DOUCET, AMABLE, fonctionnaire, né le 23 avril 1737 à Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse, deuxième fils et troisième enfant de Pierre Doucet et de Marie-Josèphe Robichaud ; décédé le 21 juin 1806 à Grosses Coques, Nouvelle-Écosse.
Amable Doucet avait 18 ans quand il fut déporté au Massachusetts avec sa famille en 1755 [V. Charles Lawrence*]. On leur assigna comme lieu de résidence la petite ville de Newbury ; la famille y est recensée en 1756, 1758 et 1760. Amable, son père et son frère aîné comptaient parmi les cinq Acadiens de Newbury aptes au travail en 1758.
Apparemment, pendant son exil en Nouvelle-Angleterre, Doucet fut fiancé à une parente, Marie Doucet, fille de François Doucet et de Marguerite Petitot, dit Saint-Sceine (Sincennes), et sœur de Pierre Doucet*. Par la suite, quand la famille d’Amable partit pour Québec, Amable, Marie et la famille de cette dernière décidèrent de retourner en Nouvelle-Écosse. En 1764, les autorités britanniques avaient informé le gouverneur Montagu Wilmot* qu’il devait autoriser les Acadiens qui prêteraient le serment d’allégeance à retourner dans leur contrée natale ; aussi, en 1767, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse avait-il réservé des terres en vue précisément d’un établissement acadien à la baie de Sainte-Marie. Selon la tradition orale, et bien qu’elle ne soit pas toujours d’accord sur l’année, c’est vers 1770 que la famille de François Doucet, qui venait de Salem, au Massachusetts, s’installa à l’endroit qu’on appellera plus tard Pointe-de-l’Église (Church Point) ; cependant, les registres de l’église indiquent qu’Amable Doucet était déjà en Nouvelle-Écosse le 21 septembre 1769.
Au début de 1774, Marie Doucet mourut en laissant deux enfants. Elle fut ensevelie à Pointe-à-Major, qui fut plus tard choisi comme emplacement du premier cimetière acadien de la région. Le 18 octobre 1774, Doucet épousa en secondes noces Marie-Gertrude Gaudet, fille de Joseph Gaudet et de Gertrude Le Blanc ; ils eurent dix enfants, dont la cadette épousera François-Lambert Bourneuf*.
Le 14 mai 1772, Doucet avait obtenu une concession de 350 acres où se trouve maintenant Comeauville, et, en 1801, il reçut une portion des 21 300 acres alors accordées à un groupe d’Acadiens de la région de la baie de Sainte-Marie. Au cours des années, il participa à de nombreuses autres transactions foncières et s’établit à Grosses Coques.
Doucet joua un rôle important dans la vie religieuse de l’établissement. Selon les archives paroissiales, il ondoya des nouveau-nés et célébra des mariages pendant les périodes parfois longues où la communauté était privée de missionnaire [V. Joseph-Mathurin Bourg*]. Doucet avait aussi la confiance de ses compatriotes dans d’autres domaines qui les touchaient collectivement. Plusieurs pétitions adressées tant aux autorités religieuses qu’aux autorités civiles indiquent qu’il était le premier de ses concitoyens. Son nom et sa signature apparaissent en tête de ces documents qui portent sur des questions variées : concessions de terre, frontières de la paroisse, obtention d’un prêtre français royaliste et emplacement de l’église. La pétition du 1er mars 1790, signée par Doucet et plusieurs autres, et demandant que l’on accorde à Pierre Le Blanc* une portion de terre omise dans sa concession, fait montre d’un sens de la justice fort respectable.
Le 6 avril 1792, la Cour des sessions générales du comté d’Annapolis nomma Amable Doucet greffier municipal du canton de Clare ; puis, le 3 septembre 1793, il devint juge de paix. Il fut le premier Acadien à être nommé magistrat en Nouvelle-Écosse après la déportation ; mais son grand-père maternel, Prudent Robichaux, avait exercé les mêmes fonctions à Annapolis Royal, à partir de 1727. Seul magistrat acadien de la circonscription, Doucet signa de nombreuses transactions légales, mais n’eut à s’occuper que de peu d’affaires spéciales. Le 28 février 1803, il présida une session générale extraordinaire dans sa résidence de Grosses Coques, au cours de laquelle une personne fut trouvée coupable d’un larcin et condamnée au fouet. La part prise par Doucet à cette action en justice et le fait que, dans son testament en date du 17 juin 1806, il laissait à sa femme un esclave noir, prénommé Jérôme, semblent indiquer que ses idées n’étaient pas, en général, plus progressistes que celles de son temps.
ANQ-Q, ZQ-60, 1759–1761 (photocopies au CÉA).— Arch. of the Diocese of Bathurst (Bathurst, N.-B.), Caraquet, Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 1768–1773.— Arch. of the Diocese of Yarmouth (Yarmouth, N.-É.), Saint-Jean-Baptiste de Port-Royal (Annapolis Royal), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, II (1727–1755) (mfm au CÉA).— CÉA, Fonds Placide Gaudet, 1.23-15 ; 1.24-6 ; 1.24-32 ; 1.24-34 ; 1.88-9 ; 1.88-10 ; 1.88-12 ; Extraits des reg. de la Pointe-de-l’Église, N.-É. (transcriptions) ; « Généalogies acadiennes », 1435-1, 1435-2 ; « Notes généalogiques sur les familles acadiennes, c.1600–1900 », dossier Doucet–2 : f.41 ; Fonds H.-J. Hébert, dossier Mass.— Mass., Dept. of the State Secretary, Arch. Division (Boston), Mass. arch., 23 : 350 ; 24 : 368.— PANS, RG 20A, 2 (photocopies au CÉA).— Nova Scotia archives, II : a calendar of two letter-books and une commission-book in the possession of the government of Nova Scotia, 1713–1741, A. McK. MacMechan, édit. (Halifax, 1900), 172.— Donat Robichaud, Les Robichaud histoire et généalogie (Bathurst, [1967]), 151 s.— Tanguay, Dictionnaire, 3 : 438.— P.-M. Dagnaud, Les Français du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse [...] (Besançon, France, 1905), 24s.— [J.-]A. Deveau, La ville française (Québec, 1968), 123, 186, 189.— [Élie LeBlanc], Église Saint-Bernard : commencée en 1910, complétée en 1942, diocèse de Yarmouth ([Yarmouth, 1942]), 31.— I. W. Wilson, A geography and history of the county of Digby, Nova Scotia (Halifax, 1900 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1975), 40, 58, 97s., 109, 136, 227, 243, 430.— C.-J. d’Entremont, « Amable Doucet, écuyer du roi », Le Courrier de la Nouvelle-Écosse (Yarmouth), 16 mars 1978 : 10 ; « Les « terres françaises » de East Ferry : Amable Doucet avait un testament », 9 mars 1978 : 1.— [Placide Gaudet], « La construction d’une église à la baie Sainte-Marie », Le Moniteur acadien (Shédiac, N.-B.), 26 juill. 1889 : [2] ; « Grande démonstration religieuse dans le premier cimetière acadien de la baie Ste-Marie », L’Évangéline (Weymouth Bridge, N.-É.), 8 sept. 1892 : [2] ; « Imposante démonstration religieuse », 16 juill. 1891 : [2] ; « Premiers habitants de la baie Ste-Marie », 2 juill. 1891 : [2] ; « Les premiers missionnaires de la baie Ste-Marie [...] », 6 août 1891 : [3].
Stephen A. White, « DOUCET, AMABLE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/doucet_amable_5F.html.
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Auteur de l'article: | Stephen A. White |
Titre de l'article: | DOUCET, AMABLE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |