DART, ELIZABETH (Eynon), prédicatrice de l’Église Bible Christian, née en avril 1792 à Marhamchurch, Angleterre ; le 18 mars 1833, elle épousa John Hicks Eynon*, et ils eurent une fille qui mourut à sa naissance ; décédée le 13 janvier 1857 à Little Britain, Haut-Canada.
On a dit d’Elizabeth Dart qu’elle avait été la meilleure missionnaire envoyée par sa secte au Canada. Ses parents, qui appartenaient à l’Église d’Angleterre, n’étaient pas très religieux. Sa mère invalide lui parlait parfois de « choses spirituelles » ; quant à son père, il s’intéressait davantage à ses récoltes et à son bétail. Enfant, elle lisait la Bible et, à certains moments, elle pensait tellement au Christ qu’elle le voyait sur la croix. En 1811, à l’âge de 19 ans, elle adhéra à l’Église méthodiste wesleyenne, mais, quatre ans plus tard, elle faisait partie d’un groupe de 22 hommes et femmes qui se réunit dans une maison de ferme à Shebbear, le 9 octobre, afin de former une nouvelle secte que l’on appela plus tard l’Église Bible Christian. En 1816, elle devint la première des prédicateurs itinérants de cette secte, sous l’autorité de son fondateur, William O’Bryan. En 1819, on en comptait 29, soit 15 hommes et 14 femmes.
Elizabeth Dart avait déjà parlé en public avant la création de cette Église, mais, comme la plupart des femmes qui devenaient prédicatrices au xixe siècle, elle commença sa carrière à contrecœur et avec beaucoup d’hésitation. Au début, le seul fait de diriger la prière lui était pénible, mais, comme elle était efficace, elle persista. Il lui arriva souvent de prêcher trois fois le dimanche et une fois chaque jour de la semaine, sauf le samedi. Elle prêchait à la populace et elle recevait des neufs pourris. Certains jours, elle franchissait jusqu’à 14 milles à pied. À Bristol, elle commença à former une congrégation, et c’est à elle qu’est dû le succès remporté par ce mouvement religieux au pays de Galles, même si elle voyagea surtout aux environs du Devon et de la Cornouailles. Prédicatrice remarquable, elle était intelligente et aimait les livres. Elle jouissait de l’estime de son entourage et l’on disait qu’elle avait une « simplicité de caractère, un comportement original et un pouvoir de compassion ».
En mars 1833, Elizabeth Dart épousa le prédicateur itinérant John Hicks Eynon qu’elle avait converti neuf ans plus tôt par sa prédication à Redbrook, dans le pays de Galles. Au mois de mai, en tant que missionnaires envoyés dans le Haut-Canada, tous deux s’embarquèrent sur le petit brick Dalusia avec six autres colons et, après une pénible traversée de 42 jours, ils atteignirent Québec le 17 juin. Le 6 juillet, ils arrivèrent à Cobourg où un certain nombre d’immigrants venant des régions du sud-ouest de l’Angleterre s’étaient établis, et ils commencèrent immédiatement à exercer leur ministère. Parmi les collègues qui se joignirent plus tard à eux dans le Haut-Canada, il y avait Philip James et Ann Robins [Vickery].
Elizabeth Eynon prononça son premier sermon à Cobourg le 10 juillet, et plus tard le même mois elle entreprit seule un voyage de 45 milles pour se rendre dans le canton de Whitby afin de prêcher dans une vaste grange construite dans un bois. Les deux époux partaient souvent chacun de leur côté pour effectuer une tournée de 200 milles. Ils prêchaient alors dans les champs, les bois, les maisons et les écoles. Elizabeth Eynon faisait le trajet à pied ou dans une voiture tirée par un cheval. Elle prit part à d’interminables réunions d’hiver, dont l’une, qui eut lieu à Cobourg en 1838, se prolongea durant quatre semaines, et à d’autres du même genre à Bowmanville en 1840 et en 1842. À l’été de 1842, elle prêcha aussi à des réunions tenues en plein air à Bowmanville et à Peterborough, ainsi qu’à un revival dans le canton de Dummer. Lorsqu’elle accomplissait son travail de missionnaire, elle éprouvait un sentiment de crainte et d’insuffisance, mais elle mettait sa confiance dans la toute-puissance du Seigneur. « Je marchai, écrit-elle, près de six milles à travers bois ; en entrant dans la forêt, j’eus l’impression que la peur allait m’envahir ; mais, après avoir marché une certaine distance, je n’avais plus la moindre angoisse et mon âme était tellement remplie du ciel et de Dieu que je ne ressentais que de la joie et de l’amour [...] Je dirais en vérité que j’étais en communion avec le Père, le Fils et l’Esprit. » Elle était sensible à son environnement, notant dans son journal la beauté des bois et des eaux : « Je me délecte à regarder, d’une part, les arbres qui étalent leur beauté en un si grand nombre de nuances de vert et, d’autre part, le grand lac qui baigne Cobourg et qui déploie son immensité. Ces choses me portent à réfléchir sur la toute-puissance de Dieu et à leur précieuse utilité : le bois pour faire le feu qui communique la chaleur dans ce climat glacial, et l’eau pour la navigation qui apporte les nécessités de la vie aux habitants de ses rives. »
Le mari d’Elizabeth Eynon souffrait des longs voyages, des chauds étés et des hivers rigoureux, et, lorsqu’il fut cloué au lit plusieurs mois en 1839, elle dut, en plus de son ministère, se charger de celui d’Eynon. Exténués par leur labeur missionnaire, ils retournèrent tous deux en Angleterre en 1848, où ils restèrent un an. Durant sa jeunesse, Elizabeth Eynon avait été affligée d’une mauvaise santé, et elle fut asthmatique les 20 dernières années de sa vie. Malgré tout, elle continua jusqu’à sa mort, en 1857, à mener une vie active dans la congrégation de Cobourg.
Les journaux et les lettres d’Elizabeth Dart ont été publiés de son vivant avec ceux des autres missionnaires de l’Église Bible Christian dans le Bible Christian Magazine (Shebbear, Angl.), 12 (1833)–36 (1857). Des extraits des journaux constituent la majeure partie d’une biographie anonyme, « Delayed but not forgotten : Elizabeth Dart Eynon »qui parut dans un organe de l’Église Bible Christian du Canada, l’Observer (Bowmanville, Ontario), 28 mars–9 mai, 23, 30 mai, 25 juill., et 1er août 1883.
Bethesda Cemetery (Bowmanville), Pierre tombale de John Eynon et d’Elizabeth Dart Eynon.— UCA, Bible Christian Church in Canada, minutes of the eiders’ meetings, Cobourg, 1849–1855 (mfm).— Bible Christian Church in Canada, Minutes of the annual conference (Bowmanville), 1876–1883.— Bible Christians, Minutes of the annual conference (Stoke Damerel, Angl.), 1819.— Canadian Statesman (Bowmanville), 22 janv. 1857.— Cobourg Star, 3 juill. 1833.— F. W. Bourne, Bible Christians ; their origins and history, 1815–1900 ([Londres], 1905).— William Luke, The Bible Christians : their origins, constitution, doctrines, and history (Londres, 1878).— Methodist Church of Canada, General Conference, Centennial of Canadian Methodism (Toronto, 1891).— Canadian Statesman, 24 mars, 4 avril 1888.— W. Kenner, « Memoir of Rev. J. H. Eynon », West Durham News (Bowmanville), 20 avril 1888 : 1.— Elizabeth Muir, « Petticoats in the pulpit : three early Canadian Methodist women », Canadian Soc. of Church Hist., Papers (Toronto), 1984.— West Durham News, 23 mars 1888.
Elizabeth Muir, « DART, ELIZABETH (Eynon) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dart_elizabeth_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
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