DAWSON, SIMON JAMES (baptisé James Simon), arpenteur, ingénieur, fonctionnaire et homme politique, né le 13 juin 1818 à Redhaven, près de Portsoy, Écosse, dixième enfant et huitième fils de John Dawson et d’Anne McDonell ; décédé célibataire le 30 octobre 1902 à Ottawa.

Bien que la plupart des membres de sa famille aient immigré en 1836 dans le canton de Nepean, près de Bytown (Ottawa), il semble que Simon James Dawson n’ait quitté l’Écosse que plus tard. Plusieurs de ses frères trouvèrent de l’embauche dans l’industrie outaouaise du bois. Dans les années 1840, lui-même travailla pour la Gilmour and Company, d’abord dans la région de Pembroke puis près de Peterborough, où il fit de l’arpentage. En 1851, il était fonctionnaire au département des Travaux publics à Trois-Rivières. Pendant plusieurs années, il côtoya des équipes d’ouvriers canadiens-français et des pagayeurs autochtones, ce qui explique certaines des positions qu’il défendit par la suite dans des régions fort éloignées du Bas-Canada. On suppose qu’il obtint ses premières affectations dans la fonction publique grâce à son frère William McDonell Dawson, surintendant de la direction des bois et forêts au département des Terres de la couronne, futur député à l’Assemblée législative et très proche du groupe d’hommes d’affaires torontois qui préconisait alors l’expansion vers l’ouest.

C’est en 1857 que Simon James Dawson obtint l’affectation la plus déterminante de sa carrière : arpenteur de l’expédition qui irait explorer, pour le compte du gouvernement, la région comprise entre le lac Supérieur et la rivière Rouge. George Gladman* en fut nommé chef et le géologue Henry Youle Hind reçut le mandat de faire des observations scientifiques en cours de route. Par suite de conflits d’autorité, on congédia Gladman au printemps suivant et l’équipe fut scindée en deux divisions autonomes, Hind prenant la direction de l’une et Dawson celle de l’autre. Quand ils déposèrent leurs rapports à l’Assemblée, en 1859, on put voir que Dawson entretenait une vision beaucoup plus optimiste du potentiel économique de la région que Hind ou que John Palliser*, chef de l’expédition britannique qui avait traversé le même territoire en 1857. Le trajet qu’il proposait (différent de celui de Hind) était tracé de manière à tirer le meilleur parti possible des eaux navigables, à préparer la voie à un chemin de fer est–ouest et à bloquer tout mouvement de la part des capitalistes américains qui seraient résolus à monter vers le nord. Cependant, adopter ce trajet aurait imposé un lourd fardeau financier au gouvernement puisqu’il aurait fallu aménager des chemins pour les chariots aux divers portages et construire des écluses à Fort Frances (Ontario).

Le plan de Dawson supposait des dépenses telles qu’on le rejeta d’emblée. Toutefois, après la Confédération, le gouvernement du Canada repris l’étude du dossier et conclut qu’il serait avantageux de construire une route jusqu’à la rivière Rouge. Dawson se vit confier le mandat de superviser la construction du tronçon qui irait du lac Supérieur au lac des Bois, et John Allan Snow*, celle du tronçon qui relierait le lac des Bois à Upper Fort Garry (Winnipeg) en suivant le tracé que Dawson avait recommandé dans son rapport de 1859. Les travaux avancèrent lentement en 1868, mais s’accélérèrent soudainement l’année suivante dès qu’on entendit parler de la résistance des Métis de la colonie de la Rivière-Rouge [V. Louis Riel*]. Le gouvernement ordonna à Dawson d’embaucher d’autres ouvriers (ils étaient au delà de mille dès les premiers mois de 1870) et de faire en sorte que la troupe du colonel Garnet Joseph Wolseley* puisse passer le plus vite possible.

Les soldats de Wolseley progressèrent pas à pas vers l’ouest en participant aux travaux : ensemble, ils accomplirent l’équivalent de plus de 5 000 journées de travail pour achever les chemins et les ponts où ils devaient passer. Moins d’un an après, le département des Travaux publics instaurait un service de transport pour les immigrants, et les futurs colons des Prairies empruntaient la route qui portait le nom de celui qui en avait déterminé le tracé, en avait supervisé la construction et en était le surintendant. Il aurait mérité aussi que l’on baptise en son honneur le village de l’extrémité du lac Supérieur qui devait son existence à ce qui, pendant quelques années, fut la seule route canadienne vers les Prairies. Wolseley avait toutefois déjà baptisé le village Prince Arthur’s Landing ; il devint ensuite Port Arthur, puis fut intégré à Thunder Bay.

Au début des années 1870, Dawson connut une certaine notoriété sur la scène nationale, en partie attribuable à l’importance éphémère de sa route, mais aussi à sa participation aux négociations qui précédèrent la conclusion du traité n° 3 avec les Sauteux de la région du lac des Bois [V. Alexander Morris*]. Toutefois, ses liens avec le village où il élut résidence furent beaucoup plus durables. Gagné par l’essor de Prince Arthur’s Landing, il participa à des entreprises d’exploitation minière qui s’annonçaient fructueuses et à des travaux d’importance locale, dont la construction de l’église catholique St Andrew, sous la direction du père Richard Baxter. Aussi était-il choqué de voir le gouvernement orienter sa politique dans un sens contraire aux intérêts de la région. Ses projets de lotissement pour Fort Frances s’étaient évanouis lorsqu’on avait décidé de faire passer le chemin de fer transcontinental bien au nord de cette localité, et Prince Arthur’s Landing risquait aussi d’être laissé pour compte [V. Thomas Marks*].

Ce souci amena Dawson à démissionner de la surintendance de la route et à entrer en politique. D’abord à l’Assemblée provinciale de 1875 à 1878, puis à la Chambre des communes de 1878 à 1891, il représenta la circonscription d’Algoma, qui englobait tout ce qui constitue aujourd’hui le nord de l’Ontario. Comme les querelles violentes que suscitait le tracé du chemin de fer canadien du Pacifique avaient engendré, dans plusieurs secteurs de la région du Lakehead, de l’hostilité à l’endroit de chacun des partis politiques établis, il se présenta d’abord comme indépendant. À Toronto, il accorda presque invariablement son appui au gouvernement libéral d’Oliver Mowat. Puis, à Ottawa, il devint un si fervent partisan de sir John Alexander Macdonald* que la plupart de ses contemporains oublièrent qu’officiellement, il demeura indépendant jusqu’en 1887.

Pendant les années où il siégea à l’Assemblée de l’Ontario, Dawson prononça des discours fleuris sur l’avenir du Nord et sentit de plus en plus que ses collègues législateurs ne partageaient pas ses préoccupations. Il tenta vainement de les instruire sur l’histoire de cette région et de leur faire comprendre que, par tradition, elle était liée au Québec plutôt qu’à l’Ontario. Une fois élu aux Communes, il précisa l’idée d’une province nordique qui servirait de pont non seulement entre l’Ontario et le Québec, mais aussi entre l’Est, territoire ancien, et l’Ouest, territoire neuf qui s’ouvrait alors au peuplement. À l’instar de Macdonald et de représentants des autres provinces, il craignait beaucoup que la frontière nord de l’Ontario ne soit repoussée au-delà de l’endroit que l’on avait tenu pour acquis en 1867, c’est-à-dire à la ligne de partage des eaux de la baie d’Hudson et des Grands Lacs. Il tenait donc à empêcher qu’une portion quelconque des terres nouvellement acquises de la Hudson’s Bay Company ne vienne s’ajouter à une province déjà dominante.

En 1878, un conseil d’arbitrage reconnut les prétentions de l’Ontario sur des terres situées au nord de la ligne de partage des eaux (jusqu’à la rivière Albany) et à l’ouest (jusqu’au lac des Bois). En 1880, Dawson présida le comité des Communes chargé d’étudier ces revendications. En dernière instance toutefois, ce fut au comité judiciaire du Conseil privé que le règlement du litige incomba. L’Ontario gagna sa cause en 1884. Dawson dut se résigner : il ne verrait pas naître une nouvelle province. Et il cessa d’être une vedette nationale.

Même dans Algoma, on le considérait de moins en moins comme l’homme de la situation. L’est de sa circonscription n’avait jamais été touché par le différend frontalier, et l’on s’y était toujours méfié de ce catholique. Son âge jouait aussi contre lui, de même que le rôle qu’il avait tenu dans la construction d’une route que supplantait maintenant le chemin de fer canadien du Pacifique. En 1889, il se fit traiter de « vieux fossile » par le News de Rat Portage (Kenora). Mais surtout, il défendait des causes qui lui gagnèrent peu d’appuis dans Algoma au cours des années 1880, malgré l’importance qu’elles allaient acquérir par la suite. Ses prises de position en faveur du bilinguisme dans les Territoires du Nord-Ouest, question sur laquelle il affronta au Parlement D’Alton McCarthy*, étaient impopulaires. Dans des régions aussi éloignées l’une de l’autre que l’île Manitoulin et Rat Portage, on protestait parce qu’il appuyait les droits de pêche des Amérindiens et intervenait en leur faveur auprès du département des Affaires indiennes. D’ailleurs, les autochtones du nord de l’Ontario se souviennent toujours de ce porte-parole attentif qui, faute d’influence, n’arriva pas à infléchir la politique gouvernementale.

Simon James Dawson se présenta à l’investiture conservatrice dans Algoma en prévision des élections de 1891, mais il fut défait. En 1891 et en 1892, il tenta à plusieurs reprises d’obtenir un siège au Sénat. Ayant échoué de ce côté-là aussi, il abandonna la politique. Par la suite, il passa de plus en plus de temps à Ottawa, où il mourut en 1902 dans une obscurité relative.

Elizabeth Arthur

Les œuvres publiées de Simon James Dawson comprennent Report on the exploration of the country between Lake Superior and the Red River settlement, and between the latter place and the Assiniboine and Saskatchewan (Toronto, 1859) et Report of the Red River expedition of 1870 ; reprint, with remarks on certain strictures published in England by an officer of the Expeditionary Force (Ottawa, 1871), ainsi que plusieurs autres rapports sur la région, qui sont mentionnés dans Canadiana, 1867–1900.

Les commentaires de Gamet Joseph Wolseley sur l’expédition figurent dans « Official journal of the Red River expedition », publié dans G.-B., Parl., Command paper, 1871, 48, [C.298], Correspondence relative to the recent expedition to the Red River settlement : with journal of operations, 54–96 ; et Narrative of the Red River expedition (New York, [1871 ?]), qui a d’abord été publié de manière anonyme, « par un officier du corps expéditionnaire », dans Blackwood’s Edinburgh Magazine (Édimbourg et Londres), 108 (1870) : 704–718, et 109 (1871) : 48–73, 164–181. Narrative a soulevé la colère de Dawson en raison des ses « critiques » anticatholiques.

Une liste complète des sources pour la biographie de Dawson figure dans les notes de notre ouvrage intitulé Simon J. Dawson, C.E. (Thunder Bay, Ontario, 1987) ; un exemplaire portant nos corrections se trouve dans les dossiers du DBC.  [e. a.]

AN, MG 26, A ; MG 29, C67 ; RG 10, CI, 3, Dawson, corr. avec Lawrence Vankoughnet, particulièrement Vankoughnet à Dawson, 7 déc. 1880 ; 3, Vankoughnet à Donnelly, 16 nov. 1886 ; Vankoughnet à McIntyre, 18 juill. 1887 ; Robert Sinclair à Macdonald, 11 avril 1883.— AO, F 1008.— GRO-E, Portsoy, Roman Catholic reg. of baptisms.— Daily News (Port Arthur [Thunder Bay]), 19 mars 1912.— Daily Times-Journal (Fort William [Thunder Bay]), 6 déc. 1902.— Fort William Journal, 1887–1891.— Globe, 1875–1891, 1er nov. 1902.— Ottawa Evening Journal, 2 nov. 1902.— Thunder Bay Sentinel (Prince Arthur’s Landing, plus tard Port Arthur), 1875–1891.— Weekly Herald and Algoma Miner (Prince Arthur’s Landing, plus tard Port Arthur), 1882–1891.— M. E. Arthur, « The frontier politician », Aspects of nineteenth-century Ontario [...], F. H. Armstrong et al., édit. (Toronto et Buffalo, N.Y., 1974), 278–296.— Canada, Chambre des communes, Débats, 1878–1891.— Morris, Treaties of Canada with the Indians.— « Newspaper Hansard », 1875–1878.

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Elizabeth Arthur, « DAWSON, SIMON JAMES (baptisé James Simon) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dawson_simon_james_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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