DIXON, GEORGE, dit Little Chocolate, boxeur, né le 29 juillet 1870 à Halifax ; il épousa Kitty O’Rourke, la sœur de son manager ; décédé le 6 janvier 1908 à New York.

George Dixon naquit à l’extrémité nord de Halifax. Apprenti photographe, il se prit d’intérêt pour la boxe parce que des boxeurs de la région venaient faire prendre leurs photos publicitaires au studio de son employeur. Son premier combat – et son premier knock-out – eut lieu en 1886. Peu après, il s’installa à Boston pour boxer. En 1887, il remporta deux victoires. L’année suivante, sur 11 combats, il en gagna 5 et fit 6 fois match nul. Dans la seconde moitié du xixe siècle, un boxeur pouvait concourir dans deux catégories de poids en même temps. Dixon le faisait dans la catégorie poids coq et dans la catégorie poids plume. De nos jours, on le classerait probablement dans les poids plume.

Apparemment, à cette époque, la race était un facteur moins important chez les boxeurs légers que lourds [V. George Godfrey], car Dixon, de race noire, n’eut pas de mal à se faire accepter comme un bon élément. Il attira l’attention sur lui après une série de combats contre Hank Brennan, « la fierté de Boston ». En février 1890, après 70 rounds, le plus long combat de sa carrière, il fit match nul avec Cal McCarthy, champion poids coq et poids plume de l’est des États-Unis, ce qui le porta au rang d’une vedette. Le 27 juin, Dixon et Nunc Wallace, champion poids coq et poids plume de la Grande-Bretagne, s’affrontèrent à Londres. Au bout de 18 rounds, les soigneurs de Wallace reconnurent la défaite.

Cette victoire sur Wallace donnait à Dixon de sérieuses prétentions au titre de champion mondial des poids coq, mais avant de pouvoir être reconnu comme tel, il estimait qu’il devait battre trois boxeurs dont les chances étaient aussi bonnes que les siennes. En octobre 1890, il remporta la victoire sur le premier, Johnny Murphy, champion poids plume du Rhode Island. Le combat dura 40 rounds et, au dernier, selon un compte rendu, Murphy « avait l’air d’avoir été écorché », tandis que Dixon avait à peine une égratignure. Dixon affronta McCarthy de nouveau le 31 mars 1891 pour une bourse de 4 000 $ ; au vingt-deuxième round, McCarthy abandonna, après avoir été envoyé au tapis plusieurs fois. Puis, le 28 juillet, à San Francisco, Dixon remporta la victoire en cinq rounds, par knock-out, contre Abe Willis, champion poids coq de l’Australie. Il devint ainsi champion mondial de cette catégorie ; il était le premier Noir et le premier Canadien à remporter un titre mondial à la boxe.

Comme il avait déclassé Wallace et McCarthy, Dixon affirmait être également champion mondial des poids plume, mais ce titre était contesté. Le 27 juin 1892, pour faire taire ses critiques, il affronta Fred Johnson, nouveau champion poids plume de Grande-Bretagne. Il le battit en 14 rounds. Six semaines plus tard, il s’opposa à l’amateur Jack Skelly de La Nouvelle-Orléans dans une rencontre dont l’enjeu, selon la publicité, était le championnat mondial poids plume. Il remporta la victoire aisément, en huit rounds, ce qui lui rapporta une bourse de 17 500 $ et son deuxième titre.

D’une taille de cinq pieds trois pouces et demi seulement et d’un poids dépassant rarement 120 livres, Dixon était un formidable boxeur à cause de sa vitesse, de son agilité et de sa puissance. Ses crochets du gauche étaient réputés particulièrement dangereux. On lui attribue le mérite d’avoir innové en matière d’entraînement. À la veille du combat contre Willis, un reporter écrivit que, selon bien des gens, Dixon était « le meilleur homme sans entraîneur à avoir jamais monté sur le ring ». Le journaliste décrivait ainsi sa nouvelle série d’exercices d’entraînement : « il tient une paire de petits haltères et attaque un adversaire imaginaire avec une main ou l’autre. Il avance un pied puis l’autre en faisant des feintes et en baissant la tête devant cet ennemi « fantôme ». Cette technique porte aujourd’hui le nom de boxe simulée. On croit aussi que Dixon fut le premier boxeur à se servir du punching-bag moderne, suspendu au plafond.

Les statistiques de la carrière de Dixon retiennent encore l’attention. Il avait souvent de six à dix compétitions par an ; bon nombre d’entre elles étaient brèves et prenaient fin après quatre ou cinq rounds. Cependant, de 1896 à 1899, 12 de ses combats durèrent 20 rounds et 6, 25 rounds. Puis, en 1903, il en eut trois de 20 rounds et trois de 15 rounds. En plusieurs occasions, Dixon sillonna les États-Unis en acceptant d’affronter tous ceux qui le défiaient. En une seule semaine, au cours d’une de ces tournées de démonstration, il livra 22 combats, ce que bien peu de boxeurs contemporains pourraient faire. Principalement parce qu’il est impossible de déterminer le nombre de ces combats de démonstration, on ignore combien de fois Dixon se battit en tant que professionnel. Son manager affirmait qu’il avait participé à au moins 800 compétitions ; on a même avancé le chiffre de mille. Ces statistiques placent la fiche de Dixon parmi les plus impressionnantes de l’histoire de la boxe.

Dixon se retira de la catégorie poids coq en 1892 sans avoir été détrôné, mais Solly Smith lui arracha son titre de champion poids plume le 4 octobre 1897 au bout de 20 rounds. Smith ayant perdu le titre l’année suivante au profit de Dave Sullivan, Dixon affronta celui-ci le 11 novembre 1898 ; Sullivan fut disqualifié parce que ses soigneurs avaient enfreint le règlement en entrant dans le ring. Dixon perdit le championnat pour de bon à New York le 9 janvier 1900 au cours d’un combat qui l’opposait à Terry McGovern. Même s’il continua d’attirer les foules, il commença alors à faire match nul ou à perdre de plus en plus souvent contre des adversaires qu’il aurait aisément vaincus auparavant. Il se retira en 1906 après avoir perdu un combat de 15 rounds.

George Dixon estimait avoir gagné 250 000 $ en pratiquant la boxe, mais, comme c’est souvent le cas lorsque l’on devient riche subitement, l’argent lui filait entre les doigts. Il aimait les beaux vêtements, les divertissements coûteux et les paris ; les œuvres de bienfaisance bénéficiaient aussi de ses largesses. À la fin de sa carrière, il était presque sans le sou et en était réduit à boxer pour de petites sommes. Dans les deux dernières années de sa vie, il sombra dans l’alcool.  « Homme ravagé et usé » peut-on lire dans une nécrologie, il mourut deux jours après son admission au Bellevue Hospital de New York. Sa dépouille fut exposée dans un club athlétique durant deux jours avant d’être inhumée à Boston. En 1955, Dixon fut élu au Temple de la renommée des sports du Canada ; l’année suivante, on présenta sa candidature à l’American Ring Hall of Fame. En 1968, un centre récréatif de l’extrémité nord de Halifax fut baptisé en l’honneur de ce remarquable boxeur canadien, peut-être le meilleur que le pays ait produit.

En collaboration

Nous remercions Wilfred McCluskey, de Charlottetown, et Barry Cahill, des PANS, pour l’aide qu’ils ont apportée à la préparation de la présente biographie.

On trouve des photographies de George Dixon dans Canada’s sporting heroes et Sweat and soul (cités ci-dessous). Une pièce de théâtre sur sa vie, Shine boy, écrite par George Boyd, a été présentée à Halifax en 1988.

A lesson in boxing (s.l., 1893), opuscule de 15 pages rédigé « par George Dixon, champion poids plume du monde », est conservé à la Library of Congress, Washington, et répertorié dans le National union catalog.

PANS, MG 1, 783, file 4 ; MG 9, 43 : 352.— Acadian Recorder, 27 oct. 1890, 1er avril, 29 juill. 1891, 28 juin, 7 sept. 1892, 12 nov. 1898, 10 janv. 1900.— Daily Patriot (Charlottetown), 7 janv. 1908.— Halifax Herald, 7 janv. 1908.— N. S. Fleischer, Black dynamite, the story of the negro in the prize ring from 1782 to 1928 (5 vol., New York, 1938–1947), 3 : 1–127.— J. N. Grant, Black Nova Scotians (Halifax, 1980), 39.— C. R. Saunders, Sweat and soul (Hantsport et Dartmouth, N.-É., 1990), 20–27, 35, 45.— S. F. Wise et Douglas Fisher, Canada’s sporting heroes (Don Mills [Toronto], 1974), 144s.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

En collaboration, « DIXON, GEORGE, dit Little Chocolate (1870-1908) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dixon_george_1870_1908_13F.html.

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Auteur de l'article:    En collaboration
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    1 décembre 2024