DAVIDSON, WILLIAM, marchand de bois, constructeur de navires et fonctionnaire, né vers 1740 à Cowford, paroisse de Bellie (Grampian), Écosse, (il reçut à sa naissance le nom de John Godsman), fils de William Godsman et d’une fille de William Davidson ; il épousa Sarah, fille de Phineas Nevers, probablement à Maugerville (Nouveau-Brunswick) entre 1777 et 1779, et ils eurent cinq enfants ; décédé le 17 juin 1790 à Miramichi, Nouveau-Brunswick.

Dans sa jeunesse, John Godsman se livra à la pêche du saumon en Écosse. En 1765, il émigra en Nouvelle-Écosse dans le but d’établir une pêcherie sur une des rivières de la colonie. Il arriva à Halifax, adopta le nom de William Davidson et s’associa à John Cort dont on sait seulement qu’il était originaire de l’Aberdeenshire. Davidson devint le membre dominant de l’association. Les deux hommes visitèrent la région de la rivière Miramichi à l’été de 1765 et, à leur retour à Halifax, firent une demande et reçurent une concession de 100 000 acres (deux tiers à Davidson et un tiers à Cort). Cette concession, qui comprenait une terre faisant partie à l’origine de la seigneurie de Richard Denys* de Fronsac, s’étendait sur 13 milles de chaque côté de la rivière Miramichi, et comportait des droits de pêche et de coupe de bois, y compris du pin blanc. Davidson et Cort avaient l’obligation de défricher la terre, de l’amender et d’y établir un colon protestant à toutes les deux acres. Puisqu’ils s’intéressaient surtout à la pêche, ces stipulations devaient, par la suite, leur causer des ennuis.

Davidson était compétent ; sa situation s’améliora considérablement au cours des dix années qui suivirent malgré un certain nombre de revers. Après avoir reçu sa concession, il alla en Nouvelle-Angleterre pour recruter de la main-d’œuvre et se procurer des approvisionnements ; au printemps de 1766, il arriva à Miramichi avec environ 25 hommes. Les années suivantes, il fit venir d’autres colons et d’autres travailleurs de la Nouvelle-Angleterre et de la Grande-Bretagne. Davidson expédia bientôt du poisson et des fourrures aux Antilles et en Europe. Cependant, la plus grande partie du travail de pêcherie cessait en hiver et les hommes étaient ordinairement désœuvrés pendant plusieurs mois. Davidson, qui s’était vite rendu compte du potentiel qu’offraient les belles futaies de pins le long de la rivière, fournit alors, grâce à la coupe du bois, des emplois à longueur d’année. En 1773, il ramena de Grande-Bretagne un maître de chantier, des charpentiers de navires et autres hommes de métier, et commença la construction du premier bateau jamais construit sur cette rivière, le schooner Miramichi. Celui-ci disparut au large des côtes d’Espagne à son premier voyage ; un second navire, lancé en 1775, fit naufrage au large de la pointe septentrionale de l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard). D’autres cargaisons arrivèrent en Europe sans dommage mais la Révolution américaine allait restreindre les activités maritimes de Davidson.

Quand la guerre éclata, Davidson passa un contrat avec une entreprise britannique, lequel garantissait des débouchés pour son poisson et son bois pendant sept ans. Cependant, toute activité maritime dans les eaux nord-américaines devenait hasardeuse à cause des corsaires américains. En outre, des partisans des rebelles, tel John Allan*, ameutaient les Indiens, et les colons de Miramichi subirent plusieurs incursions. Lorsque l’entreprise qui lui achetait le bois et le poisson mit fin à son commerce en Amérique du Nord, Davidson se retrouva avec des tonnes de bois, sans marché pour l’écouler. Dès 1777, il se découragea et, en novembre, il déménagea dans les terres à Maugerville. Il amena avec lui la plupart de ses ouvriers, laissant John Cort sur place pour surveiller leurs intérêts à Miramichi. Au cours de la guerre, Cort mourut.

En 1779, Davidson rendit visite au lieutenant-gouverneur Richard Hughes* à Halifax ; il lui présenta un projet suivant lequel il livrerait des mâts et des vergues prêts à l’expédition, à l’embouchure de la rivière Saint-Jean. Sa proposition fut encouragée mais Davidson ne reçut aucun appui financier car l’activité des insurgés dans la région rendait l’entreprise risquée. Cependant, en novembre de cette année-là, Michæl Francklin, surintendant des Affaires indiennes, écrivit à Pierre Tomah, chef malécite influent, pour lui demander la protection des Indiens pour Davidson contre les attaques des rebelles. Également, il remit à Davidson des lettres destinées aux magistrats et aux colons établis le long de la rivière leur demandant de prêter leur’ concours au projet et de voir à ce qu’il se continue. Avec ce soutien, Davidson décida de prendre le risque et, ainsi, fonda l’industrie du bois sur la Saint-Jean. Il réussit tellement bien qu’il attira bientôt des concurrents, principalement William Hazen* et James White, qui faisaient partie d’une association commerciale établie à l’embouchure de la rivière depuis 1765. Bientôt Davidson employa dans les bois une grande partie de la population de la région de Maugerville. Grâce à l’appui de celle-ci, il fut élu en 1783 député du comté de Sunbury à la chambre d’Assemblée de la Nouvelle-Écosse.

Vers la fin de la guerre, Davidson décida, apparemment à cause de la concurrence sur la rivière Saint-Jean, de retourner dans la région de la Miramichi. Il devait savoir qu’un grand nombre de Loyalistes réfugiés arriveraient sous peu et demanderaient des concessions sur la Saint-Jean, et il comptait sûrement exploiter le bois de grande valeur qui couvrait une bonne partie de sa propre concession sur la Miramichi. La plupart de ceux qui étaient venus à Maugerville avec lui convinrent de retourner ; en mai 1783, il acheta deux vaisseaux à Halifax, les chargea de vivres et se mit en route pour rétablir son entreprise. À son arrivée à Miramichi, il découvrit que les Indiens avaient détruit toutes ses constructions et ses bateaux de pêche. La réinstallation s’avéra dispendieuse. Il fournit aux colons des vivres et du matériel à crédit, et dépensa quelque £5 000 pour construire des magasins, un chantier naval et une scierie. Il expédia bientôt du poisson, des fourrures et du bois, et, entre 1783 et 1785, il construisit trois vaisseaux. De plus, il poursuivit la production des mâts sur la Saint-Jean par l’intermédiaire d’agents sur place. Cependant, la malchance continuait à harceler Davidson qui perdit plusieurs vaisseaux et cargaisons pendant la période 1783–1785. Il continuait d’encourager la colonisation mais ne faisait venir que les hommes de métier qui pouvaient être employés dans la pêcherie, le chantier naval et la scierie, jusqu’à ce qu’ils s’établissent eux-mêmes sur place. Il essaya aussi de donner de l’essor à son commerce en faisant sortir les navires de la rivière pour aller pêcher la morue.

En 1785, Davidson affronta un nouveau problème. Le gouvernement britannique, qui cherchait à donner un gîte aux milliers de Loyalistes arrivés en Nouvelle-Écosse et dans la nouvelle colonie du Nouveau-Brunswick, n’était plus du tout disposé à accorder de grandes concessions comme celle que Davidson et Cort avaient reçue en 1765. Le gouvernement se mit alors à confisquer les terres qui n’avaient pas été amendées. Davidson demanda deux ans pour remplir les conditions de sa concession mais sa requête fut refusée. D’après une enquête, 30 colons seulement s’étaient effectivement établis sur sa concession. Les travailleurs de Davidson, 50 environ, n’étaient pas comptés tant qu’ils ne possédaient pas de propriété. Sa concession fut donc confisquée ; il en reçut une plus petite de 14 540 acres qui comprenait les améliorations qu’il avait apportées, ses magasins, son chantier naval et l’emplacement de sa scierie.

Dès 1785, l’organisation de la nouvelle colonie du Nouveau-Brunswick était amorcée, et Davidson devint l’un des premiers juges de paix du comté de Northumberland. Cette année-là, lors des premières élections du Nouveau-Brunswick, Davidson et Elias Hardy, avocat de Saint-Jean, furent élus députés du comté à l’Assemblée provinciale. Davidson, le seul candidat local, avait appuyé Hardy contre deux candidats du gouvernement. Il n’appréciait guère la hiérarchie loyaliste, responsable de la confiscation de son ancienne concession, ni le gouvernement que cette hiérarchie dominait. Comme Hardy était le principal adversaire de cette hiérarchie à Saint-Jean, il fallait donc s’attendre que Davidson, hostile à ce que les Loyalistes essayent de prolonger leur influence dans le comté de Northumberland, l’aidât. Benjamin Marston, shérif du comté, avait tenté de s’assurer l’élection des candidats du gouvernement, et il qualifiait Davidson d’ « ignorant, de rusé [...] qui exerce une grande influence sur les gens d’ici dont un grand nombre occupe un lopin de sa terre, et bien d’autres sont marchands et travailleurs à son emploi ».

Même s’il avait perdu une bonne partie de sa terre, Davidson continua de faire venir des colons. Il vendit 11 lots entre 1785 et 1787. Il emprunta de grosses sommes à Halifax et hypothéqua ses biens pour agrandir son commerce. Il passa plusieurs contrats avec William Forsyth* and Company de Greenock, Écosse, et de Halifax, dont celui de 1789 par lequel il s’engageait à fournir à cette compagnie des mâts et des vergues destinés à la marine britannique. Il trouva des marchés pour son poisson en Europe et aux Antilles et, en 1789, il avait trois scieries en activité et suffisamment de contrats pour écouler toute sa production de bois. Et pourtant, la malchance était encore à ses trousses. En février 1790, alors qu’il remontait la rivière en raquettes, il se trouva pris dans une terrible tempête qui l’obligea à chercher refuge dans une meule de foin. Il faillit mourir de froid et ne se remit jamais de l’aventure. Il mourut quatre mois plus tard à l’âge de 50 ans.

Davidson fit preuve d’une grande clairvoyance et d’une énergie impressionnante. Il fonda la première colonie anglophone dans le nord du Nouveau-Brunswick, mit sur pied une industrie de pêche beaucoup mieux organisée que celle que les Acadiens avaient établie plus tôt et fut le principal fondateur de l’industrie du bois sur les rivières Miramichi et Saint-Jean.

W. A. Spray

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W. A. Spray, « DAVIDSON, WILLIAM (John Godsman) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/davidson_william_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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