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DUFFY, HENRY THOMAS, avocat et homme politique, né le 29 mai 1852 dans le canton de Durham, au lieu-dit Atkinson Corner (L’Avenir, Québec), fils de John Duffy et de Mary Ann Mountain ; décédé célibataire le 3 juillet 1903 à Québec et inhumé le 6 dans le cimetière congrégationaliste d’Ulverton, Québec.
Originaires d’Armagh (Irlande du Nord), trois frères Duffy et leur mère, Sarah Smith, vinrent s’établir dans le canton de Durham vers 1840. John, le cadet, se fixa à quelques milles de la rivière Saint-François et devint un fermier prospère. Son fils aîné, Henry Thomas, reçut les rudiments de son éducation à l’école rurale, puis fréquenta le St Francis College de Richmond. Il poursuivit ses études à Montréal, au McGill College, où il obtint une licence ès arts avec mention en littérature anglaise en 1876 et sa licence en droit civil en 1878. Admis au Barreau de la province de Québec le 11 juillet 1879, il s’installa à Sweetsburg, dans les Cantons-de-l’Est, où il ouvrit un bureau d’avocat.
Tout en se bâtissant une solide clientèle, Duffy prit part à la vie politique. Libéral de la vieille école, il brigua sans succès les suffrages à l’élection provinciale partielle de 1889 dans la circonscription de Brome. Malgré cet échec, il demeura un fidèle partisan d’Honoré Mercier*, l’un des seuls dans la région anglophone des Cantons-de-l’Est. Il se tourna ensuite vers l’administration municipale et, en 1894, il accéda à la fonction de maire qu’il remplit pendant quelques années. Il s’engagea également dans les activités locales comme syndic de l’église anglicane de Sweetsburg et membre de la ligue de tempérance, entre autres.
De nouveau sur les rangs dans Brome, Duffy l’emporta aux élections générales provinciales du 11 mai 1897, qui donnaient le pouvoir au Parti libéral. Le premier ministre, Félix-Gabriel Marchand*, lui confia le portefeuille des Travaux publics le 26 mai suivant ; il s’y fit aussitôt remarquer par une gestion rigoureuse et une compression des dépenses. Doté d’une belle prestance et d’un verbe convaincant qu’il maniait dans les deux langues, Duffy s’imposa rapidement comme un des principaux orateurs de son parti ainsi qu’à titre de débatteur redoutable. À l’occasion de la grande fête qui marquait l’inauguration du monument à Samuel de Champlain* à Québec le 21 septembre 1898, il fut le seul anglophone invité à prendre la parole.
À l’automne de 1900, la mort de Marchand rendit vacante la direction du département du Trésor, qu’il avait gardée pour lui-même. Le nouveau premier ministre, Simon-Napoléon Parent*, désigna Duffy à cette charge le 3 octobre, renouant ainsi avec la tradition de choisir le titulaire parmi les députés de langue anglaise. Le nouveau trésorier s’appliqua à ses fonctions avec le même zèle et réussit à équilibrer le budget de même qu’à réaliser un surplus dès son premier exercice, et il en fut ainsi tant qu’il dirigea ce département. Aux élections générales de décembre 1900, il fut réélu sans opposition dans la circonscription de Brome.
Tout en appuyant, à l’Assemblée législative, les propositions des libéraux sur des sujets controversés comme l’abolition du Conseil législatif, Duffy ne cachait pas ses sentiments impérialistes. Membre du Royal Colonial Institute de Londres, il ne voyait l’avenir et le progrès du Canada qu’à l’intérieur de l’Empire sous la protection de la Grande-Bretagne.
Les responsabilités ministérielles de Duffy lui laissaient tout de même le temps de poursuivre sa carrière d’avocat. Il défendit plusieurs institutions financières et plaida devant les plus hautes instances, dont le Conseil privé à Londres où il agit au nom de la Banque de Montréal à l’été de 1897 et où il représenta la province en 1902. Il obtint le titre de conseiller de la reine en 1899 et fut élu bâtonnier du Barreau de la province en 1901 ; il avait aussi occupé ce dernier poste dans le district de Bedford, où il avait été procureur de la couronne. À cette époque, on lui proposa une charge de magistrat, mais il ne songeait pas à quitter la politique.
De nombreux honneurs furent réservés à Duffy. À l’été de 1902, il représenta la province au couronnement du roi Édouard VII ; il avait reçu, la même année, un doctorat honorifique de l’université Laval, puis, l’année suivante, on lui décerna le titre de docteur en droit du Bishop’s College de Lennoxville. Il avait été appelé, en 1899, au comité protestant du Conseil de l’instruction publique, à titre de membre associé.
La carrière de Henry Thomas Duffy, si prometteuse sur les plans politique et professionnel, fut brusquement interrompue par sa mort, survenue à Québec, le 3 juillet 1903. Sa santé laissait à désirer depuis près d’un an, mais il avait tenu à surveiller lui-même les dernières formalités de clôture de l’année financière du gouvernement. Il fut vivement regretté, et on souligna sa parfaite intégrité, sa loyauté, ainsi que son esprit de travail qui en avait fait un self-made man. S’il avait des adversaires, on ne lui connaissait pas d’ennemis.
Il n’existe aucune biographie complète de Henry Thomas Duffy. Les quelques notices que l’on trouve dans les répertoires habituels contiennent des erreurs, soit sur son lieu de naissance, soit sur son état civil. [m.-p. r. lb.]
AN, RG 31, C1, 1861, 1871, 1881, canton de Durham, comté de Drummond.— Arch. privées, M.-P. R. LaBrèque (Acton Vale, Québec), entrevues avec Béatrice Duffy, 11 oct. 1988, 10 sept. 1989 ; entrevues avec Eileen Montgomery, 12 oct. 1988, 7 août 1989.— Arch. privées, Eileen Montgomery (Saint-Lambert, Québec), coupures de presse.— Bibliothèque de l’Assemblée nationale (Québec), Div. de la recherche, dossiers des parlementaires.— Le Canada, 7 juill. 1903.— Montreal Daily Herald, 7 juill. 1903.— Le Soleil, 27 nov. 1897, 22 sept. 1898, 22–23 févr. 1900, 7 mars, 10 juin, 17 août, 9 nov. 1901, 12 juin 1902, 20 févr., 3–4, 7 juill. 1903.— Brome County Hist. Soc., Trans. (Montréal), [1 (1897–1901)] : 20, 23 ; 2 (1901–1910) : 18s.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898), 291s.— Men of Canada : a portrait gallery [...] (Montréal, [1902 ?], 173.— Québec, Bureau des statistiques, Annuaire statistique (Québec), 12 (1925) : 166, 168, 173 ; Parl., Doc. de la session, 1899–1902 (Rapport annuel du surintendant de l’Instruction publique).— Répertoire du personnel politique québécois, 1867–1982, Pierre Drouilly, compil. (Québec, 1983), 251.— P.-G. Roy, la Législature de Québec : galerie des membres du Conseil législatif et des députés à l’Assemblée législative (Lévis, Québec, 1897).— RPQ.— Rumilly, Hist. de la prov. de Québec, 9 ; 10 ; 11.— E. M. Taylor, History of Brome County, Quebec, from the date of grants of land therein to the present time ; with some records of early familles (2 vol., Montréal, 1908–1937), 1 : 112a, 182.— Who was who, 1897–1915 (1988).
Marie-Paule R. LaBrèque, « DUFFY, HENRY THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/duffy_henry_thomas_13F.html.
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Auteur de l'article: | Marie-Paule R. LaBrèque |
Titre de l'article: | DUFFY, HENRY THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
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