DEWAR, EDWARD HENRY, ministre de l’Église d’Angleterre, théologien et auteur, né le 31 août 1812 à Amherstburg, Haut-Canada, fils unique du lieutenant John Dewar, du régiment des Canadian Fencibles, et de son épouse Maria ; il eut un fils de sa première épouse, Amy, et des jumelles de la seconde, Caroline Elliott, qu’il avait épousée en 1859 ; décédé le 24 octobre 1862 à Thornhill, Haut-Canada.

Edward Dewar perdit son père peu après sa naissance. Il reçut sa première éducation à Hambourg (République fédérale d’Allemagne) et fut admis à Exeter Collège, à Oxford, le 27 janvier 1831. Il reçut le baccalauréat ès arts en 1834 et la maîtrise ès arts en 1837, se trouvant ainsi à Oxford lors de la naissance du mouvement d’Oxford au sein de l’Église d’Angleterre, lequel exerça sur lui une grande influence. Après son ordination, on sait qu’il fut professeur, puis aumônier au Royal Sussex County Hospital de Brighton pendant six mois, en 1840, avant de retourner à Hambourg comme aumônier des résidents britanniques. C’est là qu’en 1844, il termina la rédaction de son German Protestantism, and the right of private judgment in the interpretation of Holy Scripture.

Ce livre constituait une virulente attaque contre le protestantisme libéral allemand. On pouvait, selon Dewar, interpréter les Écritures en s’appuyant sur le principe de l’autorité de l’Église (la « catholicité ») ou sur celui du jugement individuel (le « rationalisme »). Ce dernier avait suscité les « spéculations les plus fantaisistes » en Allemagne, à partir de Luther. Dewar, qui connaissait bien l’allemand, retraça la progression de l’erreur dans les écrits de Wolff, Kant, Schelling, Hegel et des néo-hégéliens. Il mettait en contraste le caractère sombre de la religion en Allemagne et celui de l’Angleterre « qu’aucune nation sur la terre n’égalait en piété » et où on maintenait le principe de la « catholicité ». Son livre avait le mérite de présenter la philosophie allemande courante aux lecteurs anglais ; l’évêque John Strachan le disait « bien connu » au Canada.

Dewar revint au Canada en 1851. Il assista le révérend Henry Bate Jessopp dans la fondation de l’école secondaire de l’église de Cobourg, où il s’occupa, avec sa femme, des pensionnaires. En octobre 1852, il devint rector de l’église St John, à Sandwich (Windsor), Haut-Canada, et, malgré sa santé chancelante, joua un rôle considérable dans le développement de la nouvelle ville de Windsor. Il y construisit la première église anglicane All Saints, inaugurée le 10 septembre 1857, dont il devint rector, tout en conservant son poste antérieur. Désireux d’arracher les jeunes à des « passe-temps abjects », il fut un des fondateurs en 1855 du Mechanics’ Institute et de sa bibliothèque publique, et en devint le président en 1857. Il fut examinateur à l’école protestante publique, tout en défendant au sein du synode le droit de toutes les dénominations protestantes de posséder leurs propres écoles. Il s’intéressa également à l’instruction agricole.

En octobre 1855, la première édition d’une revue mensuelle de 16 pages, le Churchman’s Friend, paraissait à Paris (plus tard à Windsor), sous la direction de Dewar et du révérend Adam Townley. Cette publication avait pour but d’expliquer et de défendre dans un langage simple les « vrais principes de l’Église », en accord avec la théologie de la High Church professée par le mouvement d’Oxford ; en 1857, elle appuya Alexander Neil Bethune* comme évêque du nouveau « diocèse de l’ouest », qui devint le diocèse de Huron. Dewar avait précédemment demandé à Strachan de nommer lui-même un candidat qui serait approuvé par les clercs et les laïcs, en vue d’empêcher l’élection probable de l’évangélique Benjamin Cronyn*. La revue cessa de paraître en 1857, après avoir fait l’objet de controverses ; Dewar tenta en vain d’en fonder une nouvelle en 1858.

Dewar fut nommé rector à Thornhill, Haut-Canada, près de Toronto, le 1er octobre 1859. Bien avant l’élection de Cronyn, il avait caressé l’espoir de déménager à un endroit où il pourrait exercer une. plus grande influence dans les affaires de l’Église, mais il s’était buté principalement contre la volonté de Strachan de placer « l’un des [membres] les plus doués et les plus présentables de [son] clergé » aux frontières du diocèse, afin de « compenser pour les déficiences dans d’autres parties de [la] frontière ». Dewar se révéla en 1861 un puissant défenseur de Trinity College, à Toronto, relativement aux accusations portées par Cronyn contre l’enseignement romanisant du principal George Whitaker*. En 1861 et 1862, Dewar fut choisi comme délégué au synode provincial. Ses paroissiens, toutefois, se plaignirent d’être négligés.

Strachan, reconnaissant ses nombreuses contributions à l’Église, exprima en ces termes ses regrets au sujet de la mort prématurée de Dewar : « Non seulement était-il un bon anglican et un érudit, mais je pouvais également compter sur lui en tout temps. Ses manières n’étaient pas très raffinées en fait ; je le trouvais distant et réservé, mais toujours correct et prêt à défendre la bonne cause. »

Christopher Headon

E. H. Dewar est l’auteur de The Church Society of the Diocese of Toronto : a letter addressed to the incorporated members ([Windsor, Ont., 1858]) ; German Protestantism, and the right of private judgment in the interpretation of Holy Scripture : a brief history of German theology [...] (Oxford et Londres, 1844) ; The history of the English language : a lecture delivered at Cobourg, C. W., March 15th, 1852 (Cobourg, Ont., 1852) ; A letter to Dr. A. Neander [...] containing some remarks on his review of a work, entitled, German Protestantism, and the right of private judgment in the interpretation of Holy Scripture (Oxford et Londres, 1845) ; National calamities ; a call to repentance : a sermon preached April 18th, 1855 [...] (Toronto, 1855) ; Plain words for plain people : an appeal to the laymen of Canada, in behalf of common sense and common honesty, being a review of the « Strictures » on the two letters of Provost Whitaker (Toronto, 1861) ; Specimens of the early-German Christian poetry of the eighth and ninth centuries [...] (Londres et Hambourg, 1845).— PAO, Strachan (John) papers, letterbook, 1854–1862, letters to Edward Dewar ; no date package 8, personalia, Memorandum giving a short sketch of the Rev. E. H. Dewar.— Trinity College Archives (Toronto), Strachan (John) papers, ser. 1, 7 mars 1851, 3, 10 mai, 11 juin 1855 ; 31 oct. 1862.— Church of England, Diocese of Huron, Minutes of the Synod (London), 1858 ; Diocese of Toronto, Proc. of the Synod (Toronto), 1861–1863.— Churchman’s Friend (Paris ; Windsor, Ont.), 1855–1857.— Windsor Herald (Windsor, Ont.), 17, 24 févr., 27 oct., 22 déc. 1855, 14 mars, 28 nov., 26 déc. 1856.— C. F. Headon, The influence of the Oxford movement upon the Church of England in eastern and central Canada, 1840–1900 (thèse de ph.d., McGill University, Montréal, 1974).

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Christopher Headon, « DEWAR, EDWARD HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dewar_edward_henry_9F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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