DeWOLF, JAMES RATCHFORD, médecin et surintendant d’asile, né le 19 novembre 1818 à Horton, Nouvelle-Écosse, un des 14 enfants de Thomas Andrew Strange DeWolf et de Nancy Ratchford ; le 17 novembre 1846, il épousa à Halifax Eleanor Reade Sandifer, et ils eurent quatre enfants ; décédé le 5 mars 1901 à Halifax.

James Ratchford DeWolf fit d’abord ses études à Horton. Fils d’un affréteur qui était aussi député de la circonscription de Kings à la Chambre d’assemblée, il se prépara tôt à une carrière médicale en faisant son apprentissage chez le docteur Ebenezer Fitch Harding, de Windsor. Pendant les deux années que DeWolf passa auprès de Harding, le docteur apprit à respecter « son assiduité, sa conduite irréprochable et [...] [ses] belles qualités de cœur ».

En 1839, DeWolf entra à la University of Edinburgh. Il reçut son doctorat en médecine en 1841 de même qu’une licence et une autorisation de pratique du Royal College of Surgeons of Edinburgh. Pendant son séjour à Édimbourg, il fut interne en chirurgie à la maternité, assistant d’un clinicien, le professeur Robert Christison, et membre de la Société de médecine de Paris. Par la suite, il devint le premier colonial à figurer parmi les membres de la Royal Medico-Psychological Association de Londres. DeWolf rentra en Nouvelle-Écosse en 1841 pour exercer la médecine à Kentville, puis, après un bref séjour dans la localité terre-neuvienne de Brigus, en 1844, il s’installa à Halifax. En 1849, il fut président de la Nova Scotia Philanthropie Society.

En 1857, DeWolf prit la direction du nouveau Provincial Hospital for the Insane [V. Hugh Bell*]. Son expérience de la médecine et ses convictions religieuses – c’était un fervent méthodiste – semblaient présager qu’il ferait une belle carrière dans le soin des aliénés. Comme la plupart des surintendants d’asile du troisième quart du xixe siècle, DeWolf préconisait le traitement moral plutôt que la contrainte physique. Selon lui, « l’absence de contention » était « une caractéristique [particulièrement] positive du traitement moderne et humanitaire » des malades mentaux. Moments de dévotion contemplative, exercices quotidiens au grand air, musique et travail « volontaire » : telle était sa thérapeutique. Les « faveurs et gratifications », disait-il, inclinaient les malades à faire des travaux bénéfiques à la fois pour eux-mêmes et pour l’hôpital.

Bien que DeWolf se soit montré compatissant et se soit opposé sans relâche aux mauvais traitements, on commença bientôt à se demander s’il possédait « toutes les compétences d’un surintendant médical ». Travailler avec des subordonnés, semble-t-il, lui était particulièrement difficile. Le 12 mai 1860, dans une lettre à Joseph Howe*, secrétaire de la province, James Liddell, secrétaire du conseil des commissaires de l’hôpital, fit état des « différends continuels et [du] manque d’harmonie » qui régnaient dans l’administration de l’asile et nota que les commissaires n’étaient pas parvenus à résoudre ces problèmes. Un comité du Conseil exécutif se pencha donc sur ces « jalousies et rivalités mesquines » ; à l’hôpital, l’atmosphère était si empoisonnée que même les malades sentaient qu’« ils vivaient en pleine guerre civile ».

DeWolf ne s’entendait pas avec l’économe de l’hôpital, Amos Black : c’était cette dispute qui était au cœur du conflit. DeWolf prétendait que Black se livrait à des activités à caractère sexuel avec les malades. « [Il] persiste, disait-il, à se rendre dans les salles des femmes, aussi bien le soir que le jour. » En outre, il trouvait Black insolent et « de plus en plus réfractaire ». Black nia ces accusations, bien sûr, et répliqua que DeWolf avait une dent contre lui. Le comité recommanda de congédier Black et réorganisa l’administration de l’hôpital de manière à donner plus d’autonomie au surintendant, mais ne lava pas DeWolf de tout blâme. Comme les commissaires le trouvaient extravagant et trop dépensier, et comme ils avaient signalé qu’il puisait dans les réserves de l’hôpital pour soutenir les siens, le comité recommanda de lui verser un salaire annuel qui pourvoirait aussi aux besoins de sa famille.

Pendant une quinzaine d’années, aucune difficulté, semble-t-il, ne troubla la surintendance de DeWolf. En 1866, il fut président de la Medical Society of Nova Scotia. Il avait participé à la fondation de cette association en 1854 et en avait été le secrétaire pendant quatre mandats consécutifs à compter de 1855. En outre, de 1871 à 1875, il enseigna la médecine légale au Dalhousie College.

Cependant, vers 1875, par suite du rapport de l’un des commissaires du Bureau de santé provincial, le docteur Edward Farrell, on pointa à nouveau du doigt l’administration de l’hôpital. Farrell soutenait que les malades étaient victimes de négligence et qu’il y avait des irrégularités dans les contrats d’approvisionnement. En réponse à ces allégations, le gouvernement de Philip Carteret Hill* nomma en mai 1877 une commission d’enquête sur l’asile, que l’on avait rebaptisé entre-temps Nova Scotia Hospital for the Insane. La commission entendit plus de 40 témoins qui firent état de divers problèmes : mauvais traitements envers les malades, présence irrégulière du personnel dans les salles, ventilation et chauffage déficients, mesures inadéquates de prévention des incendies, extravagance de DeWolf et relations très tendues entre lui et son personnel. Les commissaires furent particulièrement troublés d’apprendre que DeWolf (« homme de commerce difficile », selon l’un des témoins) et le docteur Duncan Alexander Fraser, médecin adjoint, étaient comme chien et chat, à tel point qu’ils n’examinaient jamais ensemble les dossiers des malades. Fraser témoigna que depuis son arrivée à l’hôpital, quatre ans auparavant, il n’avait pas eu « une [seule] consultation professionnelle » avec DeWolf.

Sidérés par la « situation indigne » que l’enquête avait mise au jour, les commissaires réclamèrent une réorganisation complète de l’établissement et le renvoi de DeWolf, de Fraser, du magasinier et du superviseur. Un médecin hautement respecté, le docteur Alexander Peter Reid*, un des chefs de file de la professionnalisation de la médecine en Nouvelle-Écosse, succéda à DeWolf.

Tout au long de l’enquête, des indices avaient fait soupçonner qu’il y avait corruption à l’hôpital. D’abord, l’approvisionnement se faisait rarement par contrat ou par soumission. Ensuite, on vérifiait l’approvisionnement avec un tel laxisme qu’il n’y avait « pas moyen de savoir si les comptes relatifs aux marchandises reçues et distribuées étaient exacts ou non ». Malgré la confusion qui régnait dans la comptabilité, DeWolf dut rembourser au trésor provincial la somme qui lui fut imputée pour des fournitures, de même que le montant des gages de son domestique, dépense qu’il avait faite sans autorisation.

Après son congédiement, James Ratchford DeWolf se retira dans une maison de Halifax et vécut à la fois de ses économies et du produit de plusieurs investissements judicieux. Il détenait des actions de plusieurs compagnies d’assurance-incendie, de la Halifax Banking Company, de la Banque de la Nouvelle-Écosse, de la Compagnie du télégraphe de Montréal et de la Starr Manufacturing Company. Ayant abandonné la pratique de la médecine, il se tourna vers l’histoire locale et familiale, collaborant avec Arthur Wentworth Hamilton Eaton* à la compilation de la généalogie des DeWolf. « Aucun fils du comté [de Kings], a écrit Eaton, ne s’est intéressé davantage que le docteur DeWolf aux débuts de l’histoire du comté. »

Colin D. Howell

PANS, MG 1, 259B ; MG 20, 181 ; MG 100, 134, nos 107, 112.— Morning Chronicle (Halifax), 6 mars 1901.— D. A. Campbell, « History of the Medical Society of Nova Scotia », Maritime Medical News (Halifax), 15 (1903) : 540.—Eaton, Hist. of Kings County, 494.— Daniel Francis, « The development of the lunatic asylum in the Maritime provinces », Acadiensis (Fredericton), 6 (1976–1977), no 2 : 23–38.— « Genealogy of the DeWolf family with pedigree charts [...] also the Nova Scotia family of DeWolf, with appendix by James R. DeWolf, m.d. », E. G. et E. McC. Salisbury, compil. (1893 ; mfm aux PANS).— Maritime Medical News, 13 (1901) : 104s.— N.-É., House of Assembly, Journal and proc., 1860–1861, app. (reports of the commissioner for the Hospital for the Insane, 1859–1860) ; 1878, app., no 10 (Commission appointed to investigate the condition and general management of the Provincial Hospital for the Insane, Report) ; a aussi été publié en brochure (Halifax, 1877), exemplaire aux PANS, Library, V/F 275, no 18.— Nova Scotia Hospital for the Insane, Supplementary evidence as to the management of the Nova Scotia Hospital for the Insane, Mount Hope, Dartmouth ([Halifax, 1878–1879]).

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Colin D. Howell, « DeWOLF, JAMES RATCHFORD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dewolf_james_ratchford_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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