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DESMARTEAU, ÉTIENNE (baptisé Joseph-Étienne Birtz), ouvrier, policier et athlète, né le 4 février 1873 à Boucherville, Québec, fils d’Étienne Birtz, cultivateur, et de Caroline Dubuc ; décédé célibataire le 29 octobre 1905 à Montréal et inhumé le 31 à Boucherville.
Le premier Birtz arriva en Nouvelle-France vers 1750 avec le régiment de Béarn. Après la Conquête, Étienne Birtz reprit son métier de maréchal-ferrant. Comme sa boutique se caractérisait par l’enseigne de deux marteaux croisés, le patronyme de Desmarteaux lui fut attribué. Pour des raisons sans doute personnelles, ses descendants préférèrent la forme du singulier (Desmarteau) à celle du pluriel.
La famille Desmarteau quitta Boucherville pour s’établir à Montréal dès la naissance d’Étienne, le deuxième de sept enfants. Au cours de sa jeunesse, il semble que celui-ci n’appréciait pas particulièrement les études. Il fut employé comme ouvrier-fondeur par la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique avant de devenir policier à Montréal en 1901.
Le dossier de Desmarteau, colosse de 6 pieds et de 208 livres, révèle qu’il se distingua par deux actes de bravoure : une première fois, en 1902, lorsqu’il procéda à l’arrestation d’un individu qui s’apprêtait à incendier un magasin où se trouvaient quatre jeunes enfants et leurs parents ; une seconde fois, en 1905, au moment de l’arrestation d’un voleur présumé dangereux. Desmarteau était considéré comme un policier exemplaire, toujours en bons termes avec ses confrères, mais quelquefois prompt en parole, comme l’indique le grief porté contre lui cette même année à la suite d’une manifestation au cours de laquelle il aurait invectivé l’un de ses supérieurs.
Desmarteau entra dans l’histoire grâce à sa force physique. En 1902, il se classa premier au championnat du monde junior et au championnat mondial poids lourd au lancer du marteau. Et c’est en vertu de sa victoire aux Olympiques de 1904 à Saint Louis, au Missouri, que son nom passa à la postérité. Il réalisa son exploit au lancer du poids de 56 livres grâce à un jet de 34 pieds et 4 pouces. On le considéra longtemps comme le premier Canadien à avoir remporté une médaille d’or olympique. Toutefois, cette affirmation ne fait pas l’unanimité parmi les spécialistes. Certains prétendent que le mérite revient plutôt à George Orton qui, quatre ans plus tôt, avait remporté à Paris la médaille d’or au 2 500 mètres steeple. Toutefois, Orton, Canadien d’origine certes, portait alors les couleurs des États-Unis, où il faisait ses études. D’autres affirment que Desmarteau est le premier Canadien médaillé d’or olympique à la condition de ne pas tenir compte de la compétition de golf de Saint Louis en 1904, la seule fois où cette discipline fit partie des Jeux olympiques, et de la victoire de George Seymour Lyon. Quoi qu’il en soit, on peut à tout le moins affirmer qu’Étienne Desmarteau fut le premier Canadien français à remporter une médaille d’or aux Olympiques.
Desmarteau passa cependant bien près de manquer son rendez-vous avec la gloire, puisque la permission de participer aux jeux de Saint Louis lui fut refusée par la police de Montréal, qui décida de ne pas lui accorder de congé sans solde. Desmarteau se rendit malgré tout à Saint Louis sous la bannière de l’Association des gymnastes amateurs de Montréal. À son retour, couvert de gloire, il fut immédiatement réengagé. Il conquit cette gloire au milieu de ce qui fut alors considéré comme un « grand cirque » où différents groupes (Sioux, Patagons, Pygmées, Moros et autres) avaient leurs propres jeux parallèles qui furent baptisés « Anthropological Day ».
À Saint Louis, comme à Paris en 1900, les Jeux olympiques perdirent l’estime des « supporteurs », et du public en général. Si en 1900, les jeux de Paris souffrirent de leur lien avec l’Exposition universelle, en 1904, l’erreur fut répétée puisque les jeux furent jumelés à l’Exposition universelle de Saint Louis. De plus, l’actualité politique nationale et internationale prédominait largement au cours de l’été de 1904. Il y avait la campagne pour la réélection présidentielle américaine, l’intérêt pour la guerre russo-japonaise, qui battait son plein, de sorte que les Jeux olympiques ne retinrent guère l’attention.
Les athlètes de 8 pays, ou de 11, selon les sources, dont les États-Unis et le Canada, participèrent aux jeux de Saint Louis. Les Américains, avec plus de 1 500 athlètes (près de 50 % du nombre total), raflèrent 20 des 21 médailles offertes en athlétisme. Seul Desmarteau parvint à briser ce monopole.
Le retour de Desmarteau à Montréal, sans être triomphal, fit l’objet de manifestations joyeuses. La Presse commenta l’événement en faisant de Desmarteau, « le champion de l’univers », dont les « camarades de la caserne No 5, rue Chenneville, se préparaient à [une] grande démonstration [...] pour célébrer [le] victorieux retour ». L’année suivante, il réalisa un autre exploit au concours de la police de Montréal. En effet, le 26 juillet 1905, il brisa le record mondial du lancer du poids de 56 livres en hauteur : il réussit un lancer de 15 pieds et 9 pouces.
Étienne Desmarteau s’éteignit à Montréal le 29 octobre 1905, à l’âge de 32 ans, vraisemblablement des suites de la fièvre typhoïde, tandis qu’il s’entraînait pour une compétition. C’est en son honneur, et dans le contexte préolympique de 1976, que la ville de Montréal a donné à un parc connu autrefois sous l’appellation de parc Drummond, dans le quartier Rosemont, et à un centre sportif, le nom d’Étienne Desmarteau. On l’avait élu au Temple de la renommée du sport canadien en 1955.
AC, Longueuil, État civil, Catholiques, Sainte-Famille (Boucherville), 31 oct. 1905.— ANQ-M, CE1-22, 4 févr. 1873.— AVM, D1901.1 ; R3058.2 ; Dossiers de personnel, Étienne Desmarteau.— La Presse, 2 sept. 1904 : 3 ; 6 sept. 1904 : 1 ; 30 oct. 1905 : 12.— Encyclopédie du Canada, 1 : 537.— Roger de Groote, le Livre des jeux olympiques (Paris, 1972), 34–36.— É.-Z. Massicotte, Athlètes canadiens-français ; recueil des exploits de force, d’endurance, d’agilité, des athlètes et des sportsmen de notre race depuis le XVIIIe siècle ; biographies, portraits, anecdotes, records (2e éd., Montréal, [1909]).— H. H. Roxborough, Canada at the Olympics (3e éd., Toronto, 1975), 24, 27, 192.
Gaétan Sanfaçon, « DESMARTEAU, ÉTIENNE (baptisé Joseph-Étienne Birtz) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/desmarteau_etienne_13F.html.
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Auteur de l'article: | Gaétan Sanfaçon |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |