DAUDIN (d’Audin, Dandin, Daudier), HENRI, prêtre, missionnaire, né en France dans le diocèse de Blois vers 1709 et décédé à Paris en août 1756.

Henri Daudin est un ouvrier de la dernière heure en Acadie anglaise. En avril 1753, le gouvernement français est à la recherche d’un prêtre habile, capable d’exécuter la délicate mission d’inciter les Acadiens à émigrer en Acadie française (la région de Moncton d’aujourd’hui) sans inquiéter les autorités de la Nouvelle-Écosse. Sur la recommandation de l’abbé Jean-Louis Le Loutre*, avec qui Daudin a fait ses études au séminaire du Saint-Esprit à Paris, l’abbé de l’Isle-Dieu, vicaire général des colonies françaises, choisit Daudin et le décrit comme un « homme fait et formé, qui a de la prudence, de l’esprit et de l’expérience ». Daudin doit quitter pour cette mission une riche paroisse du diocèse de Sens.

En octobre 1753, Daudin arrive donc en Acadie où le gouverneur Peregrine Thomas Hopson lui ménage une réception cordiale. À peine installé dans sa paroisse de Pisiquid (Windsor, N.-É.), le missionnaire se préoccupe de l’émigration acadienne et, à cette fin, il entreprend d’inciter les Acadiens à demander des permissions en vue de « visites » dans l’isthme de Chignectou. Par ailleurs, il informe les autorités de Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), et l’abbé de l’Isle-Dieu que les Anglais « feront toutes dépenses [...] pour ne point laisser manquer de prêtres aux Acadiens » et « qu’on s’adressera au Pape ». Ce projet, qui vise à garder les Acadiens en Acadie anglaise l’inquiète beaucoup. Aussi cherche-t-il à obtenir le rappel de l’abbé Jean-Baptiste de Gay Desenclaves, curé d’Annapolis Royal, N.-É., qu’il juge trop favorable à la politique anglaise. Après le départ de ce dernier pour Pobomcoup (Pubnico, N.-É.), en avril 1754, Daudin devient curé d’Annapolis. Selon les instructions reçues, il se tient en correspondance avec l’abbé Le Loutre qui demeure l’âme de la résistance acadienne. Quelques-unes de ses lettres sont interceptées et communiquées à Halifax. En effet, au fort Beauséjour (près de Sackville, N.-B.), un commis subalterne, Thomas Pichon*, fait de l’espionnage pour les Anglais et transmet beaucoup de renseignements aux autorités anglaises. Devenu suspect, Daudin est arrêté aux premiers jours d’octobre 1754 avec quatre de ses paroissiens. Sur la promesse formelle qu’il changera sa conduite, il réussit cependant à obtenir sa libération et reprend son poste à Annapolis le 21 octobre suivant.

En 1755, l’abbé de l’Isle-Dieu tente d’obtenir que Daudin soit nommé grand vicaire pour l’Acadie anglaise. Mais en Acadie les événements se précipitent : la décision est prise en juillet 1755 de déporter les Acadiens [V. Charles Lawrence] et, le 6 août, Daudin est arrêté alors qu’il dit la messe ; il est emprisonné au fort Edward (Windsor, N.-É.), puis conduit à Halifax quelques jours plus tard, avec ses confrères Chauvreulx et Lemaire, dans un grand déploiement d’armes et de soldats. À leur arrivée dans la capitale, les missionnaires sont exposés durant trois quarts d’heure à la population. Il semble que les détails de ces événements nous soient parvenus grâce à un récit de Daudin lui-même. Une allusion de l’abbé de l’Isle-Dieu dans une lettre du 28 mars 1756, laisse supposer l’existence d’un tel récit, qui serait celui-là même que H.-R. Casgrain* a publié dans Un pèlerinage au pays dÉvangéline. Les trois missionnaires sont ensuite déportés en Angleterre, à Portsmouth, d’où on les autorise à noliser un navire qui les ramènerait en France.

Après son retour en France le 8 décembre 1755, Daudin reconduit Chauvreulx à Orléans et revient à Paris d’où il se prépare à retourner en Acadie. En mars 1756, l’abbé de l’Isle-Dieu le présente à l’archevêque de Paris. II meurt subitement, en août de la même année, au moment où il se dispose à repasser en Acadie. Sa mort modifie les plans de l’abbé de l’Isle-Dieu qui, n’ayant aucun autre candidat pour les missions d’Amérique, se voit forcé, pour ainsi dire, de renoncer à une politique de résistance en Acadie.

Micheline D. Johnson

AN, Col., B, 104, ff.172v., 333 ; Col., C11B, 33, ff.242, 341–343.— APC, MG 18, F12.— ASQ, Polygraphie, VII : 5.— Coll. doc. inédits Canada et Amérique, I : 1216, 4146 ; II : 1075 ; III : 6080, 181191.— Derniers jours de lAcadie (Du Boscq de Beaumont), 73, 132.— Knox, Historical journal (Doughty), III : 341348.— Lettres et mémoires de l’abbé de l’Isle-Dieu, RAPQ, 19351936, 378s., 381, 383 ; 19361937, 357, 404s., 416, 421s., 425, 453 ; 19371938, 168s., 172s., 185.— N.S. Archives, I, 202, 210, 221223, 226s., 229, 235, 239, 282s.— RAC, 1905, II, iiie partie, 346356, 409420.— Le Jeune, Dictionnaire.— Tanguay, Répertoire, 109 (Tanguay fait erreur sur la personne de Daudin et le confond avec un autre missionnaire que nous n’avons pu identifier.  [m. d. j.]).— Casgrain, Un pèlerinage au pays dÉvangéline, 137144 ; Les Sulpiciens en Acadie, 410417.— Gosselin, LÉglise du Canada jusquà la conquête, III : 361, 366, 375, 431.— Richard,Acadie (D’Arles), II : 349, 369375.— Albert David, Les Spiritains en Acadie, BRH, XXXV (1929) : 461463.

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Micheline D. Johnson, « DAUDIN (d’Audin, Dandin, Daudier), HENRI », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/daudin_henri_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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