DENISON, GEORGE TAYLOR (parfois connu sous les noms de George T. Denison fils, George T. Denison II ou George T. Denison de Rusholme, afin d’éviter toute confusion avec son père et son fils aîné), avocat, propriétaire terrien, fermier et officier de milice, né le 17 juillet 1816 à York (Toronto), Haut-Canada, second fils de George Taylor Denison et d’Esther Borden Lippincott, loyaliste ; il épousa Mary Anne Dewson du canton de West Gwillimbury et il eut neuf enfants dont l’aîné, George Taylor Denison* de Heydon Villa ; décédé le 30 mai 1873 à Toronto, Ont., et inhumé avec les honneurs militaires dans le cimetière particulier de la famille, St John’s-on-the-Humber, à Weston, Ont.

Le grand-père de George Taylor Denison, John, fut parmi les premiers habitants de York. Il sut donner aux Denison une place au sein de la petite aristocratie terrienne et son fils, G. T. Denison de Bellevue, donna encore plus d’importance à la famille ; à sa mort, en 1853, ce dernier passait pour être le plus riche propriétaire terrien du Canada-Ouest. G. T. Denison I a aussi consolidé la position de la famille parmi les tories influents du monde des affaires de Toronto. Il était un ardent apôtre de cet idéal loyaliste qui voulait créer une nation britannique en Amérique du Nord. Il s’était servi de sa fortune et de sa situation pour promouvoir la formation d’une milice volontaire qui se voulait le complément nécessaire au leadership social et politique des tories et qui constituait pour le Haut-Canada une première ligne de défense contre les menaces extérieures et intérieures. En 1822, il fonda les York Dragoons, un des premiers corps de cavalerie à faire partie de la milice de York.

George Taylor Denison de Rusholme était de la même trempe que son père et son grand-père. Après des études classiques à Upper Canada College, il entra dans l’étude de George Cartwright Strachan, fils de John Strachan*, pour y faire son droit ; il fut admis au Barreau du Haut-Canada en 1839. Il exerça activement sa profession jusqu’en 1856 seulement car il avait fait l’acquisition de vastes propriétés dont la gestion absorbait toute son énergie. Rusholme, sa propriété à l’ouest de Toronto, était une ferme où il faisait la culture des plantes fourragères et du tabac en vue de l’exportation, l’élevage des bestiaux, des porcs et des pur-sang. Les fermes occupées par ses tenanciers entouraient Rusholme et une partie du loyer était acquitté sous forme de travail sur le domaine. En outre, Denison loua à bail des terrains de la ville de Toronto pour en faire des lotissements destinés à la construction domiciliaire ; lorsque Toronto se développa vers l’ouest jusqu’à la limite de ses propriétés, il subdivisa une grande partie de ses terrains en « parcs ». Ces entreprises et d’autres exploitations commerciales (entre autres, des contrats pour le revêtement des grandes artères de Toronto) furent si lucratives que Denison, aux environs de la quarantaine, possédait une fortune de près de $200 000 et un revenu qui lui permettait de faire face aux lourdes responsabilités que sa famille avait assumées dans les domaines social, politique et militaire.

Denison représenta le quartier Saint-Patrick à titre d’échevin de 1843 à 1853. Il poussa sept autres conseillers à donner leur démission en même temps que lui, lorsque fut reconnue la complicité du maire de Toronto, John George Bowes*, dans « l’affaire des £10 000 » de Francis Hincks*, affaire qui mettait en cause plusieurs fonctionnaires qui avaient profité du projet du Northern Railway. Membre du Toronto Turf Club, Denison fut parmi ceux qui organisèrent la course classique, le « Queen’s Plate ». En 1861, il fut aussi parmi les fondateurs de l’Upper Canadian (plus tard Dominion) Rifle Association et il fut membre du conseil de la St Georges Society. Denison possédait toutes les caractéristiques propres à cette génération d’hommes d’affaires jeunes et entreprenants dont l’enthousiasme a fait de Toronto la rivale de Montréal sur le plan commercial aussi bien que culturel.

Ce fut la fidélité de Denison à la mission que s’était donnée sa famille, celle de soldats voués à la survivance de l’idéal loyaliste en Amérique du Nord, qui fut à l’origine de sa contribution la plus durable. D’abord officier dans le 1er régiment de la milice de West York (1834), Denison entra dans le corps de cavalerie de son père en 1838. Il accéda, en 1860, au grade de colonel en titre et de commandant des 5e et 10e districts militaires, et, au moment de sa mort, il était le doyen des officiers de milice en Ontario. En 1837, il prit part à la bataille de Gallows Hill, au cours de laquelle les rebelles de William Lyon Mackenzie* furent mis en déroute ; il rejoignit ensuite les troupes de sir Allan Napier MacNab* qui poursuivaient les insurgés dans la région de London et assiégèrent l’île Navy sur la rivière Niagara. Au moment de l’invasion des Féniens, en 1866, Denison commandait la garnison de Toronto.

Néanmoins, son apport le plus important aura été le travail qu’il accomplit en vue de l’établissement d’une milice proprement canadienne au cours de la période critique de l’instauration de la responsabilité ministérielle au Canada, période pendant laquelle des institutions authentiquement nationales étaient en gestation. Une force de défense nationale solide était, après 1846, l’un des préalables à l’autodétermination en Amérique du Nord britannique. Cependant, les gouvernements qui se succédèrent dans la province du Canada, particulièrement au cours des années troublées de la période 1854–1866, refusèrent constamment de fournir les moyens adéquats pour la défense locale, malgré la menace d’un conflit anglo-américain. La milice était dans un fâcheux état d’inactivité compensé en partie par la disponibilité des volontaires. George Denison et ses frères, Richard Lippincott et Robert Brittain, avaient créé un précédent dès 1839. Au moment où le démembrement des forces actives menaçait de faire disparaître le Queen’s Light Dragoons (une appellation honorifique donnée aux York Dragoons au cours des campagnes de 1837–1839) dont tout l’équipement devait être retourné à l’armée britannique, les Denison achetèrent de leurs deniers tout le fourniment nécessaire, rebaptisèrent le corps « Denison’s Horse » et continuèrent à entraîner les hommes. La loi de 1846 sur la milice ne réussit pas à apporter les sommes nécessaires à l’entretien des corps volontaires de cavalerie, corps que les frères Denison estimaient l’élément primordial d’une stratégie de défense locale. C’est alors que George Denison de Rusholme, commandant du Denison’s Horse, changea le nom du régiment, l’appela le 1er Toronto Independent Troop of Cavalry et l’entretint avec sa fortune personnelle ; ce régiment prit, en 1853, le nom de York Light Dragoons et, en 1866, fut nommé Governor-General’s Body Guard. En 1853, Denison organisa également la première batterie de campagne à être intégrée aux troupes à cheval de la milice de York (9e batterie de campagne), réunit plusieurs compagnies d’infanterie indépendantes et forma le 2e bataillon, le Queen’s Own Rifles. Pendant ce temps, Denison et son fils, George Taylor, firent campagne au moyen d’articles, de lettres, et d’interventions personnelles auprès des autorités civiles et militaires dans le but d’encourager une politique plus vigoureuse concernant une milice qui assurerait la défense provinciale et, en définitive, la défense nationale.

Il est difficile d’évaluer la portée réelle de l’action de Denison mais il est certain qu’il a contribué, avec d’autres hommes de la même trempe, à l’instauration d’une tradition militaire canadienne, particulièrement sur le plan du volontariat, à une époque difficile et troublée.

David Gagan

G. T. Denison II est l’auteur de The burning of the Caroline, Canadian Monthly and National Review (Toronto), III (1873) : 289–292 ; Chronicle of St. John’s Cemetery on the Humber (Toronto, 1868).

MTCL, Denison family papers.— APC, FM 29, F13 (Papiers George Taylor Denison III) ; FO 7, G12, 74 ; FO 9, I, C1, 291, 292.— PAO, ms 58, Percy C. Band collection (microfilm).— F. C. Denison, Historical record of’ the Governor-General’s Body Guard and its standing orders (Toronto, 1876).— G. T. Denison III, The national defences ; or, observations on the best defensive force for Canada (Toronto, 1861) ; Soldiering in Canada (Toronto, 1900).— Globe (Toronto), 31 mai I 873.— Leader (Toronto), 31 mai 1873.— Chadwick, Ontarian families, I : 108–110.— E. J. Chambers, The Governor-General’s Body Guard : a history of the origin, development and services of the senior cavalry regiment in the militia service of the Dominion of Canada (Toronto, 1902).— R. L. Denison, The Canadian pioneer Denison family of county York, England and county York, Ontario (4 vol., Toronto, [c. 1951–c. 1953]), IV.— Scadding, Toronto of old (Armstrong).— C. P. Stacey, Canada and the British Army, 1846–1871 (2e ed., Toronto, 1963).— G. F. G. Stanley, Canada’s soldiers : the military history of an unmilitary people (Toronto, 1960).— Samuel Thompson, Reminiscences of a Canadian pioneer for the last fifty years ; an autobiography (Toronto, 1884).— C. F. Hamilton, Defence, 1812–1912, Canada and its provinces (Short et Doughty), VII : 379–468.

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David Gagan, « DENISON, GEORGE TAYLOR (George T. Denison Jr, George T. Denison II, George T. Denison of Rusholme) (1816-1873) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/denison_george_taylor_1816_1873_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
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Date de consultation:    1 décembre 2024