DUDLEY, WILLIAM, officier, homme politique, né le 20 octobre 1686 à Roxbury (Boston, Mass.), fils de Joseph Dudley, gouverneur du Massachusetts, et de Rebecca Tyng ; épousa Elizabeth Davenport, fille du juge Addington Davenport, le 10 mars 1721 ; décédé le 5 août 1743 à Roxbury laissant huit enfants.

William Dudley était diplômé de Harvard College où il termina ses études en 1704. Il fit ses premières armes dans la vie publique en 1705, à l’occasion d’un voyage qu’il effectua à Québec avec Samuel Vetch* et d’autres, afin de négocier avec le gouverneur Philippe de Rigaud* de Vaudreuil un échange de prisonniers, surtout ceux qui avaient été capturés lors du massacre de Deerfield, Massachusetts, en 1704. Dudley avait été envoyé par son père, qui voulait lui procurer l’occasion d’acquérir de l’expérience et de prouver qu’il était digne du nom qu’il portait. Des six mois que dura la mission, deux mois et demi furent passés à Québec, mais on ne ramena que quelques prisonniers parmi lesquels il y avait le fils du révérend John Williams* de Deerfield. À la suite de cette mission, Vetch fut reconnu coupable d’avoir fait du commerce avec l’ennemi et on accusa le gouverneur Dudley de sanctionner un commerce illégal. Néanmoins, le gouverneur et son fils sortirent indemnes de l’affaire. En Nouvelle-France, le gouverneur Vaudreuil essuya un léger blâme de la part de Pontchartrain, ministre des Colonies, en raison des risques d’espionnage et de commerce illicite auxquels avait pu donner lieu cette mission. En 1710, Joseph Dudley écrivit au secrétaire d’État, Henry St John, que la mission avait effectivement servi de couverture à une opération d’espionnage.

William Dudley prit part à l’expédition dirigée par le colonel John March* contre Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.) en 1707. Désigné par son père pour remplir l’office de secrétaire militaire de l’expédition, Dudley sut exposer avec beaucoup de lucidité les dissensions qui régnaient au sein des troupes de la Nouvelle-Angleterre lors de cette expédition, qui se termina d’ailleurs par un échec. Il participa sous les ordres de Vetch et de Francis Nicholson* à la campagne qui devait entraîner la chute de Port-Royal en 1710 ; il servit alors dans le régiment de William Tailer avec le grade de major que lui avait accordé son père. Promu lieutenant-colonel, il accompagna Vetch au cours de l’expédition malheureuse de sir Hovenden Walker* contre Québec en août 1711. On le retrouve en 1713 en charge du 1er régiment du Massachusetts stationné dans le comté de Suffolk, avec le grade de colonel.

Lorsque cessa la guerre de la Succession d’Espagne, les Indiens du nord-est (les Abénaquis des rivières Penobscot, Saint-Jean et Kennebec) demandèrent de faire la paix avec la Nouvelle-Angleterre et ils signèrent un traité de soumission à Portsmouth, New Hampshire, le 13 juillet 1713 [V. Mog*]. Cette conférence de paix était la première de plusieurs conférences semblables auxquelles Dudley participa en qualité de témoin ou de commissaire. Elles eurent lieu en 1717, en 1720, en 1722 et à la suite des guerres indiennes de 1722–1725 [V. Sébastien Rale*]. Au début de l’année 1725, le lieutenant-gouverneur William Dummer délégua Dudley et Samuel Thaxter à Montréal, afin de tenter d’obtenir la cessation de l’aide que les Français apportaient aux Indiens et réclamer en même temps la libération des prisonniers. Les Français nièrent avoir fourni une aide militaire aux Indiens mais ils consentirent à libérer 26 prisonniers.

Dudley occupa plusieurs fonctions au cours de sa vie. En 1713, on le nomma juge de paix et il remplit la charge de shérif à peu près à la même époque. Il occupa un siège à l’assemblée du Massachusetts de 1718 à 1729 et remplit la fonction de président de l’assemblée de 1724 à 1729, puis, jusqu’à sa mort, il siégea au Conseil du Massachusetts. Au cours de sa carrière d’homme politique, Dudley, appelé par Shipton le « gentleman des bois », se révéla fort utile à la colonie par la connaissance qu’il avait de l’arrière-pays. Il fit partie de toutes les commissions importantes formées pour régler les querelles au sujet des frontières entre le Massachusetts et ses voisins ; il siégea également au sein de différents comités qui s’occupaient d’affaires militaires et indiennes. Selon un de ses contemporains, le docteur William Douglass, Dudley était un des hommes politiques les plus avertis lorsqu’il s’agissait de la valeur des terres et d’autres questions concernant la colonie. Un conseiller qui siégea en même temps que lui, Thomas Hutchison, écrivit qu’il était « estimé à juste titre et sans cesse mis à contribution par les services les plus importants du gouvernement ».

Dudley mourut subitement, le 5 août 1743, à son domicile de Roxbury. Le Boston Weekly News-Letter, dans son numéro du 11 août 1743, écrivit que sa mort suscita de grands regrets et qu’il fut inhumé avec les plus grandes marques de respect et d’honneur.

Dennis F. Walle

APC, MG 18, N8 (Massachusetts muster rolls, 1710).— Mass. Hist. Soc., Misc. Large coll., William Dudley commission, 1710.— The acts and resolves, public and private, of the province of the Massachusetts Bay (21 vol., Boston, 1869–1922), II, VIII-XIII.— Autobiography of the Rev. John Barnard, Coll. of the Mass. Hist. Soc. 3e sér., V (1836) : 177–243.— Boston Weekly News-Letter, 11 août 1743.— Diary of Samuel Sewall Coll. of the Mass. Hist. Soc., 5e sér., V–VII (1878–1882).— Documentary history of Maine, IX, X, XXIII.— William Douglass, A summary, historical and political, of the first planting, progressive improvements, and present state of the British settlements in North-America [...] (2 vol., Boston, 1747–1752 ; Londres, 1755 ; Londres, 1760).— Hutchinson, History of Mass.-Bay (Mayo), II.— Journals of the House of Representatives of Massachusetts (40 vol. parus, « Mass. Hist. Soc. publ. », Boston, 1919– ), II–XX.— Letter book of Samuel Sewall, Coll. of the Mass. Hist. Soc., 6e sér., II (1888), III (1889), V (1892).— Papers connected with the administration of Governor Vetch, George Patterson, édit., Coll. of the N.S. Hist. Soc., IV (1885) : 64–112.— PRO, CSP, Col., 1704–5 ; 1706–8 ; 1711–12 ; 1724–25.— Records relating to the early history of Boston (Whitmore et al.), [6], [12], [13], [15], [24].— Vital records of Roxbury, Massachusetts, to the end of the year 1849 (« Essex Institute publ. », Salem, Mass., 1925).— Walker expedition (Graham).— Shipton, Sibleys Harvard graduates, V.— J. P. Baxter, The pioneers of New France in New England, with contemporary letters and documents (Albany, 1894).— Dean Dudley, History of the Dudley family, with genealogical tables [...] (2 vol., Wakefield, Mass., 1886–1901) (contient une notice biographique de Dudley, marquée de plusieurs erreurs  [d. f. w.]) ; Memorial of the reunion of the descendants of Governor Thomas Dudley (Wakefield, Mass., 1893) (l’auteur corrige son ouvrage précédent et reproduit un portrait de William Dudley  [d. f. w.]).— New Eng. Hist. and Geneal. Register (Boston), I (1847), X (1856), XXI (1867), XLI (1887), XLVI (1892).

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Dennis F. Walle, « DUDLEY, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dudley_william_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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