DOAK, ROBERT, homme d’affaires, fermier, fonctionnaire et juge de paix, né le 4 avril 1785 à Ochiltree, Écosse, troisième des huit enfants de Robert Doak et d’une prénommée Agnes ; le 3 octobre 1808, il épousa Jean Kirkland, et ils eurent trois fils et trois filles ; décédé le 5 avril 1857 à Doaktown, Nouveau-Brunswick.
On ne sait rien de précis des antécédents de Robert Doak, c’est-à-dire de sa jeunesse, de son niveau d’instruction et de ses ressources financières. En 1815, il quitta l’Écosse avec sa famille dans l’intention de s’établir au Kentucky. Toutefois, le mauvais temps contraignit le navire qui les transportait à se réfugier dans le port de Miramichi, au Nouveau-Brunswick, où les passagers furent débarqués. Doak resta dans la colonie, plus précisément à Newcastle, et, en 1817, il était aubergiste dans la paroisse de Nelson, une localité voisine. L’année suivante, son frère aîné, James, arriva avec sa femme et trois enfants, et les deux frères s’associèrent à Alexander MacLaggan dans l’exploitation d’un moulin à Blackville. Dès juillet 1822, les Doak avaient vendu leur part à MacLaggan et étaient allés s’installer à une vingtaine de milles plus en amont de la rivière Miramichi-du-Sud-Ouest, là où se trouve maintenant Doaktown. Leur père, récemment arrivé d’Écosse, vint les rejoindre à cet endroit. Le 1er avril 1825, Robert Doak fils acheta le lot 45 qui faisait partie du domaine d’Ephraim Wheeler Betts (il avait acquis auparavant deux lots adjacents afin d’en faire la culture), et son frère James vint se fixer tout près avec sa famille.
Conjointement avec son fils James Andrew, dont la famille allait partager la ferme, Doak eut tôt fait de construire et d’exploiter un moulin à carder, un moulin à farine et un four ; plus tard, il bâtit une scierie et un moulin à farine d’avoine, ce dernier répondant à la demande de tout le comté de Northumberland. Ces moulins étaient mus par l’énergie hydraulique, et, à l’arrière de la propriété, un réservoir alimenté par un ruisseau assurait une source d’eau permanente. Doak s’adonnait aussi à la culture et, selon une tradition familiale, il « élevait chaque année jusqu’à cent porcs qu’[il] sal[ait] et fum[ait] pour en faire le commerce. Parfois, [sa] cave avait toutes les apparences d’une épicerie en gros. »
Peu après son arrivée dans la Haute-Miramichi, Doak s’intéressa à la chose publique. En 1822, il fut nommé directeur du bureau de bienfaisance, greffier du village et surintendant du marché. L’année suivante, il devint inspecteur des chemins du comté et, à ce titre, il surveilla la construction de la route reliant Fredericton et Newcastle. L’incendie de Miramichi en octobre 1825 entraîna des pertes pour Doak et ses entreprises, mais bon nombre des premiers colons établis à cet endroit eurent beaucoup plus à souffrir de ce sinistre. Réclamant £20 pour les dommages subis, Doak s’adressa au comité d’assistance créé par le gouvernement provincial, mais il ne reçut que la moitié du montant demandé. La même année, il fut nommé juge de paix du comté de Northumberland. Contrairement à la plupart des autres citoyens après 1800, Doak avait réussi à éviter certaines charges municipales parmi les moins importantes, comme celles d’inspecteur des pêcheries et d’inspecteur des clôtures, tandis que le processus normal était de remplir deux ou trois fonctions des plus modestes avant d’accéder à la magistrature. En 1826, il fut nommé commissaire d’écoles, poste qui lui permit, en 1836, d’expulser des squatters qui occupaient depuis longtemps un terrain attenant à sa propriété et destiné à la construction d’une école, et, plus tard cette année-là, de se faire confier ledit terrain afin d’en assurer « la bonne garde ». Par la suite, une école fut construite à cet endroit. Nommé coroner intérimaire de la région en 1829, il menait encore des enquêtes en 1844.
Jusqu’au milieu du xixe siècle, l’établissement ne portait aucun nom officiel : on le considérait parfois comme faisant partie de Ludlow et, après 1830, il fut appelé Blissfield Parish. Après la construction de la route et l’ouverture d’un bureau de poste, le village prit le nom de Doaktown parce que Doak en était le citoyen le plus riche et aussi le plus influent politiquement comme en témoigne le fait suivant. Lorsque le premier pont fut bâti à Doaktown sur la rivière Miramichi en 1847, Doak qui tenait beaucoup à un gros orme placé dans l’axe de la route, persuada le surintendant des travaux, moyennant £5, de modifier légèrement le tracé du chemin de façon qu’il contourne cet obstacle naturel.
La carrière de Doak ne fut pas sans tache. Lors d’une réunion spéciale du conseil de comté en 1819, on l’accusa de tenir une maison de jeu. De plus, en 1830, il dut payer l’amende pour avoir vendu illégalement des spiritueux, infraction courante à l’époque mais qu’on ne pouvait tolérer d’un homme de sa condition. Enfin, de 1837 à 1840, Doak fut l’une des principales figures à un pénible procès qui l’opposait à son gendre, William Robinson, « un débiteur en fuite », et au cours duquel il agit à titre de président du tribunal.
Robert Doak, communément appelé « le squire », était reconnu pour son esprit charitable ; il contribua généreusement à la vie religieuse et scolaire de la communauté, faisant don de terrains pour qu’on y construise une église baptiste (même si sa famille était presbytérienne) et l’école du village.
Les renseignements concernant Robert et Jean Kirkland Doak nous ont été gracieusement fournis par un descendant, le révérend Douglas Earle, de Halifax, qui les a tirés de la bible appartenant à la famille Doak et qui se trouve aujourd’hui en sa possession. [w. r. mack.]
APC, RG 31, Al, 1851, Blissfield.— APNB, MC 216/46 ; MYY 262 ; RG 4, RS24, S38-P42 ; RG 5, RS55, 1840, Doak v. Hutchison ; RG 7, RS68, 1856, Robert Doak ; RG 10, RS108, Robert Doak, 20 juill. 1822, 18 févr. 1836 ; RG 18, RS153, 1817, 1822–1823, 1826, 1829–1830, 1843–1844 ;17.— Église épiscopale du Canada, Diocese of Fredericton Arch., Ludlow Parish, N.-B., reg. of baptisms, 1818–1824.— Central Miramichi Hist. Soc. (Doaktown, N.-B.), « Notes on the Doaks ».— GRO (Édimbourg), Ochiltree, Reg. of births and baptisms, 10 avril 1785 ; Reg. of marriages ; Sorn, Reg. of marriages, 3 oct. 1808 ; Stair, Reg. of marriages.— Northumberland Land Registry Office (Newcastle, N.-B.), Registry books, 25 : 279 (mfm aux APNB).— St Thomas United Church Cemetery (Doaktown), Pierre tombale de Robert et Jean Kirkland.— SRO, RS14/55/206, 14 févr. 1807.— UNBL, A. H. Ross Foster [Hanley] coll., A. H. Ross [Foster] Hanley, « Some account of the families of James Ross, Donald McDonald, Joseph Story, James Doak and their descendants » (copie dactylographiée, 1959).— N.-B., Postmaster General, First report of the Postmaster General of New Brunswick, General Post Office, Fredericton, 31st December 1856 ([Fredericton, 1857]), xx.— W. A. Spray, « Early Northumberland County, 1765–1825 ; a study in local government » (thèse de m.a., Univ. of N.B., Fredericton, 1963), 113.— Margaret Doak, « Squire Doak – and Doaktown », Atlantic Advocate (Fredericton), 58 (1967–1968), n° 1 : 29–33.— « Doaktown », Gleaner (Fredericton), 21 mai 1887 : 3.— Mme Frank Swim, « History of Doaktown », Doaktown Rev., 28 mars 1902.
William R. MacKinnon, « DOAK, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/doak_robert_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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