DIBBLEE, FREDERICK, instituteur, ministre de l’Église d’Angleterre et auteur, né le 9 décembre 1753 à Stamford, Connecticut, troisième fils du révérend Ebenezer Dibblee (Diblee) et de Joanna Bates ; il épousa Nancy Beach, de Stratford, Connecticut, et ils eurent sept fils et six filles ; décédé le 17 mai 1826 à Woodstock, Nouveau-Brunswick.
Après avoir été prédicateur congrégationaliste pendant quelques années, le père de Frederick Dibblee décida d’entrer dans l’Église d’Angleterre et, en 1745, il devint officiant laïque de la congrégation anglicane de Stamford. Ordonné prêtre en Angleterre en 1748, il retourna à Stamford, où il allait exercer son ministère durant 51 ans. À l’âge de 18 ans, Frederick entra au King’s Collège de New York. D’après son père, il « obtint une licence » en mai 1776, mais les registres de l’établissement indiquent qu’il partit avant d’avoir terminé ses études. Lorsqu’il rentra chez lui, la révolution avait déjà gagné Stamford.
En 1775–1776, l’Assemblée générale du Connecticut adopta des mesures de plus en plus rigoureuses à l’endroit des sympathisants tories et, en novembre 1776, plusieurs loyalistes de Stamford, dont Frederick Dibblee, furent transportés à Lebanon, dans l’est de l’État. En avril, après avoir eu la permission de retourner chez lui, Dibblee se vit menacer de mort et s’enfuit à l’île Long, où son frère Fyler avait déjà trouvé refuge. C’est là, à Oyster Bay, qu’il se lança dans les affaires avec un certain M. Jackson. Il acquit avec le temps « des biens considérables », selon son père, et il épousa Nancy Beach, une réfugiée elle aussi. Toutefois, son commerce fut pillé à cinq reprises par des rebelles, ce qui lui causa des dommages d’au moins £1 200. En novembre 1782, sa femme et lui se firent même voler leurs effets de ménage et leurs plus beaux vêtements. Dibblee décida donc de partir avec son frère Fyler et d’autres loyalistes sur un des navires qui se rendaient en Nouvelle-Écosse au printemps de 1783. Incapable de régler ses affaires à temps, il dut en fin de compte retarder son départ, d’autant plus que sa femme était enceinte et que, plus tard, lui-même commença à souffrir d’« une fièvre rémittente ». Finalement, il ne s’embarqua que le printemps suivant.
Dibblee obtint un lot à Parrtown (Saint-Jean), dans ce qui allait bientôt devenir la province du Nouveau-Brunswick, mais il s’établit à Kingston, où il devint officiant laïque de la congrégation anglicane. En 1787, la Society for the Propagation of the Gospel in New England and Parts Adjacent in America, communément appelée New England Company, l’envoya diriger une école pour les Indiens dans la paroisse de Woodstock. L’établissement faisait partie d’un réseau d’écoles fondées par la société en vue de détourner les Indiens du catholicisme et de leur enseigner l’anglais et un métier. Le travail de Dibblee fut relativement fructueux. Dès 1790, la construction d’une école en bois rond de 26 pieds sur 22 était achevée et, le 4 janvier de cette année-là, il avait 22 élèves, tant adultes qu’enfants. « Ils sont assidus en classe, écrivait-il, et apprennent à une vitesse extrême, cinq d’entre eux en particulier [ont] fait des progrès vraiment étonnants tant en orthographe qu’en écriture. » Il touchait un salaire de £30, une allocation pour les petits Indiens qu’il gardait en pension et une prime occasionnelle de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts. Selon l’évêque Charles Inglis* qui visita la paroisse en 1792, il était « très aimé des Indiens et respecté des Blancs ». À cette époque, il avait déjà fait quelque progrès dans la langue de ces Indiens, quoique, disait-on, il ait été freiné dans cet apprentissage par « l’attention qu’[il devait consacrer] à sa ferme pour assurer la subsistance de sa famille ». Cependant, deux ans plus tard, la New England Company décida de centraliser ses efforts à Sussex Vale (Sussex Corner), à l’école d’Oliver Arnold, et ferma ses autres écoles.
À compter de 1792, Dibblee tira la plus grande partie de ses revenus de son ministère. À l’automne de cette année-là, il s’était rendu à Halifax, où l’évêque Inglis l’avait ordonné diacre dans l’église St Paul et, le 19 août de l’année suivante, il fut élevé à la prêtrise par Inglis à l’église Trinity de Saint-Jean. On lui confia quatre grandes paroisses, Prince William, Queensbury, Northampton et Woodstock, la dernière étant son poste principal. En 1794, la Society for the Propagation of the Gospel l’engagea comme « missionnaire itinérant » moyennant un salaire annuel de £50. Il faisait régulièrement la tournée de ses paroisses, ce qui représentait pour lui des difficultés considérables. En 1820, il alourdit son fardeau en se rendant dans les établissements militaires situés au nord de Woodstock ; selon ses dires, il était le premier pasteur à le faire. Ses paroissiens estimaient beaucoup cet homme énergique et dévoué. Les difficultés financières que connaissaient les communautés qu’il desservait n’empêchèrent pas la construction d’églises. En 1805, Prince William avait déjà un édifice rudimentaire ; en 1811, une église qui avait coûté £150 fut achevée à Woodstock mais, cinq ans plus tard, les fidèles travaillaient encore à la décoration intérieure et extérieure. Quant à celle de Queensbury, elle n’était toujours pas terminée en 1820 et n’était utilisable qu’en été.
Dibblee s’intéressa toujours à l’éducation : dans ses lettres à la Society for the Propagation of the Gospel, il demandait souvent de l’aide pour les écoles et les instituteurs ou réclamait que l’on envoie des livres. En 1822, son vaste district comptait dix écoles du genre que promouvait le lieutenant-gouverneur George Stracey Smyth et que l’on appelait écoles de Madras ou écoles nationales ; chacune avait une quarantaine d’élèves. Après la mort de Dibblee, la New-Brunswick Royal Gazette souligna combien l’instruction avait été une préoccupation pour lui : c’était, notait le journal, « un ami chaleureux pour tout établissement qui promettait d’être d’utilité publique, surtout s’il s’agissait de l’éducation de la jeunesse, objectif aussi utile qu’important auquel il se consacrait avec une constance et un zèle rarement égalés ». En reconnaissance de ses services, la Society for the Propagation of the Gospel accorda une pension de £50 à sa veuve.
L’œuvre éducative de Frederick Dibblee n’allait pas toucher que ses élèves. En effet, de 1803 à 1825, il tint une série de journaux qui offrent aux historiens des renseignements précieux sur les conditions agricoles et sociales existant dans le centre de la vallée de la rivière Saint-Jean à l’époque loyaliste. Ces documents se trouvent aux archives du Musée du Nouveau-Brunswick, à Saint-Jean.
EEC, Diocese of Fredericton Arch., « Inglis papers, 1787–1842 », W. O. Raymond, compil. (photocopies aux APNB).— PANS, RG 1, 369, no 165 (Ebenezer Dibblee à sir Guy Carleton, 31 oct. 1783).— USPG, Journal of SPG, 25–36, particulièrement 25 : 415–417 ; 26 : 70–71, 74, 215–216, 373–377 ; 27 : 57–58 ; 29 : 127–128 ; 31 : 210–212 ; 32 : 293–295 ; 33 : 54–55 ; 34 : 44–47 ; 36 : 340–343.— Source materials relating to the New Brunswick Indian, W. D. Hamilton et W. A. Spray, édit. (Fredericton, 1976).— Winslow papers (Raymond).— New-Brunswick Royal Gazette, 30 mai 1826.— Columbia University officers and alumni, 1754–1857, M. H. Thomas, compil. (New York, 1936).— F. B. Dexter, Biographical sketches of the graduates of Yale College, with annals of the college history (6 vol., New York et New Haven, Conn., 1885–1912).— E. B. Huntington, History of Stamford, Connecticut [...] (Stamford, 1868 ; réimpr. avec corrections, Harrison, N.Y., 1979).— G. H. Lee, An historical sketch of the first fifty years of the Church of England in the province of New Brunswick (1783–1833) (Saint-Jean, N.-B., 1880).— K. F. C. MacNaughton, The development of the theory and practice of education in New Brunswick, 1784–1900 : a study in historical background, A. G. Bailey, édit. (Fredericton, 1947).— Pascoe, S.P.G.— W. O. Raymond, « The old Meductic fort », N.B. Hist. Soc., Coll., 1 (1894–1897), no 2 : 221–272.
Darrel N. Butler, « DIBBLEE, FREDERICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dibblee_frederick_6F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
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