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DAVIES, WILLIAM, charcutier et éleveur, né le 23 juin 1831 à Wallingford, Angleterre, fils de Charles Davies et de Rachel Smallbone ; le 21 avril 1853, il épousa Emma Holtby (décédée en 1906), de Reading, Angleterre, et ils eurent 12 enfants, puis le 9 février 1907 à Hamilton, Ontario, Rosa Bessie Talbot ; décédé le 21 mars 1921 à Toronto.
Fils de baptistes et d’ascendance galloise du côté paternel, William Davies quitta l’école dès l’âge de 12 ans pour faire son apprentissage dans le commerce. Dès le début de la vingtaine, il possédait à Reading sa propre entreprise, une épicerie-charcuterie. Après avoir immigré au Canada en 1854 avec sa femme et leur premier enfant, il s’établit dans le commerce des comestibles à Toronto. Il survécut à plusieurs faux départs et revers, passa du commerce de détail au commerce de gros, forma la William Davies and Company en 1857 et prit de l’expansion au point d’exporter du fromage, du beurre et des œufs en Grande-Bretagne. Souvent d’origine américaine, ses produits reflétaient les possibilités d’échanges engendrées par le traité de réciprocité de 1854.
En 1860, à l’exemple de plusieurs marchands torontois de comestibles, Davies commença à expédier en Angleterre des flèches de lard fumé, c’est-à-dire du bacon. Des parents à lui, dans le sud de l’Angleterre, les vendirent au détail et en redemandèrent. Vers 1861, Davies inaugura ce qui, dit-on, était le premier bâtiment au Canada où l’on faisait exclusivement la coupe et le fumage des viandes. Bien résolu à améliorer et à uniformiser sa marchandise, il se mit à acheter des porcs vivants plutôt que des carcasses et, en 1874, il bâtit rue Front, près de l’embouchure de la rivière Don, un vaste édifice qui servirait d’abattoir et de conserverie.
Davies avait tout de l’homme d’affaires individualiste et bourru. À force de travailler et d’économiser, de se soucier de la qualité, d’innover et de réinvestir ses bénéfices, il déclassa les nombreux autres charcutiers et marchands de comestibles qui, en Ontario, tentaient d’exploiter la demande britannique de viande nord-américaine. Il en vint à se spécialiser dans l’exportation de flèches de lard provenant de porcs plus maigres et plus légers, souvent nourris à la pâtée de pois. Il encourageait fortement les agriculteurs ontariens à améliorer leurs troupeaux afin que leurs porcs se distinguent des lourds gorets américains. Comme d’autres charcutiers de l’époque, il constata que des sous-produits tel le saindoux pouvaient rapporter. En outre, il ouvrit plusieurs points de vente à Toronto. En 1876, il expédia des cargaisons de bœuf réfrigéré en Angleterre, mais l’expérience ne fut pas rentable. Alors que le volume annuel de ses exportations de porc se situait à environ 30 000 vers 1875, il dépassa les 80 000 en 1888, ce qui excédait celui de tous les autres exportateurs ontariens réunis. Vers 1885, ses profits nets atteignaient en moyenne 30 000 $ par an. Davies fit aussi œuvre de pionnier en offrant à ses employés un modeste programme d’intéressement aux bénéfices.
Au début des années 1890, comme il était sourd et que ses deux fils aînés (James et William) souffraient de tuberculose, Davies décida de confier la gestion de son entreprise à quelqu’un de l’extérieur. En 1892, il vendit une part de 44 % à un marchand de comestibles chevronné, Joseph Wesley Flavelle*. Celui-ci avait la réputation d’aborder la vie et les affaires avec un esprit consciencieux et un zeste de religion, à peu près comme Davies. L’actif de l’entreprise que Davies avait avec ses fils passa à une nouvelle société, la William Davies Company Limited. Il en assuma la présidence tandis que Flavelle en devenait l’administrateur délégué.
Flavelle était un brillant gestionnaire, la matière première au Canada ne coûtait pas cher et, en Grande-Bretagne, on demandait de plus en plus du bacon maigre de premier choix. L’entreprise connut donc un essor spectaculaire. Dès 1900, l’usine de Davies abattait et exportait près de un demi-million de porcs. Les dividendes touchés par les actionnaires équivalaient presque à un profit annuel de 100 % sur leur capital ; Flavelle et Davies étaient tous deux millionnaires. La William Davies Company Limited était réputée la plus grosse conserverie de porc de l’Empire britannique, et c’est au début du xxe siècle que Toronto acquit le surnom de Hogtown, c’est-à-dire ville du porc.
Pourtant, Davies avait tendance à freiner l’expansion de l’entreprise. Souvent, il résistait aux projets de Flavelle, pour admettre son erreur par la suite. En 1909, Flavelle invoqua des clauses de leur entente de 1892 pour amener Davies à se retirer de la société. Davies garda cependant de forts intérêts minoritaires. En 1919, un de ses petits-fils, Edward Carey Fox, racheta les parts de Flavelle, mais ce fut un échec. En 1927, la compagnie s’intégra à la Canada Packers Limited.
Fervent baptiste toute sa vie, William Davies donna généreusement à des œuvres liées à son Église, notamment la McMaster University à Toronto et le Brandon College au Manitoba. Il soutint également des hôpitaux et des sanatoriums. Lui qui avait fait fortune grâce aux richesses de la terre était un fervent gentleman-farmer. Propriétaire d’une ferme près de Markham puis d’une autre sur le chemin Kingston, dans le canton de Scarborough, il connaissait à fond l’élevage des porcs et des chevaux. Après avoir pris sa retraite en 1909, il s’occupa de ses affaires personnelles et voyagea. Principal pionnier de l’industrie canadienne de la charcuterie, il mourut en 1921. Quelques mois plus tôt, tandis qu’il se soulageait au bord d’une route dans le sud des États-Unis, une chèvre l’avait frappé. Il ne s’était jamais remis de ses blessures.
Quelques papiers de William Davies sont conservés à la Univ. of Western Ontario Library, J. J. Talman Regional Coll., London. La plupart de ces papiers ont été publiés sous le titre Letters of William Davies, Toronto, 1854–1861 (Toronto, 1945), avec une introduction de William Sherwood Fox, petit-fils du sujet. Ces documents comprennent divers articles que Davies a publiés dans des revues d’agriculture sur la nécessité d’améliorer les techniques d’élevage des porcs et sur l’industrie en général, mais n’incluent pas son importante étude personnelle intitulée « The early history and development of Canada’s export bacon trade », Farming World (Toronto), 2 sept. 1901 : 217s. Selon Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912), Davies est aussi l’auteur de « Reminiscences of a pioneer » (1904), mais ce texte n’a pas été trouvé.
L’histoire de la William Davies Company après 1892, et du rôle que Davies y a joué, est racontée dans notre livre intitulé A Canadian millionaire : the life and business times of Sir Joseph Flavelle, bart., 1858–1939 (Toronto, 1978). Un grand nombre des détails concernant l’histoire plus récente de l’entreprise sont tirés de documents conservés dans le fonds [W.] Flavelle aux Queen’s Univ. Arch. (Kingston, Ontario) et dans les papiers de la famille McLean aux AO (F 277, MU 1127). On fait état des activités philanthropiques de Davies dans J. E. Middleton, The municipality of Toronto : a history (3 vol., Toronto et New York, 1923), 3 : 84. [m. b.]
AO, RG 22-305, nº 43081 ; RG 80-5-0-370, nº 21885 ; RG 80-8-0-314, nº 2498 ; RG 80-8-0-802, nº 2663.— Berkshire Record Office (Reading, Angleterre), Wallingford Baptist Chapel (Wallingford), Reg. of births, 23 juin 1831 (mfm).— DBC, dossier William Davies, biographie dactylographiée par W. S. Fox (1961).— General Register Office (Southport, Angleterre), Reg. of marriages, Baptist Meeting House, Kings Road (Reading), 21 avril 1853.— Commemorative biographical record of the county of York [...] (Toronto, 1907), 348s.— Illustrated Toronto, past and present, being an historical and descriptive guide-book [...], J. Timperlake, compil. (Toronto, 1877), 284–286.
Michael Bliss, « DAVIES, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/davies_william_15F.html.
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Auteur de l'article: | Michael Bliss |
Titre de l'article: | DAVIES, WILLIAM |
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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