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DAWES, JAMES PAWLEY, homme d’affaires, juge de paix et propriétaire de chevaux de course, né le 17 juillet 1843 à Lachine, Bas-Canada, fils de James Pawley Dawes, brasseur et fermier, et de Mary Leishman ; le 19 novembre 1867, il épousa à cet endroit Sarah Jane Ferres, et ils eurent au moins un fils et quatre filles, puis le 11 mai 1886, toujours à Lachine, Gertrude J. Brock, et de ce mariage naquirent trois fils ; décédé au même endroit le 11 juin 1907.
Le grand-père de James Pawley Dawes, Thomas Dawes, quitta l’Angleterre pour le Bas-Canada en 1808 et ouvrit une brasserie à Lachine trois ans plus tard. Après des études à Montréal, James Pawley alla apprendre le métier de brasseur en Angleterre, à Evershed, près de Burton upon Trent. Puis il rentra à Lachine pour travailler à la brasserie familiale. À la mort de son père en 1878, il hérita la part de celui-ci dans l’entreprise avec son frère Andrew Joseph. Les deux frères dirigeaient l’entreprise avec leur oncle Thomas Amos Dawes. C’était l’une des plus grosses brasseries de la région montréalaise. En 1863, sa production la classait au deuxième rang dans cette région, devant la brasserie Molson [V. William Molson*], mais derrière la William Dow and Company [V. William Dow*]. Ses bureaux se trouvaient à Montréal, rue Saint-Jacques, mais la production se faisait à Lachine où, au début des années 1880, l’entreprise avait un complexe immobilier rue Notre-Dame et au moins 370 acres de champs d’orge et de houblon. En 1909, la brasserie Dawes s’associerait à plusieurs autres brasseries, dont la Dow, pour former la National Breweries Limited. Dès lors, la Dawes brasserait sa bière à Montréal, et non plus à Lachine. Parmi les brasseries ayant pris part à la fusion, seules la Dawes et la Dow ne fermeraient pas leurs portes. En 1952, la Canadian Breweries Limited achèterait la National Breweries Limited et la rebaptiserait Dow Breweries Limited.
La notoriété de la famille Dawes dans la communauté relativement petite de Lachine ne reposait pas uniquement sur la brasserie et la propriété foncière. James Pawley était juge de paix non loin de là, à Caughnawaga (Kahnawake) et Thomas Amos était juge de paix à Lachine ; Andrew Joseph occupa durant de nombreuses années les fonctions de conseiller municipal et de maire de Lachine. De tous les membres de la famille, ce fut James Pawley qui s’engagea le plus dans des entreprises destinées à promouvoir le développement économique de Lachine. La première ligne télégraphique Montréal–Lachine fut installée sur son initiative. En 1882, il aida la Dominion Bridge Company Limited, fondée cette année-là par Job Abbott*, à trouver un emplacement de 24 acres pour son usine. Sans aucun doute très conscient des retombées économiques qu’aurait la présence d’une aussi grosse industrie, le conseil municipal, dont faisait partie Andrew Joseph, lui offrit des subventions et des stimulants fiscaux, en échange de quoi elle s’engagea à investir à Lachine et à employer des résidents du lieu. Au début, la compagnie se fit connaître en construisant des ponts de chemin de fer dans la région montréalaise, mais elle ne tarda pas à ériger des ponts et des édifices à charpente d’acier un peu partout au Canada.
Dawes était l’un des principaux actionnaires de la Dominion Bridge Company Limited. Il en fut simple administrateur de 1890 à 1892, puis vice-président de 1893 à sa mort, soit au cours de la période où elle acquit une envergure nationale. Pendant les fréquentes absences du président, James Ross*, Dawes présidait les assemblées mensuelles. Ross était l’âme dirigeante de l’entreprise, mais Dawes, lui, savait négocier avec les hommes politiques. C’est en 1890 qu’il réussit son plus beau coup : il rencontra le premier ministre Honoré Mercier* et des membres du cabinet provincial pour convaincre le gouvernement de ne plus accorder de traitement préférentiel aux constructeurs de ponts belges. Par la suite, le gouvernement confia à la Dominion Bridge Company Limited la plupart de ses contrats de construction de ponts.
De 1886 à 1907, Dawes fit partie du conseil d’administration d’un autre établissement d’envergure nationale, la Banque des marchands du Canada, qui appartenait en grande partie à la famille Allan [V. Andrew Allan]. La banque investissait beaucoup dans les chemins de fer et les obligations émises par les pouvoirs publics, dont la municipalité de Lachine. Dawes était moins actif à la banque qu’à la Dominion Bridge Company Limited, mais il assistait régulièrement aux assemblées du conseil. Il fut également administrateur de l’Association canadienne d’assurance, dite l’Alliance, et président du conseil d’administration du prestigieux hôtel Windsor de Montréal.
Grâce à sa fortune, Dawes avait le loisir de se consacrer à d’autres activités. Les sports, surtout les courses hippiques, semblent l’avoir occupé au moins autant que les affaires. En outre, il était aussi réputé comme sportif que comme homme d’affaires. Il faisait partie du Montreal Hunt Club et, dans sa jeunesse, il avait pris part à de nombreuses parties de chasse. Vers 1900, avec son associé en affaires Hugh Montagu Allan*, il s’efforça de relancer le steeple-chase au club. Il avait sa propre écurie de courses, Maplewood, à Lachine. Ses chevaux se classaient assez bien dans les courses de plat et les courses à obstacles, tant aux États-Unis qu’au Canada. Ils remportèrent 11 fois le Queen’s Plate de la province de Québec et couraient souvent à Saratoga Springs, dans l’État de New York. Actif dans les organisations de courses hippiques, Dawes était un pilier du Bel-Air Jockey Club de Lachine ; dans les années 1890, il en fut vice-président et président. Ce fut en partie grâce à lui si, en 1899, le Queen’s Plate de la province de Québec se tint au Bel-Air Club ; il invita le gouverneur général, lord Minto [Elliot*], et le premier ministre du pays, sir Wilfrid Laurier*, à assister à l’événement.
L’autre sport que Dawes pratiquait le plus était la voile. Membre du Royal Saint Lawrence Yacht Club, il inscrivit souvent son yacht, le Surprise, aux régates du lac Saint-Louis. En plus, il était membre du Forest and Stream Club de Dorval et du Royal Montreal Golf Club.
Lachine, où sa famille avait beaucoup investi, fut le foyer de la carrière de James Pawley Dawes. Développer l’économie de la municipalité fut son principal champ d’activité. Les secteurs qu’il privilégia – banques, assurances et surtout l’industrie manufacturière – lui permirent de dépasser les limites d’une économie purement locale et de participer aux activités d’entreprises d’envergure nationale. La réussite de cet entrepreneur s’explique probablement par trois facteurs d’égale importance : il avait accès sans difficulté à du capital, il manifestait de l’initiative et il appartenait à une famille réputée dans sa localité. Par ailleurs, ce manufacturier prospère qui traitait sur un pied d’égalité avec l’élite montréalaise des affaires eut la possibilité de mener en parallèle une belle carrière dans le sport.
AN, MG 26, G ; MG 28, III 100.— ANQ-M, CE1-80, 19 nov. 1867, 11 mai 1886 ; CE1-124, 20 août 1843.— Arch. de la Banque de Montréal, Banque des marchands du Canada, minute-books, 1864–1917 (mfm aux AN).— Musée McCord (Montreal), Montreal Hunt Club records.— Gazette (Montréal), 13 juin 1907.— Montreal Daily Star, 12 juin 1907.— Annuaire, Montréal, 1879–1905.— Atherton, Montreal, 3 : 192–194.— J. I. Cooper, The history of the Montreal Hunt ([Montréal, 1953]).— Merrill Denison, The barley and the stream : the Molson story ; a footnote to Canadian history (Toronto, 1955).— Steve Dunwell et Doug Fetherling, Vision in steel, 1882–1982 : one hundred years of growth, Dominion Bridge to AMCA International (Montréal et Toronto, 1982).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell).
Gordon Burr, « DAWES, JAMES PAWLEY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dawes_james_pawley_13F.html.
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Auteur de l'article: | Gordon Burr |
Titre de l'article: | DAWES, JAMES PAWLEY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |