DENYS DE SAINT-SIMON, CHARLES-PAUL, grand prévôt de la Maréchaussée, né à Québec le 31 janvier 1688, fils de Paul Denys* de Saint-Simon, prévôt de la Maréchaussée, et de Marie-Madeleine de Peiras, décédé à Québec le 7 septembre 1748.
Le 3 septembre 1714, Charles-Paul Denys de Saint-Simon succéda officiellement à son père comme grand prévôt de la Maréchaussée, après que celui-ci eut démissionné en sa faveur, ayant reçu du roi la promesse d’occuper la première place vacante au Conseil supérieur.
Les lettres de provisions de Charles-Paul lui donnaient à la fois le pouvoir d’« informer contre tous prévenus de crimes, décréter et iceux juger en dernier ressort » et la compétence pour juger « de tous les vols, assassinats de guet-apens, meurtres commis par personnes non domiciliées, et généralement de tous les crimes dont connoissent les prévôts de nos dits cousins les maréchaux de France ». En réalité, le grand prévôt de la Maréchaussée au Canada n’exerça jamais ces fonctions de juge, se limitant à rechercher, avec l’aide de ses quatre archers, ou quelquefois de soldats, les criminels et les militaires déserteurs, à veiller à ce que le charpentier du roi construisît les instruments de torture nécessaires aux exécutions et à accompagner les criminels à leur lieu de supplice. Dans ces conditions, la charge de grand prévôt de la Maréchaussée était plutôt une sinécure au xviie siècle. Mais au xviiie siècle, avec l’augmentation de la population, l’envoi de soldats, de repris de justice et de fils de famille, la criminalité augmenta. Le grand prévôt, qui pouvait autrefois être considéré comme « un espèce de pensionnaire », vit alors sa fonction prendre de l’importance. À titre de grand prévôt de la Maréchaussée, il eut à rechercher les criminels en toutes saisons, à travers un pays couvert de forêts et coupé par plusieurs cours d’eau. Dans cet immense territoire, il n’était pas facile de mettre la main sur les coupables, d’autant plus que les habitants préféraient les cacher plutôt que de les livrer à la justice.
La fonction de grand prévôt prenait donc tout le temps du sieur de Saint-Simon et le privait d’autres occupations rémunératrices, dont profitaient par exemple plusieurs membres du Conseil supérieur. Cependant, en 1742, « étant dans une extrême misère » et ayant besoin de secours pour « subsister avec sa famille », Denys de Saint-Simon sollicita une place au Conseil supérieur. Le ministre de la Marine, Maurepas, la lui refusa en alléguant que le candidat de l’intendant Gilles Hocquart*, Jean-François Gaultier, médecin du roi, possédait plus de lettres et d’esprit et que la fonction de grand prévôt ne saurait se concilier avec celle de conseiller. Par ailleurs, même si les autorités coloniales le regardaient comme un homme dévoué qui savait bien s’acquitter de ses fonctions, il semble, selon Hocquart, que Charles-Paul Denys de Saint-Simon ne connaissait pas suffisamment « la coutume et la procédure » pour pouvoir remplir d’autres fonctions judiciaires. Le grand prévôt dut donc continuer de se contenter des 500# attachées à sa fonction et d’une somme annuelle de 200# pour ses « courses ». Mais ces revenus n’étaient pas suffisants « pour soutenir l’honneur et l’état de sa charge ». En 1744, exceptionnellement, Maurepas lui accorda une gratification royale de 400#.
Vers la fin de sa vie, il avait épuisé tout ce qu’il avait acquis de biens et il était considéré par les autorités coloniales comme un homme « peu aisé ». Père d’une nombreuse famille – 16 enfants dont 4 étaient encore à sa charge en 1744 – Charles-Paul Denys de Saint-Simon avait épousé à Québec le 17 octobre 1713, Marie-Joseph Prat, fille du capitaine de port Louis Prat*. Il laissa peu de biens à sa mort survenue à Québec le 7 septembre 1748. Sa veuve, pour subsister, dut demander de l’aide à Maurepas.
AJQ, Registre d’état civil, Notre-Dame de Québec, 31 janv. 1688, 17 oct. 1713, 8 sept. 1748.— AN, Col., B, 36, f.403 ; 78, ff.337, 348v. ; 89, f.260v. ; Col., C11A, 50, ff.348, 348v. ; 52, f.84v. ; 56. ff.159–160v. ; 70, f.217v. ; 76, f.259 ; 77, f. 106v. ; 79, f.343v. ; 89, ff.231v.–233.— ANQ, NF, Ins, Cons. sup., IV : 5v.s. ; NF, Ord. int., VI : 299v.ss ; IX : 15v.s.— Recensement de Québec, 1776 (Beaudet).— Recensement de Québec, 1744 (RAPQ).— Tanguay, Dictionnaire, III : 343.
André Lachance, « DENYS DE SAINT-SIMON, CHARLES-PAUL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/denys_de_saint_simon_charles_paul_3F.html.
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Auteur de l'article: | André Lachance |
Titre de l'article: | DENYS DE SAINT-SIMON, CHARLES-PAUL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |