DAY, BARNABAS W., dentiste, médecin et officier de milice, né le 2 juillet 1833 dans le canton de Kingston, Haut-Canada, fils de Calvin Woster Day, fermier, et d’Elizabeth Wright ; le 27 avril 1859, il épousa à Kingston Hannah Ford, et ils eurent un fils et une fille, puis en 1871, Elizabeth Powers, et de ce mariage naquirent deux fils, et finalement en 1886, à Davenport, Iowa, Mme Addie N. Rambow ; décédé le 3 août 1907 à Los Angeles.

Barnabas W. Day étudia dans une école locale et à la Newburgh Academy. Le 1er novembre 1855, il paya 200 $ pour faire un stage d’un an chez un dentiste de Kingston, John P. Sutton. Quand celui-ci alla s’installer à Brantford, en avril 1856, Day ouvrit un cabinet à Kingston, même s’il n’avait à son actif qu’environ six mois d’apprentissage. Par la suite, il raconta que son équipement de laboratoire consistait en « un four au charbon, une enclume, une masse, un établi et une quantité raisonnable d’outils pour travailler l’or, seul matériau utilisé à l’époque pour les dentiers », et qu’il avait pour instruments « quelques forets à long manche qu’on faisait tourner entre le pouce et l’index [...], une bague montée sur une gouge munie d’une plaque incurvée sur laquelle on exerçait une pression avec la paume de la main, [et] [...] une bonne paire de pinces ». « J’y allais doucement, notait-il, bien résolu à ne pas commettre d’erreurs, car je savais bien, moi, que je n’étais pas qualifié, mais que je devais compenser mon manque de connaissances par de l’aplomb et de l’audace ». Il entreprit aussi de poursuivre sa formation. Quand il apprit que John Allen avait mis au point une prothèse qui recouvrait toute la gencive, il alla étudier six mois auprès de lui à New York. En 1858, il entra à la faculté de médecine du Queen’s College, à Kingston. Quatre ans plus tard, il obtint un doctorat en médecine. En 1856, il s’était enrôlé dans la batterie des miliciens volontaires de Kingston. En 1862, il fut nommé chirurgien du 14th Battalion of Volunteer Militia Rifles. Il était en service au bataillon pendant les raids féniens de 1866.

Constatant l’insuffisance des critères qui régissaient la pratique de la dentisterie, le nombre d’itinérants sans formation qui dispensaient des soins dentaires et la mauvaise réputation de la profession, des dentistes tentèrent d’imposer des restrictions à ceux qui se prétendaient tels. Aldis Bernard*, de Montréal, fut le premier à réclamer une réglementation dans le Haut et le Bas-Canada. En 1847, il tenta, sans succès, de faire inclure des articles sur l’art dentaire dans la loi instituant le Collège des médecins et chirurgiens du Bas-Canada. En 1860, un autre Montréalais, Charles Brewster, publia une protestation contre certaines pratiques courantes dans la profession ; elle portait la signature de plusieurs dentistes, dont celle de Day. En outre, Brewster rapporta que tous les collègues à qui il avait demandé ce qu’ils « pensaient de former une corporation de dentistes par une loi du Parlement et d’imposer un examen devant un Conseil de dentistes à tous ceux qui dans l’avenir souhaiteraient pratiquer au Canada » s’étaient déclarés d’accord avec ces mesures. En 1866 (il y avait alors peut-être jusqu’à 175 dentistes dans le Haut-Canada), une autre question inquiétait Day : les empiétements possibles des itinérants dans la profession grâce à l’emploi d’un nouveau matériau pour les dentiers, le caoutchouc. Il écrivit à tous les « membres sérieux de la profession [...] d’Ottawa à Hamilton » pour les convoquer à Toronto le 3 janvier 1867. Neuf d’entre eux se présentèrent à la réunion, que Day présida. On forma des comités afin de soumettre des mesures législatives à l’attention du gouvernement et de définir les règlements d’une association. Au cours d’une deuxième réunion, en juillet, on discuta d’un avant-projet de loi et l’on fonda l’Ontario Dental Association, dont Day devint président. Une autre rencontre, à laquelle tous les dentistes praticiens de la province furent invités, se tint en janvier 1868. À l’issue de cette réunion, l’Assemblée législative de l’Ontario reçut une pétition signée par 68 dentistes et 25 médecins. En mars, l’Assemblée adopta une loi intitulée An Act respecting dentistry, la première loi-cadre de l’Amérique du Nord sur la profession de dentiste. Elle créait le Royal College of Dental Surgeons of Ontario et investissait le conseil de ce collège du pouvoir de fonder une école, de nommer des examinateurs et des professeurs, de déterminer un programme d’études, de préparer des examens et de procéder à l’admission des membres du collège et de la profession. Day fut choisi président du Royal College à la première réunion du conseil, en avril 1868 ; en même temps, il fut le premier à être admis officiellement dans la profession, qu’il pratiquait depuis au moins cinq ans.

En 1872, des amis persuadèrent Day de s’installer à Chicago. Il retourna à Kingston en 1878, mais s’installa à Council Grove au Kansas, en 1881. En 1887, il s’établit à San Diego, où il obtint un certificat de la Medical Society of the State of California. L’année suivante, quand il fut naturalisé Américain, il acquit une terre dans le comté de San Diego et se mit à cultiver des noix, des olives et des fruits. En 1897, il transféra son cabinet de dentiste à Los Angeles, où il décéda en 1907.

On considère Barnabas W. Day comme l’artisan de l’organisation de la profession de dentiste en Ontario. La loi de 1868, dont il promut l’adoption, a eu une influence considérable, non seulement au Canada, mais aussi aux États-Unis et dans d’autres pays.

Anne Carlyle Dale

Deux articles de Barnabas W. Day figurent dans le vol. 1 (1868–1869) du Canada Journal of Dental Science (Montréal ; Hamilton, Ontario) : « Nitrous oxide, or protoxide of nitrogen, as an anæsthetic » à la p. 1, et « An address read before the Dental Association of Ontario, at Toronto, January 21 st., 1868 », aux p. 37 à 39. Ce volume renferme aussi divers autres articles dignes d’intérêt.

Univ. of Toronto, Faculty of Dentistry Library, Dental Museum, Biog. file, « Personal notes by B. W. Day, l.d.s., s.d., of Los Angeles Cal., Dec. 26th 1903. ».— Univ. of Toronto Arch., A82-0003.— An illustrated history of southern California [...] (Chicago, 1890), 141.— Annuaire, Kingston, 1857–1867, 1881–1882.— « B. W. Day, s.d., l.d.s., first president of the « Royal College of Dental Surgeons of Ontario », Canada Journal of Dental Science (Montréal), 3 (1870–1872) : 353s., et portrait en regard de la p. 353.— W. G. Beers, « Sketch of dentistry in Canada », Dominion Dental Journal (Toronto), 12 (1900) : 225–230.— C[harles] Brewster, « Protests against dental exhibitions », Dominion Dental Journal, 2 (1890) : 34–36.— D. W. Gullett, A history of dentistry in Canada (Toronto, 1971).— Polk’s dental register and directory of the United States and Canada [...] (Detroit), 1900–1901 : 75 ; 1906–1907 : 105 ; 1908–1909 : 105.

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Anne Carlyle Dale, « DAY, BARNABAS W », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/day_barnabas_w_13F.html.

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Auteur de l'article:    Anne Carlyle Dale
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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