DICKIE, JOHN BARNHILL, instituteur, fermier, constructeur de navires et homme politique, né le 30 mars 1829 à Cornwallis, Nouvelle-Écosse, fils aîné d’Isaac Patton Dickie et de Rebecca Barnhill ; le 7 octobre 1850, il épousa Ellen Putnam, et ils eurent trois enfants, puis, en 1858, Harriet Dickson, et de ce mariage naquirent huit enfants ; décédé le 5 juin 1886 à Truro, Nouvelle-Écosse.
Originaires de Londonderry (Irlande du Nord), les ancêtres de John Barnhill Dickie avaient immigré dans le comté de Cumberland, en Nouvelle-Écosse, vers 1763. Dickie reçut son éducation à Canard et à Wolfville, Nouvelle-Écosse, puis, de 1847 à 1851, il fréquenta la Wesleyan Academy de Sackville, Nouveau-Brunswick, et enfin le Halifax Free Church College. Pendant ses études à la Mount Allison Wesleyan Academy, Dickie enseigna dans une école aisée à Middle Stewiacke, Nouvelle-Écosse, y donnant des cours de tenue de livres, d’arpentage, de mesurage, d’algèbre et de latin à une trentaine d’élèves. Il enseigna plus tard les mathématiques à la Halifax Academy.
Pendant son séjour à Middle Stewiacke, Dickie dirigea une ferme et, en 1854, il fut nommé coroner du comté de Colchester. En 1856, il était installé à Onslow où il exploita une ferme et un magasin. Il occupa le poste de trésorier des pauvres du district d’Onslow en 1858–1859, devint juge de paix en 1861 et, deux ans plus tard, fut major de milice pendant une brève période. En 1866, il fonda l’Onslow Agricultural Society dont il fut le premier président ; il se vit également nommé custos rotulorum (juge de paix et gardien des registres) du comté de Colchester et l’un des commissaires chargés de l’administration des terres réservées aux écoles du district d’Onslow, en 1868. Trois ans plus tard, Dickie alla s’installer à Truro où il avait été nommé directeur de la Banque des marchands d’Halifax, premier établissement financier de ce village. De 1872 jusqu’à sa mort, il détint aussi des actions dans six navires construits au bassin des Mines ; l’un d’eux, le Colchester, passait pour le navire le plus rapide jamais lancé dans la baie de Fundy. En 1872, Dickie institua la Truro Marine Insurance Company pour protéger ses placements.
En décembre 1874, Dickie fut élu député du comté de Colchester à la chambre d’Assemblée, à titre d’indépendant, même si, de façon générale, il avait été sympathique à la cause des libéraux. À la suite des élections, le gouvernement libéral de William Annand n’était pas assuré de conserver la majorité à l’Assemblée et, le 11 mars 1875, Dickie accepta le poste d’orateur (président) que lui avait offert Annand, ce qui provoqua de la colère. Pour Annand, la nomination de Dickie l’assurait d’un vote qui autrement aurait pu être négatif ; des rumeurs circulaient selon lesquelles Dickie avait renoncé à ses principes pour de l’argent, pour le prestige ou contre la promesse d’un siège au Conseil législatif. Un journal fit l’éloge de Dickie, le disant « perspicace, lucide et habile », mais un autre qualifia son acceptation de geste corrompu et perfide. Son collègue du comté de Colchester, William Albert Patterson, qui quitta la chambre plutôt que de voter contre son ami, fit allusion par la suite à « la vente de la charge d’orateur de la chambre » ; lorsque Dickie fut nommé au Conseil législatif trois ans plus tard, le Colchester Sun parla de « dernier acte ».
Dickie n’avait pas une connaissance suffisante de la procédure parlementaire pour diriger une chambre d’Assemblée divisée en deux parties presque égales. En voulant plaire à tous, il ne satisfit personne. En trois occasions au moins, ses interventions ou ses décisions provoquèrent de vives controverses. Le 30 avril 1875, il rompit l’égalité d’un vote lors de la présentation d’un amendement à un projet de loi sur les chemins de fer ; l’opposition donna alors libre cours à sa fureur. Pour la première et la seule fois dans l’histoire parlementaire du Canada, une proposition demandant la démission de l’orateur – celui-ci démissionna le lendemain – fut adoptée, par 30 voix contre 12. « Il dut entendre des attendus où on l’accusait des crimes graves d’ignorance et d’incompétence, d’avoir touché un traitement sous de fausses représentations et d’avoir assumé une charge acquise au prix de la trahison. » Son manque d’expérience lui fut néfaste : les règles de procédure exigeaient que la fatale motion fût présentée après un préavis de 48 heures. Le Mail de Toronto rapporta que l’incident était « caractéristique de la politique de la Nouvelle-Écosse qui apparaissait, en fait, impénétrable et incompréhensible ».
Dickie conserva son siège à la chambre jusqu’en 1878 et siégea alors au Conseil législatif jusqu’à sa mort. Homme réservé, il ne fit aucun commentaire public sur l’humiliante expérience qu’il avait vécue en 1875, et la correspondance qu’il entretint avec son frère James nous révèle un individu calme et serein. Presbytérien engagé, Dickie se consacra pendant ses dernières années à ses affaires et, lorsqu’il mourut d’un cancer de l’intestin en 1886, il laissa un héritage de plus de $61 000.
Dalhousie Univ. Arch., MS 4–63.— Canadian biog. dict., II.— A. W. H. Eaton, The history of Kings County, Nova Scotia [...] (Salem, Mass., 1910 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).
Allan C. Dunlop, « DICKIE, JOHN BARNHILL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dickie_john_barnhill_11F.html.
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Auteur de l'article: | Allan C. Dunlop |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
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