DAVANNE, MARGUERITE, dite de Saint-Louis de Gonzague, ursuline et supérieure, née le 3 octobre 1719 à Paris, fille de Louis Davanne, marchand, et de Marguerite Germain ; décédée le 23 mars 1802 à Québec.
Marguerite Davanne, venue dans la colonie avec ses parents, étudia au pensionnat des ursulines de Québec avant d’entrer au noviciat en 1737. Une somme d’environ 1 900#, prise à même une fondation, constitua la dot que sa mère ne pouvait lui verser. Son père était venu en Nouvelle-France à la suite de difficultés financières mais, sa situation ne s’améliorant pas, il avait dû s’exiler à nouveau, cette fois en Inde, dans l’espoir de refaire sa fortune. Il était disparu sans laisser de traces. La mère de Marguerite était retournée en France et, croyant son époux mort, elle s’était remariée après quelques années. La situation tourna au tragique lorsque le père de Marguerite ressurgit ; dans sa colère, il fit interner à perpétuité son épouse dans un couvent. Lorsque Marguerite apprit cette nouvelle, elle s’évanouit. Selon les Annales, « la jeune novice aux cheveux noirs d’ébène avait le lendemain la chevelure aussi blanche que la neige ».
Marguerite prit le nom de Saint-Louis de Gonzague à la vêture le 21 janvier 1738. Elle fit profession deux ans plus tard, le 4 février 1740, puis elle devint maîtresse des pensionnaires. Lors du siège de la ville de Québec en 1759, elle comptait parmi les dix religieuses qui gardèrent le monastère du 13 juillet au 13 septembre, tandis que les autres membres de la communauté s’étaient réfugiées à l’Hôpital Général, à l’abri des bombes. Puis le 21 septembre, les religieuses revinrent à leur monastère que la guerre avait rendu inhabitable. La supérieure de la communauté, Marie-Anne Migeon* de Branssat, dite de la Nativité, reçut du gouverneur Murray*, qui voulait lui confier une partie de ses soldats blessés, l’aide financière nécessaire à leur entretien et aux réparations indispensables du monastère.
En 1766, Marguerite de Saint-Louis de Gonzague, qui possédait « un naturel heureux, l’esprit et le jugement solides, un caractère doux et bienfaisant », remplaça Esther Wheelwright*, dite de l’Enfant-Jésus, au poste de supérieure de la communauté. Son triennat terminé, elle occupa la charge de zélatrice (conseillère) de 1769 à 1772, puis elle remplit un second mandat comme supérieure de 1772 à 1778. Cette année-là, elle fut élue dépositaire (économe) de la communauté et, en 1781, elle accéda à son troisième supériorat. Durant toute cette période, la communauté, appauvrie par la guerre de la Conquête, ne reçut plus aucun secours de la France. Les ursulines procédèrent aux réparations urgentes, auxquelles Mgr Briand*, évêque de Québec, contribua par ses aumônes. Aux problèmes financiers de la communauté s’ajoutèrent ceux du recrutement des novices et de l’insuffisance du personnel. En 1776, par exemple, la communauté se plaignait que « les filles [n’avaient] pas grand goût pour la religion », et les ursulines durent renvoyer les élèves externes, faute de religieuses pour les instruire. En 1787, l’épouse du gouverneur, lord Dorchester [Guy Carleton], demanda des leçons de français pour sa fille aînée et obtint, de Mgr Briand, la permission d’assister elle-même à ces leçons données par Marguerite de Saint-Louis de Gonzague, qui achevait son dernier mandat de supérieure.
Le 4 février 1790, Marguerite de Saint-Louis de Gonzague, qui occupait alors les charges de maîtresse des novices et d’assistante de la supérieure, célébra son jubilé d’or. Malgré son âge et sa mauvaise santé, elle poursuivit son activité. Elle exerça de nouveau les fonctions de zélatrice en 1796 et 1797, puis celles d’assistante jusqu’en 1799. Cette année-là, le 16 décembre, elle fut libérée de toute charge officielle. Toutefois, les discrètes (conseillères) tenaient aux avis de cette religieuse expérimentée. Aussi, la nouvelle supérieure, Marguerite Marchand, dite de Sainte-Ursule, considérant les longs et importants services de Marguerite de Saint-Louis de Gonzague, obtint de Mgr Denaut une ordonnance épiscopale qui dérogeait aux constitutions du monastère en permettant à Marguerite de Saint-Louis de Gonzague d’assister, à titre de huitième conseillère, à chaque assemblée du conseil de la communauté. Marguerite de Saint-Louis de Gonzague, que l’on disait « très exacte à tous ses devoirs, zélée pour la régularité, active et infatigable au travail, même dans ses dernières années », assista aux réunions jusqu’à sa mort, le 23 mars 1802.
AAQ, 12 A, D : f.22v.— Arch. du monastère des ursulines (Québec), Actes d’élection des supérieures ; Actes de professions et de sépultures, 1 ; Actes des assemblées capitulaires, 1 ; Annales, I ; Conclusions des assemblées des discrètes, 1 ; Reg. des entrées, vêtures, professions et décès des religieuses, 1.— [Catherine Burke, dite de Saint-Thomas], Les ursulines de Québec, depuis leur établissement jusqu’à nos jours (4 vol., Québec, 1863–1866).— [Joséphine Holmes, dite de Sainte-Croix], Glimpses of the monastery, scenes from the history of the Ursulines of Quebec during two hundred years, 1639–1839 [...] (2e éd., Québec, 1897).
Gabrielle Lapointe, « DAVANNE, MARGUERITE, dite de Saint-Louis de Gonzague », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/davanne_marguerite_5F.html.
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Auteur de l'article: | Gabrielle Lapointe |
Titre de l'article: | DAVANNE, MARGUERITE, dite de Saint-Louis de Gonzague |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |