DEVAU, dit Retor, CLAUDE (orthographié aussi Devaux, de Veaux, de Vox), faux saunier, forgeron, né en France vers 1704, fils de Benoît Devau et de Marie Potier, décédé à Sainte-Anne-de-la-Pérade (La Pérade, Québec) le 14 avril 1784.

Claude Devau, dit Retor, qui avait été banni de France pour avoir pratiqué la contrebande du sel, arriva au Canada au cours des années 1730 avec l’un des nombreux groupes de faux sauniers qui furent déportés dans la colonie entre 1730 et 1742 [V. Pierre Révol*]. Les autorités coloniales, qui déploraient la faible densité de la population et le très grand ralentissement de l’immigration au Canada depuis la fin du xviie siècle, voyaient d’un bon oeil l’arrivée de ces hommes qui venaient grossir les rangs des colons et incitèrent le roi à en envoyer au Canada. Elles craignaient, par ailleurs, beaucoup moins l’influence des contrebandiers que celle des prisonniers ou des fils de famille sur la population. Il semble cependant qu’après quelques années la qualité du recrutement diminua puisqu’à partir de 1735 la correspondance coloniale devint moins élogieuse à leur sujet.

La plupart des faux sauniers étaient placés, à leur arrivée, chez les habitants ou enrôlés dans les troupes. On ne sait ce qu’il advint de Devau mais il semble qu’il s’établit d’abord à Saint-Charles-de-Lachenaie (Lachenaie) où il exerça le métier de forgeron. C’est en effet devant le curé de cette paroisse, Jacques-Joseph Lacombe, qu’il passa, en janvier 1742, l’examen prénuptial par lequel le prêtre s’assurait qu’il connaissait ses prières. Pour prendre épouse au pays, il devait également prouver qu’il était « venu garçon de France en Canada », et obtint pour ce un certificat du commissaire de la Marine à Québec, Jean-Victor Varin de La Marre. C’est à Sainte-Anne-de-la-Pérade, le 1er février 1742, qu’il épousa Marie-Madeleine Gendron, fille d’un habitant de cette paroisse. Il était alors peu fortuné si l’on en juge par le douaire fixé à 6#. Après son mariage, il s’établit définitivement à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Il y exerça d’abord son métier de forgeron, puis il se mit à la culture du sol. Le 24 juillet 1747, le seigneur du lieu, Pierre-Thomas Tarieu de La Pérade, lui concéda une terre de 4 arpents de front sur 20 de profondeur. C’est sur cette terre que Claude Devau et son épouse élevèrent leur famille nombreuse. Neuf enfants survécurent à leur père, qui mourut à Sainte-Anne-de-la-Pérade le 14 avril 1784, « âgé de 80 ans environ », d’après l’acte de sépulture. Il fut inhumé le lendemain dans le cimetière paroissial.

Tout en étant un immigrant d’une catégorie à part, Claude Devau, dit Retor, illustre bien le type de colon faux saunier qui constitua en Nouvelle-France un excellent élément pour la colonisation.

André Lachance

ANQ-MBF, État civil, Catholiques, Sainte-Anne-de-la-Pérade (La Pérade), 1er févr. 1742, 15 avril 1784 ; Greffe d’A.-B. Pollet, 11, 12, 13 mai 1743, 20 oct. 1746, 24 févr., 24 juill. 1747, 22 mai 1748 ; Greffe de Joseph Rouillard, 31 janv. 1742. Tanguay, Dictionnaire.— Hamelin, Économie et société en N.-F., 87s. Gérard Malchelosse, Faux sauniers, prisonniers et fils de famille en Nouvelle-France au xviiie siècle, Cahiers des Dix, 9 (1944) : 161–197.

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André Lachance, « DEVAU (Devaux, de Veaux, de Vox), dit Retor, CLAUDE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/devau_claude_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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