DORMER, HENRY EDWARD, soldat, né à Grove Park, près de Warwick, Angleterre, le 29 novembre 1844, quatrième fils et dernier enfant de Joseph Thaddeus Dormer, onzième baron Dormer, et d’Elizabeth Anne Tichborne, décédé célibataire à London, Haut-Canada, le 2 octobre 1866.
Les Dormer qui, en grande partie, étaient restés catholiques après l’instauration de la Réforme en Angleterre, s’étaient distingués au service des maisons royales Tudor et Stuart et ils comptaient parmi les familles dissidentes les plus remarquables du pays ; de génération en génération, ils avaient servi dans les troupes britanniques puis autrichienne. En 1855, Henry Edward Dormer fut envoyé au St Mary’s College, à Oscott, près de Birmingham. De santé délicate, il dut quitter l’institution au bout d’une année et il étudia sous la direction de précepteurs durant quatre ans. La fervente piété qui devait marquer les dernières années de sa vie apparaissait déjà nettement dans l’inclination qu’il montrait à fréquenter la chapelle privée de la famille et dans les égards exceptionnels qu’il avait pour autrui. En 1860, il retourna à St Mary’s College afin de préparer les examens permettant d’obtenir un brevet d’officier. Il fut nommé enseigne dans le 4e bataillon du 60e régiment (King’s Own Royal Rifles) en novembre 1863. L’un de ses frères plus âgés, le lieutenant général sir James Dormer, servit dans l’armée britannique en Égypte dans les années 80 et en Inde dans les années 90.
Après avoir reçu son instruction militaire à Winchester, Henry Dormer rallia son bataillon cantonné à Dublin. En 1865, le régiment (alors intégré au Royal Green Jackets) fut dépêché à London, dans le Haut-Canada, dans le cadre d’un envoi de troupes impériales chargées de défendre la frontière canadienne contre les attaques des Féniens et contre une éventuelle intervention américaine. Dormer arriva à London le 24 février 1866. Il n’avait pas encore 22 ans et il était assuré de la plus grande aisance matérielle, mais il se lança plutôt dans une vie qui allait être fondée sur les valeurs chrétiennes et le renoncement.
Sur le plan spirituel, Dormer avait été fortement influencé par l’attitude dissidente de sa famille et par une profonde inclination pour l’Ordre des frères prêcheurs, les dominicains ; il avait une sœur, à laquelle il était très attaché, qui appartenait au prieuré des dominicaines de Stone, dans le Staffordshire. Or, il se trouva que la seule église catholique de London, St Peter, était dirigée par des dominicains venus du Kentucky en 1861 à la demande du premier évêque du diocèse, Pierre-Adolphe Pinsoneault*. La piété de Dormer était à la fois mystique et active. Quand il n’était pas de service, et souvent pendant toute la nuit, il priait jusqu’à l’extase dans l’église St Peter ou dans la chapelle du couvent du Sacré-Cœur. En outre, il s’occupait constamment des pauvres, des malades et des ivrognes. Il donnait de l’argent, de la nourriture et même ses propres vêtements aux gens qui manquaient du nécessaire et il consacrait généreusement son temps et son énergie aux malades démunis et délaissés. Il enseignait la religion aux enfants, à St Peter, de même qu’aux soldats et aux collègues officiers qui le lui demandaient. À la fin de septembre 1866, il attrapa la fièvre typhoïde en soignant une femme atteinte de cette maladie et il mourut le 2 octobre. Il avait pris la décision, peu auparavant, d’entrer dans l’Ordre des frères prêcheurs.
On fit à l’enseigne Dormer des funérailles militaires, honneur que l’on réservait habituellement aux officiers supérieurs. D’après tous les comptes rendus de l’époque, les gens évoquaient sa disparition en disant : « Le saint est mort ! » En 1922, on vénérait encore la mémoire de Dormer, et l’évêque Michael Francis Fallon* le recommanda à la vénération des fidèles du diocèse de London en vue d’une future canonisation. Il renouvela cette directive en 1930 et l’évêque Thomas Kidd* posa le même geste en 1950. Le centenaire du décès de Dormer fut célébré à London, le 2 octobre 1966, par des représentants de l’Église et de l’État. Avec tous les honneurs militaires, on transporta ses restes mortels à la section du cimetière de St Peter qui était réservée à l’armée, et l’on chanta un service funèbre à sa mémoire.
London Free Press, 3–4 oct. 1866.— Burke’s peerage (1970), 822–824.— [A. T. Drane], Biographical memoir of the Hon. Henry Edward Dormer, late of the 60th Rifles (Londres, 1867) ; publié aussi dans A thousand arrows ; biographical memoir of the Hon. Henry Edward Dormer, late of the 60th Rifles ([London, Ont., 1970]).— J. K. A. Farrell [O’Farrell], The history of the Roman Catholic Church in London, Ontario, 1826–1931 (thèse de m.a., University of Western Ontario, London, 1949) ; The world of Henry Dormer in 1866, A thousand arrows ; biographical memoir of the Hon. Henry Edward Dormer, late of the 60th Rifles ([London, 1970]), 8–29.— B. W. Kelly, The Hon. Henry Edward Dormer (King’s Royal Rifles), 1844–1866 [...] (Londres, 1930).— Mary Turner, Biographical sketch of the Honorable Henry Edward Dormer, 1844–1866, A thousand arrows ; biographical memoir of the Hon. Henry Edward Dormer, late of the 60th Rifles ([London, 1970]), 30–47.
John K. A. O’Farrell, « DORMER, HENRY EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dormer_henry_edward_9F.html.
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Auteur de l'article: | John K. A. O’Farrell |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
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