DAVIS, ROBERT, fermier, auteur et patriote, né vers 1800 dans le comté de Cavan (république d’Irlande), fils de Hugh Davis ; il épousa une prénommée Rosina, et ils eurent plusieurs enfants ; décédé en juillet 1838 dans le canton de Malden, Haut-Canada.

En 1819, le fermier irlandais Hugh Davis partit pour l’Amérique du Nord avec sa nombreuse famille. Il s’établit dans le canton de Nissouri, dans le district haut-canadien de London. En 1824, le Conseil exécutif accepta que son fils Robert reçoive une terre à côté de la sienne. Robert réussit assez bien comme fermier, il se maria, éleva une famille et devint, selon les mots de William Proudfoot*, « un fervent méthodiste – un prédicateur ».

L’existence de Robert Davis ne se déroula cependant pas sans conflits. En 1837, par suite de démêlés d’origine inconnue avec les autorités, il comparut avec d’autres devant la Cour des sessions trimestrielles. Déjà réformiste, il dut sortir de cette expérience avec la conviction encore plus profonde qu’une petite clique régentait la province en persécutant ses adversaires et en s’emplissant les poches. Toujours en 1837, soit dans l’année qui suivit un voyage aux États-Unis, il publia The Canadian farmer’s travels [...] dans lequel il énumérait les doléances réformistes. Méthodiste wesleyen, il reprochait à son Église d’accepter des subventions gouvernementales et aux chefs de celle-ci d’avoir fait une alliance avec le lieutenant-gouverneur sir Francis Bond Head* aux élections décisives de 1836. En outre, il comparait les beautés et les avantages économiques de la liberté américaine avec le triste état des affaires haut-canadiennes. Selon lui, si les réformistes voulaient avoir une chance de sortir un jour le Haut-Canada de l’ornière, ils devaient se mettre tout de suite à la tâche. En supposant que Head continue sur sa lancée, poursuivait-il, « les réformistes [...] se réveilleront et se vengeront des torts qu’on leur aura infligés [...] Une fois le lion tiré de son sommeil, qui pourra le rendormir en le berçant ? » De toute évidence, le livre de Davis, dont William Lyon Mackenzie* publia des extraits dans son journal torontois, le Constitution, contribua à créer le sentiment d’urgence et l’atmosphère de crise qui rendirent possibles les rébellions de 1837.

Au cours de l’été de 1837, Mackenzie et ses alliés commencèrent à former des cellules politiques et à préparer un grand congrès réformiste. Dans l’ouest de la province, leur campagne d’organisation déboucha en octobre, sur le rassemblement d’un millier de réformistes près de London. À cette occasion, Davis s’adressa à la foule. Le mois suivant, l’auditoire d’une réunion tenue dans le canton de West Oxford le choisit comme délégué en prévision du congrès.

À la fin de novembre, à Toronto, Mackenzie conclut que le moment était venu de se rebeller. Il organisa en vitesse un soulèvement que les autorités réprimèrent sans peine, mais l’un des correspondants de Davis, Charles Duncombe*, député de la circonscription d’Oxford, entendit dire le contraire. Il résolut donc de rassembler des rebelles près de Brantford pour profiter de la situation et prévenir l’arrestation éventuelle des réformistes locaux. À la mi-décembre, le colonel Allan Napier MacNab* dispersa son groupe.

Peu après, dans le canton de Nissouri, Davis commença à organiser la résistance contre les miliciens de London et des environs, qui cherchaient à « saisir des armes pour le service de la reine ». Bientôt cependant il s’enfuit vers l’ouest, à Detroit, afin d’échapper à la colère des autorités. Selon le greffier du district, John Baptist Askin*, qui le tenait pour un insensé et un poltron « de la pire espèce », on l’aurait libéré sous caution, et non emprisonné, s’il s’était rendu.

À Detroit, Davis rejoignit vite les réfugiés haut-canadiens et les Américains qui se préparaient à défendre la cause de la liberté en envahissant la province. Après avoir volé des armes à la prison municipale, ces patriotes s’assemblèrent le long de la rivière Detroit. Le 6 janvier 1838, ils commencèrent leur « invasion » en tentant de prendre possession de plusieurs îles haut-canadiennes. Peu d’entre eux avaient déjà suivi un entraînement, et Davis, qui n’avait aucune expérience de la navigation, assuma le commandement du Anne jusqu’à ce qu’Edward Alexander Theller* prenne la relève. Toutefois, Theller n’était pas plus qualifié que lui et, le 9, le navire échoua près de la côte du Haut-Canada. Les miliciens du colonel Thomas Radcliff le prirent d’assaut et capturèrent 21 hommes, dont Theller et Davis.

Blessé grièvement par balle à la cuisse et au bras, Robert Davis fut emmené au fort Malden, à Amherstburg. Il y écrivit, dit-on, une lettre à plusieurs patriotes, dont son jeune frère Hugh, pour les convaincre d’abandonner leurs projets d’invasion. En juillet, après des mois d’agonie, il rendit son dernier souffle. Après sa mort, le redoutable colonel John Prince* nota : « c’était un rebelle intelligent et courageux, quoique très désespéré, et il tint bon jusqu’à la fin ». Dans Canada in 1837–38 [], paru en 1841, Theller rendit hommage à son camarade défunt, dont la bravoure avait manifestement imposé le respect à ses ennemis aussi bien qu’à ses amis.

Colin Frederick Read

Robert Davis est l’auteur de : The Canadian farmer’s travels in the United States of America, in which remarks are made on the arbitrary colonial policy practised in Canada, and the free and equal rights, and happy effects of the liberal institutions and astonishing enterprise of the United States (Buffalo, N.Y., 1837).

APC, RG 5, A1 : particulièrement 98408–98411, 98951, 99468, 111098 ; B36, 1–2.— Rebellion of 1837 (Read et Stagg).— E. A. Theller, Canada in 1837–38 [...] (2 vol., Philadelphie et New York, 1841).— Read, Rising in western U.C.— J. J. Talman, « The value of crown lands papers in historical research, with an illustration of their use », SRC Mémoires, 3e sér., 30 (1936), sect. ii : 131–136.

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Colin Frederick Read, « DAVIS, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/davis_robert_7F.html.

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Auteur de l'article:    Colin Frederick Read
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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