DEBLOIS, SARAH (Deblois), marchande, née le 29 décembre 1753 à Boston, fille de Lewis Deblois et d’Elizabeth Jenkins ; le 25 décembre 1771, elle épousa George Deblois, et ils eurent neuf enfants ; décédée le 25 décembre 1827 à Halifax.

Sarah Deblois appartenait à une famille huguenote. Son arrière-grand-père, Louis Deblois, s’installa en Angleterre à l’époque de la révolution de 1688, et son grand-père, Stephen Deblois, naquit à Oxford où il fit ses études. Ce dernier immigra à New York en septembre 1720, puis alla s’installer à Boston en 1728, où il devint organiste à la chapelle King. Les deux fils de Stephen, Lewis et Gilbert, connurent le succès à Boston comme marchands de produits importés. Au milieu des années 1770, cependant, leur loyauté envers la couronne les rendit fort impopulaires et, en 1777, ils partirent pour l’Angleterre.

Sarah avait épousé un cousin germain de son père ; George Deblois était un immigrant d’origine anglaise qui s’était établi comme marchand à Boston. En 1774, le couple alla se fixer à Salem, au Massachusetts, mais n’y resta que peu de temps. Tout comme Lewis et Gilbert Deblois, George était connu pour ses principes loyalistes ; en avril 1775, étant devenu « odieux » aux yeux des patriotes de l’endroit, il dut s’enfuir à Halifax avec Sarah. Deux ans plus tard, le couple s’installa à New York où George s’associa avec la famille de Sarah pour importer et vendre des produits étrangers. George Deblois revint à Halifax en 1781 avec sa famille et s’établit comme marchand à la commission. Au cours des deux décennies qui suivirent, il monta une affaire prospère ; il vendait des marchandises diverses, allant des toiles irlandaises et des chapeaux aux serrures, aux bouilloires et au savon. À l’époque de sa mort, son entreprise importait pour £1 227 17s de marchandises et se classait au deuxième rang derrière la firme Foreman and Grassie [V. James Foreman*], laquelle s’enorgueillissait du chiffre d’affaires le plus élevé parmi les 90 marchands de Halifax. Comme on pouvait s’y attendre, la réussite de Deblois lui permit d’occuper une place importante dans la société de Halifax ; en 1793, il devint juge de paix et, à partir de 1785–1786, il remplit les fonctions de marguillier au sein de la congrégation de l’église St Paul. Il fut également membre du conseil paroissial en 1788, 1793 et 1797.

À la mort de son mari, survenue le 18 juin 1799, Sarah assuma apparemment la direction de l’entreprise. Le commerce continua à porter le nom de George Deblois jusqu’en 1801 ; cette année-là, le magasin où l’on vendait des marchandises importées et de la quincaillerie fut désigné pour la première fois sous le nom de « S. Deblois ». D’après un document, Sarah, ses fils Stephen Wastie* et William Minet, ainsi que ses filles Lydia et Ann Maria, quittèrent Halifax le 8 mai 1802 à bord du schooner Mary pour aller s’installer une fois de plus au Massachusetts. Ses fils revinrent à Halifax le mois suivant, mais Sarah et ses filles seraient demeurées à Dedham. À Halifax, le commerce portait toujours le nom de « S. Deblois ». Au moins deux fois l’an, des navires armés par l’entreprise Deblois et par d’autres marchands ramenaient un vaste choix de marchandises de Grande-Bretagne et de l’Inde, particulièrement des tissus et des articles de mercerie tels que « du drap et des cachemires superfins et élégants, marine et noir [...], des batistes, des linons, des cotons unis et imprimés, des rubans de lustrine, et autres ». Vers 1805, on vantait davantage les thés, surtout « le the de Bohée [...], de même que le the de Hyson et le Souchong ». Au début de 1808, Stephen Wastie Deblois semble avoir pris la direction du commerce ; de Londres, il importa des articles d’une valeur de £1 324, qui arrivèrent à bord du Britannia, et vendit des marchandises sous le nom de « S. W. Deblois and Co. ». On ne sait pas en quelle année Sarah revint à Halifax, mais c’est dans cette ville qu’elle mourut, probablement dans la maison de son fils Stephen Wastie, le 25 décembre 1827, à l’âge de 73 ans.

On ne peut établir de façon précise quel rôle Sarah Deblois joua dans l’entreprise de son mari une fois que celui-ci fut décédé ; toutefois, la courte période durant laquelle elle en assuma la direction revêt une importance particulière. Jusqu’au milieu du xixe siècle, la présence d’une marchande à Halifax était une chose qui sortait de l’ordinaire. À part Sarah, seule une autre femme exerça cette activité, Phebe Moody, qui prit elle aussi la direction des affaires de son mari décédé. Sarah venait d’une famille comptant de nombreux commerçants, et cela à une époque où les marchands formaient une élite ; en tant que laïques, ils occupaient une place de premier plan dans les congrégations de fidèles les plus prestigieuses et monopolisaient les postes de direction des diverses confréries. Mais il est important de noter que Sarah fut active à une époque où, à cause de la fluctuation de l’économie, beaucoup de marchands perdirent leur commerce. On assista, surtout au cours des années 1805 et 1806, à une grave stagnation des affaires, qui fut toutefois suivie, en 1807–1808, d’une reprise marquée. Entre 1800 et 1815, il y eut 117 personnes qui devinrent marchands, et des 159 qui exerçaient ce métier au moment où la prospérité du temps de guerre était à son apogée, seulement 87 étaient encore dans les affaires en 1822–1823, à la fin de la récession qui suivit. Et la S. W. Deblois and Company comptait parmi les entreprises qui avaient résisté. On peut affirmer que le commerce familial aurait pu cesser d’exister, même au début du xixe siècle, sans les efforts de la marchande Sarah Deblois.

Julie Morris et Wendy Lisbeth Thorpe

Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, D33 ; D34 (mfm aux PANS).— Halifax County Registry of Deeds (Halifax), Index to deeds, 1 ; Deeds, 19–20 (mfm aux PANS).— PANS, MG 5, 12–13 ; MG 9, no 109 ; RG 1, 444 ; RG 31, boxes 6–7 (1799–1808) ; RG 35A, 1, 1817, 1821–1822 ; RG 39, C, 1809, box 94, Sarah Deblois v. Augustus Fallack ; 1817, box 127, Deblois et al. v. Church ; J, book 15, 1803–1809, Sarah Deblois v. Hugh Ritchie. PRO, AO 13, bundles 25, 50 (mfm aux PANS).— St Paul’s Anglican Church (Halifax), Reg. of baptisms, marriages, and burials (mfm aux PANS).— Glimpses of Nova Scotia, 1807–24, as seen through the eyes of two Halifax merchants, a Wilmot clergyman and the clerk of the assembly of Nova Scotia, C. B. Fergusson, édit. (Halifax, 1957).— « United Empire Loyalists : enquiry into losses and services », AO Report, 1904 : 491–493.— Nova-Scotia Royal Gazette, 1790–1791, 1793, juill. 1799–17 oct. 1810.— W. E. Boggs, The genealogical record of the Boggs family, the descendants of Ezekiel Boggs (Halifax, 1916).— A. W. H. Eaton, « Old Boston families, number one : the De Blois family », New England Hist. and Geneal. Reg. (Boston), 67 (1913) : 6–23 (aussi publiée en tiré à part, [Boston, 1913]).— F. B. Fox, Two Huguenot families : De Blois, Lucas (Cambridge, Mass., 1949).— Jones, Loyalists of Mass. Stark, Loyalists of Mass. (1910).— D. A. Sutherland, « The merchants of Halifax, 1815–1850 : a commercial class in pursuit of metropolitan status » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1975).— G. F. Butler, « The early organisation and influence of Halifax merchants », N.S. Hist. Soc., Coll., 25 (1942) : 1–16.— D. [A.] Sutherland, « Halifax merchants and the pursuit of development, 1783–1850 », CHR, 59 (1978) : 1–17.

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Julie Morris et Wendy Lisbeth Thorpe, « DEBLOIS, SARAH (Deblois) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/deblois_sarah_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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