DORRILL, RICHARD, officier de la marine royale, gouverneur de Terre-Neuve, né vers 1719, décédé en 1762.
Richard Dorrill s’engagea dans la marine en 1732. Il fut promu lieutenant sur le Royal Oak en 1739, et participa à l’opération menée contre les forces françaises et espagnoles combinées, au large de Toulon en 1744. En 1746, il reçut le commandement du sloop Jamaica.
Alors qu’il commandait le Penzance, Dorrill fut nommé gouverneur de Terre-Neuve en mai 1755, et arriva à St Johns le 5 août. Il se voyait confier à peu près le même questionnaire habituel (Heads of Enquiry) que son prédécesseur, Hugh Bonfoy. Quoiqu’il ne pût fournir de réponses complètes « puisqu’il n’avait qu’un seul navire cette année-là », Dorrill put néanmoins recueillir des statistiques complètes sur les pêcheries et le nombre des habitants. Il fit aussi des rapports sur les effectifs des garnisons militaires, incluant des inventaires de pièces d’artillerie et d’entrepôts.
À l’instar de Bonfoy, Dorrill avait reçu l’ordre d’examiner la conduite des colons irlandais de l’île. Durant son bref séjour, il incita les magistrats de l’endroit à faire observer de façon plus rigoureuse les restrictions instaurées par Bonfoy concernant la pratique de la religion catholique. À Harbour Grace, il fit arrêter un prêtre catholique pour avoir célébré la messe. À Harbour Main, il imposa des amendes aux propriétaires de 18 maisons où la messe avait été célébrée ; quelques-unes des maisons furent rasées par le feu. Dorrill ordonna aux magistrats de St John’s d’empêcher les Irlandais ou leurs employeurs de vendre de la boisson ; la violation de cette loi pouvait entraîner la destruction des habitations construites par les Irlandais et la saisie de leurs terres.
Comme la plupart des pêcheurs et des colons venus du continent, les Irlandais étaient pauvres. Leurs maigres salaires ne suffisaient ni à défrayer leur traversée de retour ni à les faire vivre après la saison de pêche. On les rendait responsables de la plupart des désordres perpétrés durant l’hiver. Comme leur nombre croissait rapidement, atteignant, selon Dorrill, le tiers de la population, ils étaient de plus en plus redoutés des colons protestants. Dorrill ordonna à tous les capitaines de navire de ramener chez eux après la saison de pêche « le groupe entier et identique de passagers qu’ils avaient emmenés [sur l’île], sauf ceux à qui [il avait] pu donner l’ordre de rester sur ce territoire » ; après son départ, cependant, cette directive ne fut pas strictement respectée. Il est à souligner que des mesures semblables avaient été décrétées ailleurs contre des catholiques sous le coup des lois pénales britanniques. De plus, d’autres motifs que la religion étaient en cause : en effet, un grand nombre d’Irlandais étaient engagés dans les forces militaires françaises et, vu la menace de guerre avec la France, les Anglais se méfiaient des Irlandais de Terre-Neuve qu’ils considéraient comme un groupe imposant de sujets dissidents.
De retour en Angleterre, Dorrill fut nommé capitaine à bord du Royal George à Deptford (fait aujourd’hui partie de Londres) en février 1756 ; en mai on lui confia le commandement du Lowestoft à la station de la Manche. Sa santé commençait à décliner et, dans une lettre à l’amirauté envoyée de Plymouth Sound le 2 avril 1757, il demandait à être relevé de ses fonctions, se plaignant « d’étourdissements qui l’empêchaient presque de se tenir debout ». On lui versa une demi-solde. Il mourut à Bath, Somerset, le 1er janvier 1762, laissant pour lui survivre sa femme Elizabeth.
Quelques auteurs ont écrit à tort que Dorrill était gouverneur en 1756. Il n’y avait pas de gouverneur cette année-là, mais le capitaine George Darby était à la tête du convoi [m. g.].
PANL, Nfld., Dept. of Colonial Secretary, Letter books, 1/2, p. 236.— PRO, Adm. 1/1700, sect.8, 13 ; 25/62 ; 80/121, pp. 10, 14 ; CO 194/13, 195/8 pp. 333–335.— PRO, JTP, 1754–1758.— Charnock : Biographia navalis, VI.— M. F. Howley, Ecclesiastical history of Newfoundland (Boston, 1888), 172–174.— Lounsbury, British fishery in Nfld.
Michael Godfrey, « DORRILL, RICHARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dorrill_richard_3F.html.
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Auteur de l'article: | Michael Godfrey |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |