DENYS DE VITRÉ, CHARLES, propriétaire foncier, entrepreneur en pêcheries, membre du Conseil souverain, né à Tours le 8 mars 1645, fils de Simon Denys* de La Trinité et de Françoise Du Tartre, décédé à Québec où il fut inhumé le 9 janvier 1703.

Membre d’une famille en vue, Vitré s’est distingué par l’énergie qu’il a déployée pour développer l’industrie de la pêche dans le Saint-Laurent. Sa position sociale et sa contribution à la vie économique de la colonie lui valurent la reconnaissance et l’encouragement du gouverneur et de l’intendant et tout l’appui qu’ils pouvaient lui apporter. En 1673, à l’âge de 28 ans, il était nommé membre du Conseil souverain ; il le demeurera jusqu’à sa mort. On lui concéda de nombreuses seigneuries, certaines principalement pour l’établissement de pêcheries ; de plus, il acheta des terres à Québec et dans les environs.

Voici la liste des domaines de Vitré : Bellevue, situé entre Contrecœur et Verchères, concédé en 1672 et vendu en 1678 ; Le Bic, concédé en 1675 et vendu en 1688 ; un lot acquis en 1683 dans la basse ville de Québec, près de l’actuelle église de Notre-Dame-des-Victoires ; Vitré ou Montapeine entre Beaumont et Lauson, accordé en 1681 et légué à sa fille aînée Marie-Gabrielle ; Trois-Pistoles, reçu en 1687 et échangé contre la seigneurie de Jean Rioux, sur l’île d’Orléans, en 1696 ; un emplacement, sur le quai Champlain, à Québec, acheté en 1692 ; une seigneurie à Antigonish en Acadie, concédée en 1697 ; un arrière-fief de la seigneurie des Jésuites à Notre-Dame-des-Anges, près de Québec, concédé en 1699.

Vitré forma des associations et accorda des contrats de location pour la mise en valeur de ses propriétés et de ses pêcheries. Ainsi Le Bic, qui lui avait été concédé, en premier lieu, pour l’établissement de pêcheries, fut loué à un entrepreneur en résidence à qui il accordait la moitié des bénéfices. Il céda Trois-Pistoles sur bail à Denis Riverin, un directeur de la Compagnie du Nord. Chaque année Vitré organisait des expéditions de pêche dans le bas Saint-Laurent . il achetait ou louait des bâtiments de pêche et s’attachait les services d’associés qui assumaient la direction des opérations en mer, partageant avec eux les gains et les dépenses. Vitré s’intéressait d’une façon particulière à la pêche aux marsouins à cause des bénéfices intéressants que pouvait apporter la vente de l’huile et des peaux, mais le manque de capitaux freinait ses ambitions. Finalement, en 1701, il s’associa à deux riches marchands de Québec, François Hazéur et Pierre Peire, et avec l’aide du gouvernement de France, qui lui fournit la corde pour les filets, il établit une pêcherie de marsouins à Kamouraska. Louis XIV lui accorda une gratification de 550# pour son entreprise et, après une saison fructueuse, le gouverneur et l’intendant demandèrent, en novembre 1702, le renouvellement de cette subvention afin que Vitré puisse donner suite à ses projets d’expansion. Malheureusement, dès janvier 1703, Vitré mourait victime d’une épidémie d’influenza.

Vitré avait épousé le 18 octobre 1668, à Québec, Catherine de Loustelneau (1648–1698), fille de Charles de Loustelneau et de Charlotte de Buday Fleury, de Paris. En secondes noces, il épousa, le 18 mars 1700, Marie-Charlotte, fille de Jean Chrétien.

A. J. E. Lunn

APC, Archives de la famille Denys de Bonaventure.— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F.— Procès-verbaux du procureur général Collet (Caron), RAPQ, 1921–22 : 372, 375, 378.-RAC, 1899, suppl. Antoine Roy, Inv. greffes not., VIII, XVIII, XIX, passim.— P.-G. Roy, Inv. concessions, I, III, IV, passim ; Inv. contrats de mariages, II : 159.— A. J. E. Lunn, Economic development in New France, 1713–1760 (thèse de ph.d., McGill University, 1943) .— P.-G. Roy, Les conseillers au Conseil souverain de la Nouvelle-France, MSRC, 3e sér., IX (1915), sect. i : 176.— Suite, Hist. des Can. fr., passim.— La famille Des Champs de Boishébert, BRH, XII (1906) : 78.— Notes sur les seigneuries du district de Rimouski, BRH, XVII (1911) : 240, 244.— P.-G. Roy, Charles Denys de Vitré, conseiller au Conseil souverain, BRH, XXIV (1908) : 225–242.

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A. J. E. Lunn, « DENYS DE VITRÉ, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/denys_de_vitre_charles_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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