DENIS, PIERRE, Indien de la tribu des Malécites qui vécut au Nouveau-Brunswick ; circa 1837–1841.

L’instituteur Frederick Dibblee* mentionne un Malécite dénommé Pierdeney sur la liste des personnes qui visitèrent son école à Meductic (près de ce qui est aujourd’hui Meductic, Nouveau-Brunswick) en 1788 ou 1789. Comme son nom est précédé de celui de Joseph Pierdeney, marié et père de cinq enfants, il y a lieu de croire que Pierdeney était un adulte célibataire qui vivait encore avec ses parents. À l’occasion de sa visite, il avait reçu de Dibblee trois livres de poudre et trois livres de pierre à fusil ; celui-ci espérait par de tels cadeaux persuader les Indiens de lui confier leurs enfants.

Il est possible que ce Pierdeney soit le Pierre Denis dont parle Moses Henry Perley*, commissaire aux Affaires indiennes du Nouveau-Brunswick, dans le rapport qu’il fit en 1841 après une tournée des réserves indiennes de la province. Denis avait suivi les conseils que Dibblee et ses collègues donnaient alors aux Indiens : il s’était établi, s’était construit une maison en bois, avait défriché un morceau de terre et parvenait à vivre de sa ferme. Quelques années plus tard, cependant, un Blanc nommé Simon Hébert obtint des autorités un permis d’occupation pour cette même terre, située dans la réserve indienne de Saint-Basile. Denis n’apprécia guère que sa ferme et la petite maison où il vivait confortablement soient louées à un autre, et il refusa d’abord de renoncer à son bien. Finalement, après qu’on eut sommé Hébert de lui verser 50 $, valeur estimative de la maison, et qu’il eut promis de le payer, Denis quitta Saint-Basile en 1837 pour s’installer à la réserve indienne de Tobique. C’est à cet endroit que Perley le rencontra en 1841 ; c’était alors « un vieil homme, sans enfants, [qui] vivait dans la pauvreté ». Perley demanda au gouvernement d’exiger le versement des 50 $, qui se faisait toujours attendre. On ne sait rien de plus au sujet de Denis ; son nom ne figure pas dans les rapports du recensement de 1841, ni pour Saint-Basile, ni pour Tobique.

Perley décrit comme suit les conditions de vie à Tobique : « Les Indiens [...] vivent en grande partie grâce à la chasse, aux emplois occasionnels comme bûcheron et comme flotteur sur les rivières Tobique et Saint-Jean. Ils ne semblent aucunement intéressés à travailler régulièrement ni à cultiver le sol – pourtant, vu les avantages de leur situation et les revenus de la pêche au saumon, ils sont logés assez confortablement et semblent jouir d’une certaine aisance par rapport aux autres [membres] de la tribu. » L’erreur de Pierre Denis fut de s’adapter aux attentes des Blancs trop tôt, trop bien et dans la mauvaise réserve. S’il s’était installé dès le début à Tobique, là où les Blancs convoitaient moins les terres et où les ressources étaient suffisantes pour permettre un mode de subsistance traditionnel, il aurait probablement pu finir ses jours en paix.

Vincent O. Erickson

Musée du N.-B., W. F. Ganong papers, box 38, return of Indian families at the entrance of the little Madawaska River ; Antoine Gosselin, return of Indian families at the entrance of the Tobique River, 18 juin 1841.— N.-B., House of Assembly, Journal, 1842, app. : xcii-cxxvi.— Source materials relating to N.BIndian (Hamilton et Spray).— Royal Gazette (Fredericton), 16 avril 1842.— W. O. Raymond, « The old Meductic fort », N.B. Hist. Soc., Coll., 1 (1894–1897), nº 2 : 221–272.

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Vincent O. Erickson, « DENIS, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/denis_pierre_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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