DE HAVEN, EDWIN JESSE, officier de marine et explorateur, né le 7 mai 1816 à Philadelphie, Pennsylvanie, fils de William De Haven et de Maria McKeever ; il épousa Mary Norris Da Costa en 1844 ; décédé dans sa ville natale, le 1er mai 1865.
Edwin Jessé De Haven, qui était de descendance hollandaise, entra dans la marine des États-Unis le 2 octobre 1829 comme midshipman. Il servit sur différents navires dans la région des Antilles avant d’être nommé en 1839 sur le Vincennes, principal navire de l’escadre d’exploration du capitaine de frégate Charles Wilkes ; il passa les trois années suivantes à explorer l’Antarctique, les îles du Pacifique et la côte occidentale de l’Amérique du Nord. Le ministère de la Marine lui témoigna sa gratitude pour avoir sauvé la vie de plusieurs personnes lorsqu’un des bateaux faisant partie de l’expédition fit naufrage à l’embouchure du fleuve Columbia ; en septembre 1841, il était nommé lieutenant. De Haven entra ensuite au Naval Observatory de Washington que dirigeait le célèbre océanographe Matthew Fontaine Maury et, pendant la guerre du Mexique de 1846–1847, il servit en mer.
Au début de 1850, un riche négociant de New York, Henry Grinnell, avec l’aide du gouvernement des États-Unis, arma des bateaux en vue de participer aux recherches pour retrouver les navires de sir John Franklin* ; l’expérience acquise par De Haven dans les régions polaires de même que ses connaissances scientifiques lui valurent d’en prendre le commandement. La première expédition commanditée par Grinnell comprenait les bricks Advance et Rescue montés par 33 officiers et hommes d’équipage ; elle pénétra dans l’Arctique par la baie de Baffin et le détroit de Lancaster, et, en août 1850, elle atteignait l’entrée du détroit de Wellington en compagnie d’un certain nombre de navires de sauvetage britanniques appartenant à la marine royale et à des intérêts privés. C’est à cet endroit que De Haven participa avec le capitaine Erasmus Ommanney de la marine royale et le pêcheur de baleines écossais, William Penny*, à la découverte de débris qui révélèrent que l’île Beechy avait servi de quartiers d’hiver à Franklin en 1845–1846. Trente milles plus à l’ouest, l’expédition fut bloquée par les glaces, et De Haven, qui avait reçu l’ordre de ne pas passer l’hiver dans le Nord, quitta le groupe de navires britanniques pour rentrer. Cependant, ses navires ne tardèrent pas à être emprisonnés par les glaces, et de forts vents du sud atteignant 60 milles à l’heure les poussèrent vers le nord, dans le détroit jusque-là inexploré de Wellington ; il faisait encore suffisamment jour pour permettre de bien distinguer l’aspect particulier que présentaient les deux rives du bras de mer. Lorsque les vents se calmèrent, des amoncellements de glace ramenèrent inexorablement les navires impuissants vers l’est, au-delà des quartiers d’hiver de Penny, jusque dans la baie de Baffin ; captifs des glaces, ayant perdu de vue la rive, les équipages connurent la maladie et les privations depuis la fin de septembre jusqu’au 5 juin 1851. De Haven mit alors le cap sur la côte du Groenland où les équipages victimes du scorbut purent se restaurer grâce à la viande et aux légumes que leur offrirent généreusement les baleinières anglaises qui venaient tout juste d’arriver pour la saison de pêche. Au cours d’une courageuse tentative pour reprendre les recherches, De Haven fut de nouveau retenu par les glaces de la baie de Baffin en compagnie du capitaine William Kennedy* et de l’officier de marine français, Joseph-René Bellot*, à bord du Prince Albert, dépêché par lady Franklin [Griffin*]. Les Américains reprirent la route de leur pays le 19 août 1851.
Dans l’intervalle, Penny avait passé le début de l’été de 1851 à explorer le détroit de Wellington et, ignorant les exploits réalisés par les Américains, il avait donné à leurs découvertes des noms de son choix, qui furent dûment inscrits sur les cartes de l’Amirauté. Cette injustice à l’égard de De Haven souleva des protestations véhémentes dans la presse américaine ; on redonna les noms choisis par les Américains mais d’étrange façon : il est certain que l’actuelle péninsule de Grinnell se situe au-delà de la région qui fit l’objet des relevés de De Haven. Naturellement, les découvertes plus poussées de Penny, les premières à recevoir de la publicité, laissèrent dans l’ombre les relevés antérieurs faits par les Américains. De plus, De Haven renonça à la célébrité qui lui revenait de bon droit en laissant à son chirurgien, le pittoresque docteur Elisha Kent Kane, le soin d’écrire le récit de l’expédition.
En 1857, après quatre ans d’efforts ardus apportés au sondage du littoral des États-Unis, De Haven, dont la santé était devenue chancelante et la vue faible, mit un terme à sa carrière de marin. Il prit sa retraite avec le grade de lieutenant en 1862 et mourut en 1865. Si l’on en juge par sa carrière, De Haven fut un officier zélé, compétent et travailleur dont les services n’ont pas été suffisamment reconnus.
Baker Library, Dartmouth College (Hanover, N.H.), Stefansson coll., Grinnell scrapbook.— J.-R. Bellot, Memoirs of Lieutenant J. R. Bellot... with his journal of a voyage in the polar seas in search of Sir John Franklin [...] (2 vol., Londres, 1855), I : 197–261.— E. K. Kane, The U.S. Grinnell expedition in search of Sir J. Franklin : a personal narrative (Londres et New York, 1854).— Sherard Osborn, Stray leaves from an Arctic journal ; or, eighteen months in the polar regions, in search of Sir John Franklin’s expedition, in the years 1850–51 (Londres, 1852).— DAB.— L. H. Neatby, In quest of the north west passage (Toronto, 1958), 138–140 ; The search for Franklin (New York, [1970]), 119, 127–134, 146s.— Albert Gleaves, The De Haven Arctic expedition : a forgotten page in American naval history, U.S. Naval Institute, Proc. (Annapolis, Md), 54 (1928) : 579–591.
L. H. Neatby, « DE HAVEN, EDWIN JESSE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/de_haven_edwin_jesse_9F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |