydney et à la Horton Academy de Wolfville. Élevé dans la foi anglicane, il se convertit au baptisme à l’âge de 19 ans et en resta un fervent adepte.

On ignore tout de la formation que Dumaresq reçut en architecture. En 1868–1869, il était charpentier à Sydney. S’il emprunta la voie que l’on suivait généralement à l’époque, il dut être apprenti chez un architecte avant d’ouvrir son propre bureau à Halifax au début des années 1870. Sa compétence permet de supposer qu’il reçut ce genre de formation. Beaucoup d’autres architectes canadiens de sa génération commencèrent comme artisans ; plus tard dans le siècle, le resserrement des normes de la profession rendrait la chose impossible. Dumaresq travailla seul durant de longues périodes, mais on sait qu’il forma au moins six sociétés en nom collectif, dont certaines pour de brèves périodes et pour des raisons de commodité seulement. Même au début, il semble avoir été l’associé principal.

Dumaresq compte parmi ceux qui façonnèrent le visage des grandes et petites municipalités de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick. Il fit partie des nombreux architectes qui se pressèrent à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, après l’incendie de 1877 [V. Sylvester Zobieski Earle*], tant pour reconstruire la ville que pour se faire valoir. Associé en 1877–1878 à Andrew Dewar, qui arrivait aussi de Halifax, il dessina les plans d’un grand nombre d’édifices, dont celui de la Banque de la Nouvelle-Écosse, rue Prince William. Cependant, il n’obtint pas sa première grosse commande à cause du désastre de Saint-Jean, mais à la suite de l’incendie qui ravagea le College Building de l’Acadia College de Wolfville en 1877. Il présenta un projet en collaboration avec Charles Osborne Wickenden, qui s’était rendu lui aussi à Saint-Jean en 1877. William Critchlow Harris*, de l’Île-du-Prince-Édouard, en soumit également un. Abstraction faite de leurs qualités respectives, il n’est pas étonnant que l’Acadia College, établissement baptiste, ait retenu le projet de Dumaresq de préférence à celui de Harris, anglican de la haute Église. Par la suite, Dumaresq allait faire les plans de beaucoup d’autres établissements d’enseignement postsecondaires. On peut mentionner, par exemple, le Forrest Building du Dalhousie College de Halifax, construit en 1887, édifice symétrique en brique rouge doté d’une imposante tour centrale et d’un toit mansardé ; un bâtiment à l’allure de forteresse au Mount Allison College de Sackville, au Nouveau-Brunswick, qui, construit en 1893, comportait des pavillons d’angle massifs et un avant-corps central doté d’un portique néo-roman ; la bibliothèque du Presbyterian College de Halifax, en 1898, édifice de style néo-Queen Anne avec pignons à la hollandaise et avec tour et tourelle de style château.

En remplissant la commande de l’Acadia College, Dumaresq acquit l’expérience dont il avait besoin pour remporter le concours qui se tint de 1878 à 1880 en vue de la sélection de l’architecte de l’édifice de l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick à Fredericton. Il adopta le style Second Empire, style privilégié à Saint-Jean après l’incendie. Ses plans comportaient des chambres pour le Conseil et l’Assemblée, une chambre pour la Cour suprême et, à l’arrière, une bibliothèque en forme de basilique romaine. L’édifice, inauguré en 1882, offre une ressemblance frappante avec le College Building de Wolfville. Tous deux ont des pavillons d’angle, une coupole centrale et un avant-corps central haut et étroit surmonté d’un fronton.

Vers 1884, Dumaresq forma avec Harry H. Mott, de Saint-Jean, une société en nom collectif qui durerait au moins dix ans, même s’il retourna à Halifax vers 1885. L’église méthodiste Gower Street de St John’s, bâtie en 1892, est l’une de leurs œuvres communes ; il s’agit d’un édifice rustiqué avec détails d’appareil néo-gothiques et tours de style château. Cependant, au cours de cette période, il arriva à Dumaresq de travailler seul. L’église catholique St Ambrose à Yarmouth, en Nouvelle-Écosse, construite en 1890 d’après ses plans, est d’un style approprié à la religion catholique, le baroque classicisant.

L’éclectisme de Dumaresq correspondait aussi bien aux tendances architecturales de la fin de l’époque victorienne qu’aux besoins de ses clients. Dans le domaine de l’architecture résidentielle, sa production est des plus variées : plans pour un simple duplex, élégant « cottage » d’inspiration néo-Queen Anne dans la chic avenue Young à Halifax, maison dans le style gothique traditionnel des Maritimes à Sydney. Parmi ses bâtiments commerciaux, on peut mentionner le magasin construit en 1893 pour G. M. Smith dans la rue Barrington à Halifax – édifice en brique avec façade de pierre rustiquée et vitrines au rez-de-chaussée. Bien qu’il n’ait jamais conçu d’édifices vraiment hauts, il s’intéressait aux propriétés structurelles des matériaux tels le fer et l’acier, comme en témoignent les plans du McPherson and Freeman’s People’s Store. Ce bâtiment, construit à Halifax en 1895–1896, avait « une devanture ornée d’une double hauteur de vitrines ».

En 1899, James Charles Philip Dumaresq et son fils Sydney Perry formèrent la J. C. Dumaresq and Son. Sydney Perry continua d’exploiter l’entreprise après la mort de son père. Ensuite, un de ses fils, puis un de ses petits-fils, lui succédèrent. Dumaresq fut donc le fondateur d’une famille qui s’est distinguée dans l’histoire de l’architecture canadienne.

Carolyn A. Young

Des documents relatifs à James Charles Philip Dumaresq, y compris des notices nécrologiques, des généalogies, une photographie, et des lettres se rapportant à sa carrière, se trouvent en la possession de Sydney P. Dumaresq, de Halifax.

APNB, MC 164/142.— Bibliothèque de l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick (Fredericton), J. C. [P.] Dumaresq, « Architectural plans and specifications for the legislative building, Fredericton, New Brunswick » (Saint-Jean, N.-B., 1880).— PANS, Charts, 125 ; MG 100, 104, n° 2A ; Map Div., Dumaresq & Byrne, architectural drawings ; Misc. « A », architecture, Dumaresq (mfm).— Halifax Herald, 21 déc. 1906 : 6.— David Allison et C. E. Tuck, History of Nova Scotia (3 vol., Halifax, 1916), 3.— Canadian album (Cochrane et Hopkins), 3.— Canadian Architect, 20 (1907) : 11.— C. A. Hale, The rebuilding of Saint John, New Brunswick, 1877–1881 (Fredericton, 1990).

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Carolyn A. Young, « DUMARESQ, JAMES CHARLES PHILIP », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dumaresq_james_charles_philip_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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