DOUCET (Dowset), PIERRE (Pitre), capitaine de navire et marchand, né le 16 mai 1750 à Annapolis Royal (Nouvelle-Écosse), fils de François Doucet et de Marguerite Petitot, dit Saint-Sceine (Sincennes) ; il épousa en 1773 Marie-Marguerite Le Blanc à Salem, Massachusetts ; décédé après le mois de septembre 1799.

En 1755, François Doucet et sa famille furent déportés à Boston et s’établirent à Salem. Comme la plupart des familles acadiennes exilées au Massachusetts, les Doucet vécurent dans un grand dénuement et leurs enfants furent bientôt placés dans des foyers nourriciers. Un capitaine au long cours adopta Pierre Doucet, lui enseigna la navigation et fit en sorte qu’il reçût de l’instruction. En 1773, Doucet se maria et s’installa avec sa femme à Casquebaye (Portland, Maine) où son premier enfant, Olivier, naquit le 20 décembre 1774.

Deux ans auparavant, le père de Doucet avait quitté le Massachusetts et, avec Pierre Le Blanc et quelques autres colons, s’était établi au bord de la baie de Sainte-Marie dans la région de Clare (Nouvelle-Écosse). Au printemps de 1775, Pierre Doucet acheta de Joseph Gravois, l’un de ces colons, une étendue de 360 acres près de Sissiboo (Weymouth), où Gravois avait déjà construit une maison. Le couple Doucet y emménagea et y eut son deuxième enfant, en 1776.

On ne sait pas quand Doucet devint officiellement capitaine mais au moment de son arrivée à la baie de Sainte-Marie il commandait des navires. En décembre 1775, il fit voile de Halifax sur son schooner Eunice à destination de la Grenade. Pendant les années suivantes, il créa un commerce triangulaire entre la Nouvelle-Écosse, les Antilles et Boston. Il transportait habituellement du bois, des pommes de terre, des pommes et de la morue séchée aux Antilles d’où il partait pour Boston avec une cargaison de sucre, de rhum et de mélasse. Delà, il retournait à la baie de Sainte-Marie avec le reste du chargement antillais et, en plus, du tissu, des outils, des matériaux de construction et de la farine. Il vendait ces articles dans son magasin à l’anse Belliveau. Ces marchandises ne constituaient pas son unique cargaison ; en août 1791, il quitta Kingston (Jamaïque) sur son schooner Peggy, à destination de La Havane, avec dix esclaves. En 1795, à cause de la Révolution française et de l’activité des corsaires français qui s’ensuivit, la structure de son commerce était brisée ; il s’intéressa alors au cabotage et, cette année-là, il projeta, selon James Moody*, de transporter entre l’île du Cap-Breton et Halifax du charbon, « pour le compte du gouvernement, comme cargaison ».

Malgré ses voyages comme capitaine au long cours, Doucet trouva encore du temps pour s’occuper de la communauté acadienne de la baie de Sainte-Marie. Il fut major dans la milice acadienne du comté d’Annapolis en 1794 et, en mars 1797, lui et quelques autres habitants de Clare présentèrent une requête au gouvernement lui demandant de l’aide pour construire et réparer des routes.

On a écrit que Doucet se noya près du Grand Passage en 1798 ; il est très possible que ce soit une erreur puisqu’en septembre 1799, Simeon Perkins* notait dans son journal que « le capitaine Dowset de Sissiboo relâche ici [Liverpool, Nouvelle-Écosse] en route pour Halifax ».

À Doucet revient le mérite d’avoir montré aux habitants de Clare les possibilités du genre de commerce auquel il se livrait. Un bon nombre suivit son exemple et, pendant un siècle, la région de Clare prospéra grâce à ce commerce triangulaire.

J.-Alphonse Deveau

APC, MG 30, C20, 6, pp.1 435–1, 1 435–2, 1 438–1. Archives du Centre acadien, Collège Sainte-Anne (Church Point, N.-É.), Pierre Doucet, généalogie.— Archives privées, Adolphe Doucet (Belliveau Cove, N.-É.), Pierre Doucet papers (copies aux Archives du Centre acadien).— Perkins, Diary, 1797–1803 (Fergusson), 76, 169, 191. Antoine Bernard, Histoire de la survivance acadienne, 1755–1935 (Montréal, 1935), 238. P.-M. Dagnaud, Les Français du sud-ouest de la Nouvelle Écosse [...] (Besançon, France, 1905). –I. W. Wilson, A geography and history of the county of Digby, Nova Scotia (Halifax, 1900). Placide Gaudet, Unknown yet prominent, Halifax Herald, 10 nov. 1897, 1,5.

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J.-Alphonse Deveau, « DOUCET (Dowset), PIERRE (Pitre) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/doucet_pierre_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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